
Alexandre Tharaud est décidemment le pianiste écologique ! Avec neuf des nombreuses « Pièces lyriques » d’Edward Grieg et les « Scènes d’enfants » de Robert Schumann, et même avec ses bis (le « Tic-Toc Choc » de Couperin, la « Valse en la mineur » de Chopin, du Scarlatti), le pianiste prouve que la miniature est son terrain de jeux favori. Son doigté est délicat, à peine posé sur le clavier. Il ne semble y avoir aucune tension inutile, aucune force. Les sonorités produites par Alexandre Tharaud sont un summum d’économie d’énergie, mais pas d’intention. Tout appelle à une écoute sensible, attentive à la moindre note, l’oreille à l’affut, ce qui est parfois difficile quand les éclairages de la salle imitent une cascade métallique et que les auditeurs malades ne sont pas restés chez eux… Rien de grave: on reste en apesanteur après une première partie aux sentiments filtrés et aux images touchantes comme le « Son des cloches » de Grieg. La deuxième partie demande plus de travail au pianiste. Dans sa propre transcription de l’Adagietto de la Symphonie n°5 de Gustav Mahler, il lui faut évoquer le doux frémissement des violons avec une seule note, un peu de pédale et toute la résonance du piano… belle trouvaille et une belle pièce qui sait, au final, faire oublier l’orchestre. La technique sotto voce de Tharaud trouve par contre ses limites dans la Sonate n°23 opus 57 dite « Appassionata » de Beethoven, qui manque de corps et d’épaisseur, une fois que les délicats chromatismes aient été si bien développés.
Mardi 26 mars à 20 h au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris. 5 à 65 €.