INTERVIEW – Ce pianiste classique est boulimique de musique, de travail, de découverte. Bertrand Chamayou, 32 ans, donne plus d’une centaine concerts par an, dans le monde. Il sort un nouvel album consacré à Schubert. Son toucher bouleversant de clarté et les oeuvres qu’il a choisies révèlent un artiste profond et accueillant.
Est-ce utile de sortir un disque classique au XXIe siècle ?
Enfant, je ne possédais que quelques partitions, CD et livres : c’était mon trésor. Je n’avais pas cette bibliothèque géante qu’est internet. On y trouve même des oeuvres rares, et très bien jouées ! Cela induit une approche différente de la culture. Beaucoup de disques sont édités, trop sans doute. J’essaye de ne pas jouer ce jeu : cet album n’est que mon cinquième. Un disque est une ambiance, une image de ce que je suis aujourd’hui, le résultat d’un cheminement, un lien avec mon public.
Comment avez-vous choisi Schubert ?
Avec difficulté : j’aime beaucoup de choses, dans la vie en général et dans la musique forcément ! Le choix est intuitif. Je ne suis pas croyant mais je me laisse porter par les signes. C’est ainsi que je construit ma carrière. En dehors de la préparation des concerts, j’aborde le piano comme un amateur : je fouine dans ma bibliothèque et je déchiffre. J’ai retrouvé une vieille partition, la Wanderer fantaisie, que j’ai depuis mes dix ans… Enfant, je dévorais autant de musique que de BD ! Tout y passait : « Vingt regards sur l’enfant Jésus » de Messiaen ou l’intégrale des sonates de Beethoven, je cherchais des Everest pianistiques, sans pouvoir les interpréter vraiment. La Wanderer est devenu le pilier de ce disque et je me suis inspiré des Schubertiades, ces réunions entre amis qu’il organisait.
Quelle idée vous faites-vous de ces Schubertiades ?
… une vision sérieuse, très musicale, alors que la réalité était surement plus légère, plus dansante, plus arrosée surtout ! J’imagine un programme informel où se côtoyaient de la musique de chambre, des Lieder (mélodies accompagnées au piano, ndlr), des pièces pour piano seul… Pour ce disque, j’ai sélectionné des Lieder transcrits par Liszt, des Impromptus, deux Ländler (inspirées par des thèmes folkloriques), une valse, etc.
Quel portrait de Schubert voulez-vous dessiner ?C’est un personnage très mystérieux : mélancolique, timide, pas de vie amoureuse, pas de chez lui – quand il n’était pas à l’hôpital, il était hébergé chez des amis – … l’horreur ! De sa musique, on connait le mouvement lent du Quintette, les extraits du film Barry Lindon qui font de Schubert le compositeur de la mélancolie ! Il n’y a pas que cela : il y a aussi de l’amertume, de la résignation, la nostalgie, une réflexion sur le passage du temps.
Votre atout est la clarté de jeu…
Je suis obsédé par la clarté ! Je cherche toujours la lumière, tout m’y ramène.
Etes-vous un hyperactif ?
(Rires) J’ai du mal à faire des choix. Je joue sur piano moderne et sur piano ancien. Je vais prendre des cours de clavecin, et peut-être d’orgue. Je travaille avec des jazzmen, et des musiciens de variété… Rien n’est public, tant que cela ne mérite pas d’être entendu ! Oui, je fais trop de concerts mais je ne m’en plains pas. Jusqu’ici, j’ai toujours pris plaisir à monter sur scène. Je songe à ralentir pour nourrir d’autres projets.
Quels sont ces projets ?
La composition ! C’était mon premier désir, enfant, un désir que je n’ai pas encore pu pleinement réaliser. J’ai pris un peu de recul vis-à-vis de ma carrière : il me faut compléter cette vie par un aspect créatif.
Est-ce un problème physique qui vous a conduit à prendre ce recul ?
Oui. J’ai connu un début de dystonie ou « crampe du musicien », un trouble neurologique très handicapant. Vers 2008, ma carrière était en expansion absolue. D’un coup, je ne pouvais plus jouer. J’ai annulé six mois de concerts, parfois des programmes faciles. J’ai pris la maladie comme une punition, j’ai rejeté la vie de concertiste, j’ai fait de la dépression… mais pas trop longtemps ! Je suis d’un naturel optimiste. J’ai fait un énorme travail sur moi, une remise à plat de mon approche pianistique. La dystonie s’est dissipée peu à peu, en 2011, où j’ai été élu « Artiste instrumental de l’année » aux Victoires de la Musique. Finalement, ce fut salutaire, l’une des meilleures périodes de ma vie !
Wanderer, Bertrand Chamayou, Erato. Le disque est « coup de coeur » de France Musique et de RTL.
En concert : le 7 février à Paris, le 9 mars à Bordeaux, le 7 avril à La Rochelle
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