PORTRAIT – Marc Leroy-Calatayud est l’assistant chef de l’Orchestre National Bordeaux Aquitaine. Il dirige jeudi un concert symphonique et « Mârouf, savetier du Caire » la semaine prochaine.
Sur ses photos, il a pris la pose d’Harry Potter, baguette à la main. Quoi de plus naturel pour un chef d’orchestre… surtout quand on a 26 ans. « J’ai grandi avec Harry Potter. J’ai lu le premier tome à 10 ans… c’était l’âge de Harry ! », s’amuse Marc Leroy-Calatayud. Depuis septembre 2016, il occupe le poste de chef assistant à l’Opéra National de Bordeaux et à l’Orchestre National Bordeaux-Aquitaine. Cette semaine, il pourrait rêver d’avoir le pouvoir magique – comme Harry Potter – de « transplaner » du Grand-Théâtre à l’auditorium en quelques secondes.
Marc Leroy-Calatayud dirige pas moins de trois programmes. Il vient de présenter fin janvier la Quatrième symphonie de Brahms à un jeune public. Du 11 au 14 février, il prendra le relais de Marc Minkowski dans « Mârouf, savetier du Caire », opéra de Henri Rabaud donné au Grand-Théâtre. Et demain, il est à la tête de l’ONBA dans un étonnant programme symphonique. Une semaine importante dans la vie d’un chef assistant qui n’a que de rares occasions de diriger en public. « Dans les cas extrêmes, un chef assistant doit sauter dans la fosse et prendre la place du chef, s’amuse Marc Leroy-Calatayud. Il doit pouvoir diriger sans avoir répété. Il arrive parfois qu’un chef manque son avion ! »
Au menu du concert de demain soir : « l’ouverture de Roméo et Juliette » de Tchaïkovski, « Quatre interludes marins » de Benjamin Britten, la « Symphonie concertante n°2 pour violon, violoncelle, hautbois et basson » de Bohuslav Martinů, et « Jalousie » de Leoš Janáček. Quatre œuvres d’époques et de styles différents que Marc Leroy-Calatayud n’a pas de mal à lier les unes aux autres : « trois de ces pièces racontent des histoires. « Roméo et Juliette » de Tchaïkovski s’inspire de la pièce de Shakespeare. « Jalousie » a été composée par Janáček comme une étude préparatoire à son opéra « Jenůfa ». La musique passe par des accès de rage ! Les « Quatre interludes » aussi sont extraits d’un opéra : « Peter Grimes », et présentent les thèmes à venir, comme la bande-annonce d’un film. »
A l’âge où il découvrait Harry Potter, Marc commençait la musique : trompette, puis piano, puis cor. A Lausanne où il a grandi, il a dirigé pour la première fois à 17 ans avant de créer son orchestre, et de poursuivre ses études à Vienne, la Mecque de la musique classique. « La première année, j’allais un soir sur deux écouter des opéras. Les étudiants ont accès pour 3 euros à des places debout. » Il a tenu bon pour écouter le « Ring » de Wagner et ses quinze heures de musique… une broutille quand on a lu les 608 pages du dernier tome de la saga Harry Potter. Ce qui attire Marc dans le métier de chef ? « On part du silence, du vide et on crée des sons qui font rêver le public : c’est magique ! »
Jeudi 8 février, auditorium de Bordeaux. 8 à 50 euros. 05 56 00 85 95. « Mârouf, savetier du Caire » du 7 au 14 février, Grand-Théâtre de Bordeaux. 8 à 110 euros. 05 56 00 85 95.