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Le magnifique triple-concerto de Philippe Hersant

P-Hersant_0024COMPTE-RENDU – L’Orchestre National Bordeaux Aquitaine dirigé par le jeune chef Julien Masmondet a donné le mercredi 6 mai  le Triple concerto de Philippe Hersant.

« On ne peut jamais mettre trois instruments en vedette » : voilà expliqué par Philippe Hersant, en une simple phrase, l’enjeu d’un triple concerto. Cette forme extraordinaire dans l’histoire de la musique classique fait dialoguer trois solistes et un orchestre. Mercredi soir à l’auditorium, l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine donnait celui du compositeur français Philippe Hersant, né en 1948.

Philippe Hersant a intitulé son triple concerto « Le chant de l’isolé » en référence à un poème de Georg Trakl, « Gesang des Abgeschiedenen ». Le compositeur affectionne particulièrement ce poète autrichien expressionniste hanté par une catastrophe imminente… la fin de l’empire austro-hongrois après la Première Guerre mondiale. « J’aime cette poésie de la sensation, des couleurs, des images chaudes et froides. Il écrit toujours un peu le même poème, qui se passe en automne… », nous a confié Philippe Hersant. « Son écriture est crépusculaire, tout y est exagéré, comme « le Cri » de Munch. Son écriture n’est pas triste mais hanté par le déclin d’un monde. » Philippe Hersant s’est inspiré des poèmes de Trakl pour plusieurs de ses oeuvres : « Paysages avec ruines » (1999), « Der Wanderer » (2002), « NachtLied » (2012), entre autres.

Commande groupée de l’Orchestre de Pau-Pays de Béarn, de l’Orchestre Poitou-Charentes et de l’Opéra National de Bordeaux, le Triple Concerto de Philippe Hersant fut créé en mars 2014, un siècle après l’écriture du poème « Le chant de l’isolé » en 1914. Le Triple concerto ne reprend bien sûr aucun vers mais s’inspire de cette ambiance nostalgique, crépusculaire.

Il commence par un simple trio, captivant dès la première minute, intense comme un quatuor de Chostakovitch. Le violoncelliste François Salque, le pianiste Romain Descharmes et le violoniste Jean-Marc Phillips-Varjabédian (remplaçant de Matthieu Arama initialement prévu) s’entendent parfaitement. Le programme de la soirée bordelaise faisait précéder ce Concerto de la symphonie n°26 de Haydn.  On aurait préféré se passer de Haydn (et d’une interprétation sans relief de l’ONBA) et entendre les solistes dans un trio… de Chostakovitch pourquoi pas !

L’orchestre à cordes entre de façon imperceptible, – un très bel effet réussi par le chef Julien Masmondet – doublant certaines voix du trio tandis que le piano se détache. Il semble entrainer ses compagnons dans des boucles mélodiques ponctuellement dissonantes et qui construisent petit à petit une ambiance anxieuse. Pourtant la musique de ce Triple Concerto ne tombe jamais dans un pathos angoissé, elle reste claire, parfois impérieuse.

Les cloches entrent, rigoureuses et solennelles, et construisent un dialogue avec l’orchestre. L’utilisation de l’écho – on parlerait d’antiphonie s’il s’agissait de deux choeurs disposés de part et d’autre d’une église – nous plonge délicatement dans cette idée d’un temps révolu. Le Concerto s’achève sur un crescendo vivifiant. Une réussite largement applaudie par le public.

 

Le mercredi 6 mai, 2015, auditorium de Bordeaux.

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