AccueilNon classéDAVID STERN : "LE DÉSIR DE PARTAGER"

DAVID STERN : « LE DÉSIR DE PARTAGER »

INTERVIEW – David Stern dirige le Jeune Orchestre Atlantique ce soir à l’abbaye aux Dames. Américain francophile, le directeur musical de l’opéra d’Israël aura supervisé la dernière résidence du Jeune Orchestre Atlantique (JOA) à Saintes avant de diriger la formation lors de trois concerts, dimanche à Châteauroux, hier soir à Gradignan et ce soir à l’abbaye aux Dames de Saintes. Hier, à Gradignan, les jeunes et le maestro ont donné un programme magnifique sur les débuts du romantisme européen. Stern a recherché des sonorités lyriques, comme si les instruments étaient des voix, subtiles, touchantes, émouvantes. Après le passage subjuguant de la pianiste Daria Fadeeva sur un piano Pleyel de 1843, le JOA et David Stern ont offert trois bis, quelle générosité ! « Les plus grands artistes sont les plus généreux », nous a-t-il confié… il en donne la preuve.

« Sud Ouest ». La transmission est un sujet qui vous passionne, pourquoi ?
David Stern. Cela vient de mon enfance. J’étais entouré de grands musiciens (David Stern est le fils d’Isaac Stern, 1920-2001, l’un des meilleurs violonistes du XXe siècle, NDLR). J’ai appris que les plus grands artistes étaient aussi les plus généreux.
Plus le niveau d’un musicien est élevé – dans la musique classique en tout cas – plus grand est son désir de partager. Le compositeur et chef d’orchestre Leonard Bernstein m’a aussi beaucoup influencé, lui qui a enseigné non seulement aux musiciens mais aussi au grand public à travers la télévision. Arrivé en France il y a quinze ans, j’ai pu travailler avec l’Académie lyrique du festival d’Aix-en-Provence. Cela m’a donné envie de créer Opéra Fuoco (ensemble consacré au répertoire lyrique et jouant sur instruments anciens, NDLR), installé à Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines), qui recrute des jeunes des localités voisines, de Trappes notamment.

Comment se construit le travail avec un orchestre de jeunes ?
J’offre mon expertise en musique sur instruments d’époque, et cela m’apporte beaucoup en retour. Avec des jeunes, futurs professionnels, on ne peut pas « laisser faire ». Il faut être concentré, clair dans ses demandes, et sincère, pour accéder à un haut niveau en quelques jours. Je sais qu’après ce stage de Saintes, j’aurai, grâce à eux, appris des choses sur les œuvres qui me seront bénéfiques plus tard quand je les jouerai avec des professionnels aguerris. Et puis, j’adore leurs réactions, car beaucoup découvrent ce répertoire du XVIIIe et XIXe siècles qu’abordent les stages du JOA. J’aime que les jeunes arrivent avec des idées, des propositions. Si un jeune hautboïste du JOA prend un tempo original, j’écoute et je l’interroge sur ses raisons. Il faut donner aux jeunes la liberté de faire leurs choix et qu’ils se sentent responsables de cette liberté. C’est une philosophie que je tiens de mon père, qui la tenait de son professeur Nahum Blinder. Il me l’a souvent répétée. Elle est dans nos âmes.

Quel programme donnerez-vous avec le Jeune Orchestre Atlantique ?
Un programme sur les débuts du romantisme construit autour de l’unique symphonie de Luigi Cherubini (1750-1842), un compositeur français d’origine italienne qu’admirait beaucoup Beethoven. J’ai toujours voulu travailler cette partition car elle ressemble moins à une symphonie qu’à un opéra pour instruments, tant elle est chantée, tant elle est liée au Bel Canto. Il ne faut pas la jouer de manière classique mais avec beaucoup d’énergie. Nous interpréterons aussi le 4e Concerto pour piano du français Ferdinand Hérold (1791-1833) qui témoigne d’un panache très français face à l’imposante influence de Beethoven sur ses contemporains. Nous serons accompagnés par la pianofortiste Daria Fadeeva qui est altiste à l’origine et qui, un jour, m’a passé un disque où elle était au piano. J’ai été frappé à son écoute comme rarement je l’ai été pour un jeune musicien.

Propos recueillis par Séverine Garnier (parus dans Sud Ouest édition de Saintes le 12 décembre)

Pratique. Concert du Jeune Orchestre Atlantique sous la direction de David Stern avec pour soliste Daria Fadeeva. Ce mardi 13 décembre, à 20 h 30, à l’abbaye aux Dames. Prix des places : 21 euros, 15 euros adhérents abbaye et Gallia Théâtre. Réservations au 05 46 97 48 48. PHOTO SERGEÏ BERMENIEV

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