CONCERT – Après le succès de son enregistrement cet hiver, le pianiste Alexandre Tharaud bien jouer à Bordeaux la mythique partition de Bach, « Les Variations Goldberg ».
Un mythe, une montagne, un mystère, une obsession. Les « Variations Goldberg » de Johann-Sebastian Bach sont tout à la fois. Le pianiste Alexandre Tharaud a attendu longtemps avant d’oser aborder cette partition géniale. Après le succès de son enregistrement paru à l’automne (Erato), il donne les « Variations Goldberg » à l’auditorium de Bordeaux.
« Cette musique vous recentre en quelques minutes, témoigne le pianiste. On y ressent le regard de Bach sur l’humanité, un regard d’une grande humilité. Sa partition vous rend humble. Même quand je ne travaille qu’une mesure, que je malaxe le son, l’architecture, l’équilibre entre la main droite et gauche, ca me fait un bien fou… vous imaginez toutes les Variations ? C’est galvanisant. »
La dernière fois que ces « Variations Goldberg » ont été données à l’auditorium de Bordeaux, c’était en 2013 par la pianiste chinoise Zhu Xiao-Mei dont Alexandre Tharaud est un proche et fervent admirateur : « J’ai tellement écouté son enregistrement des Variations Goldberg que je me disais : « A quoi bon le faire moi aussi ? Il faut être responsable quand on enregistre un disque. Pour certains il deviendra une référence. » Comme le sont pour beaucoup de mélomanes les version signées du Canadien Glenn Gould en 1955 et 1981. « Les pianistes morts sont une chose. Les pianistes vivants sont bien là, c’est plus délicat ! », glisse Tharaud dans un sourire.
Au concert, Le pianiste n’a pas ce genre de questions : « Les Variations Goldberg ont alors une tout autre vie. Je viens de les donner au Japon où j’ai pu prendre des tempi très lents car le public japonais offre le silence et l’écoute les plus profonds du monde. On peut alors travailler sur une idée de calme, de méditation, le concert devient un cérémonial presque religieux. Il s’agit d’une musique qui appelle à la communion. On a envie de se tenir par la main. Au bout de 10-15 minutes de ces Variations, quelque chose nous surpasse. On ne trouve cela dans nul autre œuvre. J’adore le silence après la dernière note du cycle. Elle résonne de manière bouleversante. Au Japon je peux la faire durer car personne n’applaudira avant que le pianiste ne se lève. » Mesdames, messieurs les spectateurs…
Mardi 15 mars, 20h, auditorium. 8 à 55 €. 05 56 00 85 95.Complet. Article paru dans Sud Ouest dimanche 13 mars 2016.