AccueilNon classéBERTRAND CHAMAYOU : "LISZT SECOUE LES CONSCIENCES !"

BERTRAND CHAMAYOU : « LISZT SECOUE LES CONSCIENCES ! »

PORTRAIT – Temps fort du festival L’Esprit du piano, Bertrand Chamayou donne l’intégrale des Années de Pèlerinage de Liszt en deux concerts.

Bien sûr il sait que Franz Liszt est venu en 1844 jouer au Grand-Théâtre, car il a lu toute la correspondance du compositeur. Bertrand Chamayou, talent confirmé de la jeune garde du piano français, est un passionné de lectures, d’art contemporain… et de piano, une activité qui est longtemps restée pour lui profondément ludique.  « Enfant, je jouais au piano comme on joue au Lego, déchiffrant des partitions comme on lit des livres, des partitions beaucoup trop difficiles pour moi, c’était plus excitant. J’ai découvert les œuvres de Franz Liszt ainsi, sans les travailler en profondeur». A Bordeaux, ce samedi, Bertrand Chamayou interprète l’intégrale des « Années des pèlerinage », soit trois heures intenses de musique, seul au piano. En cette année du bicentenaire de la naissance de Liszt, Chamayou voulait lui rendre hommage : «En général, je ne suis pas le mouvement des grandes commémorations. Je n’ai rien fait pour l’année Chopin mais cet anniversaire est différent. D’abord parce que Liszt est le compositeur qui m’a fait connaître du grand public, en 2006, avec un enregistrement des Douze études d’exécution transcendante. Ensuite car il n’est pas forcément connu pour les bonnes raisons. Souvent on l’associe à la virtuosité et à la difficulté technique. Cette année on redécouvre sa richesse sonore, la complexité des sentiments dont il témoigne, comme dans cette intégrale. Enregistrer et surtout jouer sur scène cette œuvre fleuve est un défi mais j’aime les objectifs fous, les grands sommets.»
Du charnel au spirituel
Il ne faut pas se méprendre sur le titre «Années de pèlerinage», car il ne s’agit pas d’un pèlerinage religieux que ferait le très chrétien Liszt, ni d’un retour sur des lieux chers. Il s’agit de vingt-six pièces inspirées par trois années de voyage en Suisse et en Italie, un album de voyageur. «Ce cycle est un chef d’œuvre uniformément réussi, commente Bertrand Chamayou. Il est le fruit de quarante années de maturation entre les premiers voyages (1830) et la dernière période de réécriture (1877). Il retrace l’émouvant cheminement de Liszt au cours de sa vie, toutes les variantes de sa personnalité. » Les deux premières années, le visage que montre Liszt est celui de l’amant de Marie d’Agoult avec qui il voyage, «un séducteur, un charnel», selon Chamayou. Le compositeur décrit les paysages qui l’ont ému : «Au bord d’une source», «Vallée d’Oberman», «Orage», mêlant octaves tonitruants et couleurs pré-impressionnistes. La seconde année est celle de l’Italie, des œuvres d’art qu’il a vues et des livres qu’il a lus là-bas : «Sonnet 104 de Pétrarque», «Après une lecture du Dante». La troisième année est plus poignante, celle d’un homme mature qui témoignage d’expériences spirituelles intérieures. Elle pourrait paraître hermétique, aux deux sens du terme : ce qui est difficile à appréhender, et ce qui vient de l’hermétisme, de l’ésotérisme. «Pourtant sa musique dépasse le propos religieux, commente Chamayou. Et cette troisième année devient moins hermétique quand on écoute le cycle dans l’ordre. Après la séduction des deux premières années, elle marque un moment de retour à la vertu, à la quête de soi, à l’introversion. Expérience forte pour les auditeurs comme pour l’interprète, elle me procure les plus hauts pics d’émotions. Cette musique secoue les consciences!»

« Liszt, années de pèlerinage », Bertrand Chamayou, coffret de 3 cd, Naïve.
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2 Commentaires

  1. Extraordinaires Années! Bien plus saines et travaillées en même temps que celles de Lazar Berman (DG) et aussi belles (mais dans un son bien meilleur) que celles de Ciccolini 2 (EMI). À mon avis c’est aujourd’hui LA version de référence. Pour la Sonate Dante (j’en connais un paquet), la seule qui rivalise avec lui au niveau des couleurs mais aussi de la technique c’est une certaine Véronique Bonnecaze qui avait sorti un très bon pot-pourri Liszt il y a quelques années.

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