OPÉRA – « Les Indes Galantes » dans la production de Toulouse signée par Laura Scozzi sous la baguette de Christophe Rousset débarquent à Bordeaux.
A la différence de sa grande sœur la tragédie lyrique, l’opéra-ballet est avant tout un divertissement. Jean-Philippe Rameau (1683-1764) porte le genre à son apogée avec « Les Indes Galantes ». Son but est moins de satisfaire l’esprit que les yeux. Le sujet de l’oeuvre, présentée ce vendredi à l’Opéra de Bordeaux, n’est d’ailleurs pas métaphysique : la guerre ayant perturbé la vie affective de la jeunesse, l’Amour demande à trois sbires d’aller enquêter sur les pratiques amoureuses en terre inconnue, « aux Indes », soit chez les Incas, les Turcs, les Perses et les Sauvages (comprenez l’Amérique). La chorégraphe et metteur en scène Laura Scozzi (souvenez-vous de sa « Flute enchantée » à ski en 2010 à Bordeaux) profite de cet exotisme un rien désuet pour dénoncer les dérives du monde d’aujourd’hui : en Turquie l’immigration clandestine, en Amérique la déforestation, la drogue au Pérou et la condition de la femme en Iran. On passe de Barbie à la Burqa en rigolant et en dansant tout nus… âmes prudes, préparez-vous ! Lors de sa création en mai 2012 au Capitole de Toulouse, cette version des « Indes Galantes » avait été largement saluée par la critique car son approche loufoque redonne des couleurs à un propos décoratif. Saluée aussi : la qualité d’interprétation de l’ensemble baroque Les Talens Lyriques et de son chef Christophe Rousset. Le claveciniste et chef est en terre bien connue : c’est un spécialiste de Rameau !
« Les Indes Galantes ». Du 21 février au 1er mars à 20 h (15h le dimanche), Grand-Théâtre de Bordeaux. 8 à 95 €. 05 56 00 85 95.