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Yo-Yo Ma : « Ce n’est pas de la naïveté, c’est de l’espoir ! »

Violoncelliste et « messager de paix » pour l’ONU, l’Américain Yo-Yo Ma donne ce dimanche un récital exceptionnel à Bordeaux. Avec son accompagnatrice de longue date, Kathryn Stott, il joue ses morceaux préférés comme « l’Ave Maria » de Schubert. Entretien.
Votre concert s’intitule « Arc of life ». Pourquoi ?
Yoyo. Ma. Je ne sais comment traduire cela en français. Un arc de vie ? Comme un arc-en-ciel ? Cela évoque une courbe, le voyage d’une vie, de la naissance à la mort. Ce programme réunit des musiques que j’aime profondément. Elles parlent de la jalousie avec le « Tango » de Jacob Gade, des souvenirs dans « Beau soir » de Debussy ou la sonate de Franck, du moment où l’on tombe amoureux, de l’amitié… toute une vie ! Je les ai choisis avec Kathryn Stott, mon amie depuis 40 ans. La musique, comme chaque forme d’art, permet de raconter son histoire et de toucher les autres. L’artiste peut atteindre la vie intérieure du spectateur, même s’il n’a pas vécu la même vie que lui. J’aurais pu ajouter la chanson de Piaf « Non, je ne regrette rien » car, à 61 ans, j’ai vécu la plupart de ma vie. Je suis conscient du chemin parcouru et de celui qui reste.
Dans un monde agité, que peut la culture ?
Nous vivons une époque difficile, notamment quant aux questions d’immigration. Elles sont vives entre les deux Amériques, vives en Afrique et vives en Europe. Je fais de mon mieux pour comprendre et me mettre à la place des autres. La culture facilite l’empathie et la sympathie. Evidemment je n’ai pas de solution mais je sais d’expérience que la culture peut faire avancer les citoyens. En faisant de la musique avec d’autres, on crée des communautés plus ouvertes par exemple. La culture nous aide à ne pas avoir peur. Si on a peur, on ne pense qu’à soi, on perd le sens de la communauté.
N’est-ce pas un peu naïf ?
Ce n’est pas de la naïveté, c’est de l’espoir ! Et une philosophie de vie. On ne peut pas acheter la paix mondiale bien sûr… mais ca vaut la peine d’essayer ! Il est très facile de devenir cynique… il suffit d’ouvrir les journaux (rires). Nous ne devons pas donner à nos enfants du désespoir. Certains ici ont peur de l’Europe car ils y voient une perte d’autonomie, mais chacun doit pouvoir se poser la question. Chaque nouvelle génération doit découvrir pour elle-même les valeurs qu’il faut protéger, qui font que la vie vaut la peine d’être vécue.
Et si ces jeunes jugent la musique classique démodée ?
Pour moi, le classique fait partie d’une culture précieuse. Quand on détruit des Bouddhas, je suis physiquement mal. Le classique était quelque chose de très à la mode avant de devenir une tradition. Beaucoup lui ont trouvé de la valeur… mais cela reste du devoir de chaque génération d’en décider. Suis-je démodé ? Je me sens encore très vivant (rires). Pour moi la musique classique fait partie de notre histoire et, en ce sens, elle contribue à construire la société, la communauté. La musique a beaucoup de valeur et de pouvoir.
Dimanche 9 avril, 20h, auditorium. 8 à 80 €. 05 56 00 85 95. Le disque « Songs of the Arc of life » est paru en 2015 chez Sony.

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