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Nicolas Dautricourt, l’as du violon

PORTRAIT – Avec le violon Stradivarius prêté par Bernard Magrez, Nicolas Dautricourt parcourt le monde et mène une vie d’artiste, une drôle de vie.

« Tout ce que je vis est un rêve. C’est c… mais c’est vrai ». Nicolas Dautricourt ne rentre pas dans le cliché du musicien classique solitaire, introverti et obsédé par sa musique. Corps énergique, regard profond et franc parler, ce violoniste de 41 ans vit sa vie au rythme « agitato ». Il se produit en Corée comme en Suède, et régulièrement à Bordeaux, à l’Institut Bernard Magrez qui lui a prêté le violon Stradivarius qu’il joue. « J’ai la chance de voyager six mois par an. La première fois, j’étais étudiant au Conservatoire supérieur de Musique de Paris et c’était un voyage en Turquie. Là j’ai compris ce que serait ma vie ! »

Nicolas Dautricourt a 19 ans quand il sort de la prestigieuse institution, l’équivalent d’une grande école pour la musique. 19 ans… et il a déjà fait le plus gros du travail : devenir un as du violon. « Peu de mes copains de classe ont fait carrière. Ce n’est un secret pour personne : le parcours pour devenir musicien professionnel est une pyramide. Plus on monte, moins il y a de place. On s’essouffle rapidement. »

90% de ces musiciens de très haut niveau trouveront une place en orchestre. Quelques uns deviendront « solistes », une place qui demande force de caractère et capacité à se vendre. « C’est très exigeant car il faut proposer des concerts, séduire des orchestres, des programmateurs. Pendant dix ans, j’ai travaillé seul, puis j’ai pris un agent. » Concerto avec un orchestre coréen, duo avec piano à la salle Gaveau à Paris, trio au festival Chopin, récital aux Folles Journées de Tokyo : le soliste n’est pas vraiment seul ! Son travail est cependant marqué par l’indépendance, qui file d’un concert l’autre, un « Lucky Luke » avec un violon. Pour assumer cette vie de cowboy solitaire, Nicolas Dautricourt fait preuve d’un optimisme confondant : « Rien ne me manque. Je n’ai pas fait de projection de carrière. Je ne me suis jamais dit « si je ne joue pas avec cet orchestre, ma carrière est ratée ». De telles pensées peuvent rendre malheureux. Je continue à me dire « quelle chance »… »

La fausse note
La vie d’un violoniste classique n’est pas tranquille : un travail régulier intense, du sport pour garder la forme, la fatigue des voyages, la montée sur scène angoissante, la peur d’échouer omniprésente. « La fausse note est très grave, extrêmement grave, témoigne Nicolas avec emphase. Pas pour l’enjeu, mais parce que l’on a donné tellement pour que la fausse note n’arrive pas… que c’en est rageant ! ». Dans les moments de virtuosité, le violoniste est souvent « proche de la rupture », explique-t-il en mimant avec sa main gauche, celle qui en se posant sur les cordes provoque une note juste, ou, à quelques millimètres près, une fausse note. « Dans ces moments-là, on a le sentiment d’être le seul violoniste à mal jouer… et tous mes potes violonistes éprouvent cela (rires) ! »

Depuis quatre ans, il joue le violon Stradivarius prêté par la Fondation Bernard Magrez, un violon au son léger et enjoué comme Nicolas Dautricourt. La relation entre le mécène grand magnat du vin et le violoniste à la carrière internationale est fondée sur une admiration réciproque. Nicolas reconnaît partager avec « Monsieur Magrez » un même « amour de l’excellence et de la précision. » Un « assemblage » fructueux, diraient les œnologues : l’engagement dans le mécénat artistique fait partie de la « marque » Bernard Magrez, mécène passionné. Nicolas Dautricourt a le bagout nécessaire pour jouer devant les investisseurs lors de l’ouverture d’une cave « Bernard Magrez » à Zurich. Après avoir joué Bach, à qui il dédie son dernier album (voir encadré), il est capable d’improviser sur un standard de jazz. « Dans les arts, la valeur absolue n’existe pas. Il faut chercher le plaisir, un équilibre entre contrôle et lâcher prise. »

Prochain concert : le 31 juillet au Festival de musique classique d’Excideuil (24).

DANS LES BACS
Bach dans toute sa nudité
Le dernier enregistrement de Nicolas Dautricourt est un double disque consacré aux six sonates pour violon et piano de J.S. Bach avec le pianiste Juho Pohjonen. « La musique de Bach est « nue » et elle demeure pour moi un mystère », écrit humblement Dautricourt dans le livre qui accompagne ces disques. Nue ? Sans doute dans le sens d’une épure que ces partitions proposent. Un dialogue franc entre le violon et le piano qui va de la légèreté d’une musique presque italienne à la profondeur du plus inspiré des compositeurs. Si elle reste un mystère pour le violoniste, Nicolas Dautricourt possède une intelligence musicale évidente qui lui permet de s’y plonger avidement et d’exprimer ses émotions en toute liberté.
« Bach, 6 sonatas for violon &piano », Nicolas Dautricourt et Juho Pohjonen. La Dolce Volta.

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Article paru dans Sud Ouest du dimanche 24 juin.

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