LIVRES – Avec « Prince d’orchestre », Metin Arditi offre le récit d’une déchéance sociale et psychologique au sommet du monde musical. Croustillant !
Bien sûr, Alexis Kandilis est un personnage inventé. Le chef d’orchestre adulé et mondialement plébiscité du dernier livre de Metin Arditi, « Prince d’orchestre », ressemble pourtant magnifiquement à tant de chefs connus. Une enfance pauvre, une forte pression familiale, une course épuisante à la réussite et enfin, une reconnaissance sans bémol, beaucoup d’argent, des applaudissements bruyants et pourtant souvent sourds à la tristesse qui gagne ce héros. Chef autoritaire et imbu de lui-même, Alexis conduit d’un bras aguerri mais d’un coeur las et son destin s’enfonce petit à petit dans la déchéance et le crime. Pour l’aider dans sa chute, des musiciens humiliés et revanchards, des journalistes sans pitié, des producteurs sans tendresse…
Outre une écriture ciselée et fluide, Metin Arditi possède une formidable connaissance de la musique classique, de ses rouages et de ses relations humaines. La critique cassante du journaliste du Monde (Renaud Machart est cité nommément), l’adulation éphémère des agents de la maison de disque, les relations entre musiciens d’orchestre et chef invité : tout est délicieusement fouetté et monté en neige.
« Prince d’orchestre », 384 pages, aux éditions Actes Sud.