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Les Diabelli ou quand Beethoven crânait

CONCERT et CD – Andreas Staier explore sur piano ancien les Variations Diabelli, celles de Beethoven mais aussi celles de ses contemporains. Concert samedi au Grand-Théâtre et CD chez Harmonia Mundi.
Andreas Staier est un de ces musiciens-chercheurs que l’engouement pour l’interprétation de la musique classique sur instruments d’époque a révélé. Il est tout d’abord l’un des meilleurs interprètes de la musique du XVIIIe siècle sur clavecin et piano-forte, régulièrement invité au Festival de Saintes et de La Roque d’Anthéron. Et Andreas Staier est aussi un musicien tellement passionné qu’il a bataillé pour que le manuscrit original des « Variations Diabelli » de Beethoven, jusqu’alors inaccessible au grand public, intègre le fonds de La maison de Beethoven et soit numérisé. Tout le monde peut aujourd’hui voir à quoi ressemble le fameux manuscrit du maître. (Consultable sur http://www.beethoven-haus-bonn.de)
Car « les Diabelli », comme on les surnomme, ne forment pas un cycle pour piano comme un autre dans la liste des compositions de Ludwig van Beethoven (1770-1827). « Ce cycle dévoile la fierté de Beethoven », résume Andreas Staier. En 1819, le compositeur relève le défi lancé par l’éditeur Anton Diabelli aux meilleurs créateurs de son temps : Carl et Joseph Czerny, Franz Schubert, Franz Liszt pourtant âgé de huit ans, et Franz Mozart, le fils de Wolfgang ! L’idée est d’offrir un panorama de la composition viennoise, une opération de communication patriotique.
Diabelli a envoyé une feuille comprenant un thème musical de quelques lignes autour duquel chacun des participants peut composer. A ses yeux, le recto de la feuille semble suffire pour répondre à la demande. Beethoven, déjà sourd et presque rendu aveugle par la maladie, fut gagné par le jeu et la compétition : il livre 84 pages et 33 variations, soit deux de plus que Bach et ses « Variations Goldberg »!
La fierté de Beethoven fut très bonne conseillère : cet opus 120 est considéré comme sa dernière grande œuvre pour piano. Son écriture repoussant les limites de son époque illustre sa personnalité combattante, fière et sarcastique. L’originalité de l’oeuvre et sa complexité feront même dire à certains que Beethoven, reclus et aigri, avait écrit ces Variations pour décourager son auditoire…
Heureusement pour nous, Andreas Staier est un merveilleux pédagogue qui sait nous éclairer dans ce labyrinthe : « c’est une musique qui s’adresse plus aux connaisseurs qu’aux amateurs, analyse-t-il. Au fond, c’est une musique pour musiciens. Il faut accepter cette dimension, ce sarcasme dérangeant, ce jeu avec l’interprète, l’ironie et le sérieux. » Soucieux de s’approcher au plus près de l’esprit de ces compositions, Staier donne en récital, non seulement la page originale de Diabelli mais aussi les dix pièces des compositeurs qui ont participé au « concours ». Dommage qu’à Bordeaux il ne joue pas un Hammerflügel, ce piano-forte qui permet, grâce à plusieurs pédales, de produire des effets passionnants (on le retrourvera heureusement sur le disque). Le public se contentera d’un Steinway de concert, une valeur sûre.
Récital. Samedi 1er décembre, 20 h, Grand-Théâtre de Bordeaux. 8 à 30 €. 05 56 00 85 95. L’enregistrement des Diabelli Variations par A. Staier est disponible chez Harmonia Mundi.



Article paru dans Sud Ouest du 28 novembre 2012. 
Photo © Josep Molina
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