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Les racines basques du Boléro

ESTIVAL – Les sœurs Labèque au piano et le trio de percussionnistes basques Kalakan donnent une version étonnante du Boléro de Ravel, un temps fort du festival Musique en côte basque.

Article du 1er septembre 2014 mis à jour le 11 août 2022.

Musique en Côte basque ouvre vendredi sa 55e édition. Au régime à cause de la crise, le festival propose moins de concerts – dix rendez-vous concentrés sur trois week-ends – mais toujours de grands artistes : les pianistes Bertrand Chamayou et Vanessa Wagner, la violoncelliste Ophélie Gaillard, et surtout Katia et Marielle Labèque, deux reines du clavier.

Nées à Bayonne à deux ans d’intervalle – Katia est l’aînée – les deux sœurs présentent à Anglet un drôle de programme autour du Boléro de Ravel… version basque pourrait-on dire. « Nous étions en train d’enregistrer la version pour deux pianos, écrite par Maurice Ravel lui même, se souvient Katia, mais nous n’étions pas totalement satisfaites »… « Il manquait quelque chose », ajoute Marielle. La rencontre avec Thierry Biscary, percussionniste et chanteur du répertoire traditionnel basque, fondateur du trio Kalakan, va tout chambouler. Elles renoncent à leur quatre-mains pour intégrer une txalaparta, un cousin du xylophone, et un atabal, proche de la caisse claire… pour un résultat éblouissant.

Avec les instruments basques, le Boléro de Ravel devient « plus tribal », dixit Katia, « sauvage », renchérit Marielle à raison.Le Boléro aurait-il des racines basques ? Rien d’improbable puisque Maurice Ravel est né à Ciboure en 1875. « On a beaucoup associé Ravel à l’Espagne mais il s’agit d’une Espagne fantasmée, explique Katia : Ravel n’a jamais passé la frontière ! Ses références sont celles du pays basque. » Si rien dans les déclarations de Ravel ne pourrait confirmer cette théorie, le compositeur Michel Sendrez né à Saint-Jean-de-Luz a largement analysé les racines basques du Boléro. Pour lui pas de doute : les premières notes de la partition évoque le Txitsu, une flute à bec basque !

« L’influence de la musique populaire et folklorique sur les grands compositeurs classiques est récurrent, rappelle Katia Labèque. Mozart a repris la comptine française « Ah vous dirais-je maman », Brahms compose des danses hongroises, etc. ». Ce mélange entre le savant et le populaire est un thème qui fascine la pianiste. Le programme donné à Anglet mettra à l’affiche deux autres compositeurs savants et populaires : les américains George Gershwin et Philip Glass. La « Rhapsody in Blue » du premier a lancé la carrière internationale des deux pianistes françaises. Philip Glass est l’un des chefs de file de la musique minimaliste, le dernier cheval de bataille de Katia et Marielle.

Le moteur des sœurs Labèque ? Les coups de cœur et l’amitié. Elles se sont prises de passion pour le trio Kalakan au point de le présenter à une amie, une certaine Madonna. De passage sur la Côte basque, l’icône de la pop musique tombe sous le charme de « la sincérité, la vérité » du travail du trio, selon les mots de Marielle, et les embarquent pour sa tournée mondiale, le « MDNA tour », en 2012. A Anglet pour Musique en Côte basque ou le lendemain à Zumarraga dans le pays basque espagnol pour une soirée « Kalakan and friends », il sera difficile de savoir qui de Kalakan ou des sœurs Labèque sont les stars du pays.

Les deux pianistes n’entretiennent pas les mêmes rapports avec leur terre natale. Elles se souviennent des chœurs basques qu’elles écoutaient à Hendaye, enfants. Formée par leur mère, pianiste, elles sont parties tôt à Paris, à 12 et 14 ans, pour entrer au Conservatoire supérieur de musique. L’été, Katia préfère rester en Italie, où les deux pianistes ont élu résidence et où la passion pour la musique est partout. « Quand nous étions enfants, il y avait quelques concerts privés de grands musiciens. Aujourd’hui la situation n’a guère changé. Il y a heureusement Musique en Côte basque mais ce festival n’est pas beaucoup soutenu localement. Après leur tournée avec Madonna, on aurait pu imaginer donner un festival au trio Kalakan, non ? Résultat : ils se sont installés à San Sebastian… Ce manque d’intérêt pour la culture m’angoisse. » « Chez ma sœur, le côté italien de notre mère prend le dessus, sourit sa sœur Marielle, qui reste, elle, « très attachée à ce pays », ne ratant pour rien au monde ses escapades basques, ses balades pyrénéennes. Elle ira écouter Bertrand Chamayou le 7 septembre à Ciboure.

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