Au tennis, en amour ou en amitié, le trio est rarement une bonne idée. En musique, c’est le contraire, surtout quand elle est interprétée par le fougueux trio Dali. Devant un auditorium comble de spectateurs attentifs, la violoniste Vineta Sareika, le violoncelliste Christian-Pierre La Marca et la pianiste Amandine Savary ont donné une palpitante Fantasiestücke (opus 88) de Schumann dénuée de toute mièvrerie. Les trois musiciens ne cessent de s’écouter, de se regarder, de respirer ensemble : une unité qui leur permet d’offrir toute la tension et la souplesse exigées par le Trio n°3 (opus 101) de Brahms. « Waou » conclut une spectatrice dans un cri !
Brahms était aussi fêté par le Jeune Orchestre Atlantique samedi. Philippe Herreweghe a canalisé l’énergie de toute cette jeunesse dans une Première symphonie (opus 68) qui envahit l’Abbaye comme une bourrasque.
Entre ces deux moments de frénésie, « La lanterne magique de Monsieur Couperin » a été une parenthèse de poésie apaisante. Eclairée à la bougie, la metteur en scène Louise Moaty manie cette curiosité du Siècle des Lumières qui projette des tableaux miniatures. Le claveciniste Bertrand Cuiller joue subtilement des pièces de Couperin comme « Le Turbulent », « Les Ombres errantes », « L’enchanteresse », etc. Qui illustre l’autre ? On ne saurait dire, et c’est tant mieux.
Le clavier bien temporel
Le second sonne frêle et pluriel grâce au toucher de Vanessa Wagner, qui a remercié Saintes et son directeur de lui permettre l’expérience étonnante d’alterner en un concert jeu sur piano ancien et sur Steinway. Quelle surprise que ce sentiment de concentration sonore dans les Impromptus (en particulier les 2 et 3) dans lesquels Schubert alterne des passages « serrés » au centre du clavier et des notes lancées aux extrémités. Une structure qui fait écho aux Variations de Webern sur Steinway. Bonne idée!
La voix aussi était à son meilleur à Saintes ces derniers jours : envoûtante de cohésion et de subtiles couleurs dans l’Eton Choirbook par l’ensemble Huelgas dirigé par le diapason mythique de Paul Van Nevel, magnifique dans le programme de cantates vivifié par la direction de Damien Guillon ; impressionnante de professionnalisme avec les Zimmerman, Stefan Vock et Monique Zanetti, réunis au pied levé après deux défections.
[…] le travail qu’elle a mené sur des pianos d’époque. Souvenez-vous, l’été 2011, nous retrouvions Vanessa Wagner à Saintes au moment où elle découvrait ce nouvel univers sonore. Dans Mozart/Clementi, elle passe avec […]