INTERVIEW –
Les oiseaux n’ont plus de secret pour cette jeune pianiste qui vient de publier un excellent disque consacré à la musique d’Olivier Messiaen et plus particulièrement à ses transcriptions des chants des oiseaux. De manière chronologique, Marie Vermeulin choisit d’associer dans cet enregistrement les «Huit préludes», deux des «Vingt regards sur l’Enfant-Jésus» puis les «Six petites esquisses d’oiseaux». Son approche est celui d’une artiste appartenant à une génération qui n’a connu ni Olivier Messiaen, ni Yvonne Loriod, et c’est en cela que ce disque est intéressant, en plus d’être beau : il donne une lecture nouvelle, plus jeune de l’œuvre du compositeur français. Rencontre.
Comment avec vous rencontré à la musique de Messiaen ?
M.V. : J’ai travaillé avec Roger Muraro au Conservatoire national supérieur (CNSMD) de Lyon qui m’a fait découvrir les « Petites pièces des oiseaux ». Roger Muraro a connu Olivier Messiaen et Yvonne Loriod (l’épouse du compositeur et la pianiste qui a créé ces pièces, ndlr). Il était un peu leur fils spirituel et, de manière indirecte, il m’a transmis cet héritage, un avantage indiscutable car Roger Muraro m’a donné des clefs sans jamais imposer son interprétation. Puis j’ai remporté le Concours international Olivier Messiaen en 2007, qui reste pour le moment la dernière édition. Je participe depuis au festival « Messiaen au pays de la Meije ».
Cette musique est très liée aux années 1960-1970. En quoi touche-t-elle la jeune femme du XXIe siècle que vous êtes ?
M.V. : J’aime sa richesse. La musique de Messiaen apporte beaucoup aux musiciens car elle permet d’exploiter des sonorités différentes, des couleurs. Avec ces musiques des oiseaux, l’interprète doit faire appel à son imaginaire. Messiaen signe un langage nouveau qui n’allait pas dans la lignée de l’avant-garde, une écriture qui reste très novatrice pour le piano, tant d’un point de vue rythmique que technique. On y joue des accords parfaits et d’autres d’un sérialisme parfois intégral. Messiaen s’inscrit dans la lignée des symbolistes dans vouloir être enfermé par le langage moderne, au sens de Pierre Boulez.
Les compositeurs de toutes les époques ont cherché à imiter la nature, en quoi Messiaen réussit-il un exploit avec son écriture des chants d’oiseaux ?
M.V. : Jusque-là, copier le chant des oiseaux était assujetti au style harmonique, à la tonalité. On peut s’en dégager avec le quart de ton. Il faut de toute façon transporter les textes dans le grave car le piano n’a pas assez d’aigus. Messiaen contrebalance cette modernité en intégrant des éléments de « décor », des bruits de mer par exemple, plus harmonisés.
Messiaen, Préludes, Regards et Esquisses, Marie Vermeulin – Paraty / Distribution Harmonia Mundi.
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