AccueilCritiquesSaintes 2017 : Compte-rendu des concerts du festival.

Saintes 2017 : Compte-rendu des concerts du festival.

Jours 1 et 2 : Prima la musica…
Denis Raisin Dardre a beaucoup d’humour. Le directeur de l’ensemble Doulce Mémoire qui a ouvert la première soirée musicale du Festival de Saintes a pris la parole en fin de concert : il a souligné la modernité des musiques interprétées par lui et ses musiciens. Tellement modernes qu’elles comportent quelques dissonances. Le festivalier, bonne pâte, a ris, mais son oreille sait que si certaines notes sonnent faux, ce n’était pas le fait des compositeurs… Dommage car le propos de son programme – une confrontation entre les styles anglais et français à la Renaissance – était captivant et certaines musiques fort belles. « Prima la musica, poi le parole »… « La musique d’abord, les paroles ensuite. »
Lionel Meunier a également pris la parole après le concert de samedi midi. Le chef de l’ensemble Vox Luminis aura démontré une fois encore la cohérence vocale de ses musiciens, leur articulation excellente, l’adéquation de leur jeu avec le programme. Les Motets des ancêtres de Bach : les Vox luminis les ont chanté 40 fois. Ils ont néanmoins répété deux jours avant leur concert à Saintes, il n’y a pas de secret… mais il y a une astuce. Pour le motet de Johann Bach (grand-oncle de Johann-Sebastian Bach), une partie des chanteurs s’est postée derrière la petite porte de l’abbatiale (celle qui mène au conservatoire) pour créer un subtile effet d’écho. Magique ! On croirait que la résonnance se fait dans notre propre cœur.
La jeunesse et la virtuosité sont toujours réjouissantes pour le mélomane. Le Quatuor Arod, 24 ans d’âge moyen, ne possède-t-il pas déjà une maîtrise époustouflante ? Et aussi pour le chef : Philippe Herreweghe a pris beaucoup de plaisir à danser avec le Jeune orchestre de l’Abbaye sur « Casse-Noisette ». Parfois la virtuosité est un piège : Alexis Kossenko, excellent flutiste, ne convainc pas, samedi, dans les trois concertos italiens, par trop étourdissants.
Jours 3 et 4 : Tout ce qu’on aime
En trois concerts ce dimanche et lundi, les mélomanes saintais auront eu tous ce qu’ils aiment, ou presque.
Une découverte d’abord avec l’ensemble Voces Suaves, venu de Bâle. Alors que le public s’installe, une poignée de chanteurs sont assis sur le bord de la scène, comme des ados sur un muret. Ils entament quelques Madrigaux de Monteverdi, des bijoux de poésie, de sensualité, de vitalité. Le groupe emmené par Tobias Wicky est touchant et l’adjectif « suave » lui va comme un gant. Sans doute impressionnés par le lieu, les musiciens n’ont pas osé frustrer le public les applaudissant à chaque madrigal… quitte à perdre en continuité et en intensité. Ils se rattrapent en fin de concert en ajoutant plus de théâtre à leur jeu, un atout qu’ils peuvent exploiter d’avantage.
A la nuit, dans l’abbaye plongée dans la pénombre, la magie des Variations Goldberg a (encore !) opéré. Il faut dire que le claveciniste Benjamin Alard (photo) est à la fois un enchanteur capable de virtuosité et de profondeur mais aussi un prestidigitateur qui peut faire entendre un orgue et une guitare avec son clavecin. En suivant les canons et les voix, on part en méditation dans les premières Variations, comme le petit Poucet ramasse ses cailloux : pour retrouver son chemin. Dans les dernières, on est captivé par l’audace de J.S. Bach. On sort envouté.
Le directeur de l’ensemble Gli Angeli, la basse Stephan MacLeod est lui aussi un artiste remarquable de talents et d’humilité. Dans les Cantates de Bach, il passe d’une pirouette du rôle de chef à celui de chanteur, avec la fluidité d’un danseur. Ses chanteurs et lui savent communiquer la « joie que rien ne peut égaler » que Bach met en musique, cette joie « imprenable » comme le rappelait Hélène Décis dans sa conférence d’avant concert, citant Lytta Basset. On se prend à vouloir chanter le « Choral » avec Gli Angeli, comme au temps de Bach.


Jours 5 et 6 : Un spectacle très vivant
Le temps lourd écrasant l’abbaye mardi a donné du boyau à retordre aux musiciens ! Pauvres violes de gambe accompagnant les Vox Luminis : elles ont lutté pour tenir l’accord. Les voix tiennent mieux et, celle de Zsuzsi Tóth nous enchante toujours. Pourtant, l’association choisie par Lionel Meunier reste troublante. Les réjouissances de « Celebrate this festival » ne préparaient pas l’oreille à une sombre « TrauerOde ». Effet de contraste cher au baroque ? Les cœurs du XXIe siècle ne sont pas aussi accrochés ! Faut-il aussi blâmer la météo si Marcel Ponseele, iconique hautboïste s’est perdu dans son solo ?
Les vents de l’Orchestre des Champs Elysées ont moins souffert et ont briller dans le 23e concerto de Mozart. Le soliste Bertrand Chamayou a trouvé sa place dans le délicat équilibre pianoforte/orchestre. Continuo puis solo, il affronte tout avec flegme et fluidité.
L’équilibre était mercredi le talon d’Achille des Gli Angeli. Une flute trop généreuse a écrasé la voix de la soprano murmurant : « J’accepte avec joie mes souffrances… ». On s’est sont réjouis d’entendre les jeunes pousses d’Ambronay. Les chanteurs ont encore à travailler l’articulation du français baroque mais on retiendra les noms de Deborah Cachet, Jean-Christophe Lanièce, Aurora Peña Llobregat et l’énergie débordante du théorbiste Jadran Duncumb.
 

- Espace publicitaire -
Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

- Espace publicitaire -

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

- Espace publicitaire -

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]