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Piano aux Jacobins : les embardées de Barda

COMPTE-RENDU – Pianiste français exceptionnel, Henri Barda est extrêmement discret voir rarissime au concert. Il a ouvert mardi la 33e édition de Piano aux Jacobins à Toulouse.
Le festival Piano aux Jacobins a démarré en trombe. Ce n’est pas qu’une formule tant Henri Barda joue de la vitesse, des accélérations et des freinages ! Il était mardi dans son répertoire de prédilection : Ravel et Chopin. Henri Barda joue les « Valse nobles et sentimentales » de Ravel sans sentimentalisme ni noblesse mais avec panache. Il s’engage, à peine assis sur sa chaise, le visage fermé, avec un tempo redoutable, et s’engage dans les montées chromatiques comme dans ces embardées qu’on s’autorise sur cette route de campagne qu’on a maintes fois empruntée.
Henri Barda maîtrise le clavier, pas de doute – à ce tempo-là il faut une technique éblouissante – et il sait cette route peu fréquentée : ils ne sont pas nombreux les pianistes de la trempe d’Henri Barda sur cette voie où s’expriment la folie, l’audace, le caractère. Peu de pianistes ont un tel caractère à la fois puissant et humble, fragile et bourré d’humour. Il faut l’entendre à la fin du concert alors que ses admirateurs le congratulent :
– C’était magnifique Henri !
– Oui… mais pas tout le temps !
Et là, je ne peux qu’abonder. Dans les Valses, on est captivé par son jeu parfois brusque et sec, puis virevoltant avec beaucoup de pédale, puis délicat tout à coup. On ne s’ennuie pas. Néanmoins j’ai eu du mal a être touchée, surtout dans Le Tombeau de Couperin, incompréhensible surtout avec la forte réverbération du son de la voûte étoilée du Cloître des Jacobins. 
C’est finalement dans les 24 Préludes de Chopin que j’ai le mieux compris le propos de Barda. A quoi bon refaire pour la millième fois ces Préludes ? Il faut entendre du neuf. Les « Agitato » sont des tempêtes, ne parlons pas des « Molto Allegro ». J’ai le sourire aux lèvres puis je me marre. Ce n’est pas de l’esbroufe : il veut montrer que Chopin est aussi dangereux que cette virée à 180° sur la route de campagne. On rigole aussi parce qu’on a peur. Certains préludes très doux passent à la trappe : pas le temps pour les jeunes filles en fleur ! La musique fonce mais le jeu de Barda n’est en rien vulgaire. Son style est énergique mais pas brutal. Un iconoclaste et un ultra sensible. Une magnifique expérience.

Toulouse, mardi 4 septembre 2012.

ps : difficile de trouver des récentes vidéos de Henri Barda. Il possède une fan page sur Facebook.

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1 COMMENTAIRE

  1. J’avais entendu ce pianiste il y a quelques années et avais été horrifié par ce jeu d’estrade, démonstratif à l’excès, sans un gramme de sensibilité. Des embardées, oui, c’est ça, mais de la musique, je me le demande encore.

    Venant passer quelques mois a Toulouse, je me réjouis de découvrir la vie musicale de votre si belle ville.

    Amitiés

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