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Opéra : Nathalie Dessay a deux amours

Article publié le 29 février 2012.

PORTRAIT – Ses confidences au Figaro agitent le petit monde lyrique qui a peur de voir se taire une des voix lyriques les plus aimées au monde. Au même moment, Natalie Dessay se confiait à moi pour Sud Ouest, sur ses débuts à Bordeaux. Déjà, le cœur de la soprano française balançait entre l’opéra et le théâtre. Ce portrait commenté révèle comment l’actrice et la chanteuse vivent depuis longtemps dans ce corps et cette personnalité d’acrobate, toujours dans les airs, entre deux trapèzes, aimant les risques et les défis qui la font voler.

« En 2015, j’arrête l’opéra et je fais du théâtre », prévient Natalie Dessay. La grande soprano française, qui a défendu l’aspect théâtral de l’art lyrique, a souvent exprimé le désir de se consacrer aux textes. Théâtre ou chant : une hésitation qui remonte aux premiers jours de sa carrière à Bordeaux. Elle « découvre » sa voix lors de cours avec le comédien Gérard Laurent au Conservatoire et pousse la porte de la pianiste Rose Réglat qui n’a rien oublié de ce jour : « A cette époque, j’accompagnais les cours de chant. Je me suis mise au piano et Natalie a commencé à déambuler et à chanter La Chanson de Solveig, de Grieg. Sa voix était d’une grande pureté, non travaillée comme celle des chanteuses de variété et, déjà, elle montait dans les aigus avec une facilité déconcertante. »

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« En fait, explique Natalie Dessay, j’avais commencé quelques cours de chant, chez moi à Saint-Médard en Jalles, auprès d’une femme… qui tenait une boucherie! » Ancienne artiste du chœur de l’Opéra de Bordeaux, madame Saintrais avait délaissé sa carrière lyrique pour soutenir son mari boucher. « Le drame de sa vie », commente celle qui s’appelait alors Nathalie Dessaix. « C’est elle qui m’a donnée le virus. »

« Arrête de chanter variété ! »

Admise directement en dernière année au Conservatoire de Bordeaux, la soprano légère suit les cours de Monique Florence qui ne cesse de lui répéter : « arrête de chanter variété ! » Comble de l’ironie, Natalie Dessay a travaillé, la saison passée, à retrouver cette voix « variété » afin de réaliser un rêve : chanter avec Michel Legrand, son idole, le compositeur de Peau d’âne et des Demoiselles de Rochefort.

C’est sous l’impulsion d’un autre grand pianiste qu’elle signe son nouveau disque, un récital de mélodies de Debussy : « Philippe Cassard est venu me voir avec quatre partitions inédites de Claude Debussy. Même si je me suis sentie flattée, j’ai d’abord refusé car je ne suis pas une récitaliste. Il a insisté encore et encore. Je l’ai invité à jouer les mélodies en me disant que si la musique ne me plaisait pas, j’aurais une excuse ! » Pas de chance pour Natalie, ces quatre mélodies inédites de Debussy la séduisent ! Amoureux comme elle de Debussy depuis des années, Philippe Cassard l’aide à affronter sa peur de la scène : « depuis toujours, j’appréhende les concerts, mais cette fois je suis accompagnée d’un pianiste extraordinaire avec qui je me suis très bien entendue ». Il l’emmènera le 28 février à la Halle aux grains de Toulouse, autre lieu de ses débuts.

Cantatrice et non comédienne

Sortie premier prix après seulement un an de conservatoire, Natalie Dessay – elle a enlevé le « h » pour copier Natalie Wood – débute en 1985 dans les chœurs du Théâtre du Capitole et quitte Bordeaux qu’elle juge « ennuyeux au possible », lieu d’une adolescence triste dont elle garde un mauvais souvenir même si elle sait que « la ville a beaucoup changé et qu’elle n’a rien à voir avec cette époque ». En 1989, elle obtient le deuxième prix du Concours des voix nouvelles et entre à l’école de l’Opéra de Paris. Les dés sont jetés : Natalie Dessay sera cantatrice et non comédienne. « J’aurais fait du théâtre mais j’avais peur de ne pas être engagée. Avec ma voix, j’ai compris que j’aurais du travail tout de suite. Je n’étais ni assez déterminée ni assez talentueuse pour une carrière de comédienne ».

Tout au long de son brillant parcours qui l’emmènera jusqu’au mythique Metropolitan Opera de New York, elle n’oubliera pas le théâtre. Ses grands succès sont souvent issus d’une fructueuse collaboration avec des metteurs en scène comme Laurent Pelly dans l’hilarant Orphée aux enfers en 1997, l’énergique Fille du régiment en 2007 ou le superbe Pélléas et Mélisande en 2009.

Pour ces hommes de théâtre, elle est capable de tout : chanter en bikini, roulée par terre, ou juchée dans les airs comme pour la Reine de la nuit dans La Flûte enchantée mise en scène par Robert Carsen en 1994. « Les deux ans avec Gérard Laurent m’ont donné le gout de chercher le bon geste, de me placer dans l’espace et d’échanger avec le metteur en scène. » En 2015, pour ses cinquante ans, elle prend une année sabbatique pour « apprendre le russe, monter à cheval et continuer le trapèze ». Et après ? Enfin le théâtre ? « J’ai demandé à des metteurs en scène comme Laurent Pelly de penser à moi… je suis moins légitime qu’une autre comédienne mais j’ai le désir. »

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