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Pietro De Maria, le clavier bien expliqué

INTERVIEW – Le pianiste italien est l’une des têtes d’affiche du festival l’Esprit du piano.
Après une magnifique ouverture avec les « Variations Goldberg » de J.S. Bach par la chinoise Zhu Xiao Mei, la quatrième édition du festival l’Esprit du piano invite Pietro de Maria à jouer les deux cahiers du « Clavier bien tempéré », autre chef-d’œuvre de Bach. Rencontre avec le pianiste italien.
Après Chopin, vous vous consacrez à Bach, pourquoi ?
P.D.M. : Après avoir entrepris de jouer et d’enregistrer l’intégrale de la musique pour piano de Chopin (Decca), j’ai eu besoin d’un univers complètement différent. Après des années de romantisme, mon âme avait besoin d’air frais… mais je n’envisage pas de faire l’intégrale J.S. Bach (rires). Il y a néanmoins un lien entre ces deux compositeurs : Frédéric Chopin adorait la musique de Bach et il travaillait « Le clavier bien tempéré » avant de monter sur scène. Comme son aîné, Chopin utilisait beaucoup le contrepoint et l’ornementation. Sa première étude de l’opus 10 est « la fille » du premier prélude du « Clavier bien tempéré ». Chopin était sans doute le plus baroque des romantiques.
Vous interprétez Bach sur un piano moderne. Que retenez-vous des traditions d’interprétation ?
Je prends en compte cette histoire de l’interprétation. J’ai lu les traités écrits par Carl-Philipp Emmanuel Bach (le fils de Johann-Sebastian, ndrl) et Couperin. Cela dit, il n’y a pas d’instrument idéal pour jouer « Le clavier bien tempéré », car Bach ne l’a pas composé pour un instrument en particulier : clavecin ? Clavicorde ? Orgue ? Dans la Suite n°4, Bach utilise une polyphonie à cinq voix, comme dans ses œuvres vocales, Cantates et Passions. Finalement il faudrait avoir sur scène ces trois instruments et un choeur !
Utilisez-vous la pédale ? C’est un sujet presque tabou pour ce répertoire.
Ce n’est pas un tabou pour moi. Si on abuse, on va au détriment de la clarté polyphonique, mais étant donné qu’il y a des préludes écrits pour l’orgue, il ne me semble pas incongru d’utiliser un peu de pédale. C’est surtout pour enrichir le son afin de remplir une grande salle comme l’auditorium de Bordeaux.
Pourquoi « Le clavier bien tempéré » est-il un monument de la musique classique ?
Pour des raisons musicologiques d’abord. Il marque le passage à douze notes de tempérament égal (la division de la gamme en douze demi-tons de taille équivalente, ndlr). On fait coïncider le do dièse avec le ré bémol. Il n’est pas le premier à écrire sur les tonalités, mais il est le premier à écrire de la « vraie » musique. Bach donne un caractère pour chaque tonalité, une variété de tempéraments : élégiaque, martial, virtuose, vocal, dramatique, méditatif, etc. « Le clavier bien tempéré » est à mes yeux encore plus mystique que les « Variations Goldberg », ne serait-ce parce qu’il est moins fréquemment joué dans sa totalité en récital. Pour l’interprète, cela exige une grande concentration. C’est fatigant mais payant car on ne connait jamais mieux Bach que lorsqu’on joue les 24 préludes et les 24 fugues. Pour l’auditeur, c’est un incroyable voyage.
Samedi 16 novembre, 20 h, Auditorium, 9 cours G. Clemenceau. 8 à 35 €. 05 56 00 85 95. Festival Esprit du piano jusqu’au 19 novembre dans différents lieux de la CUB.
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