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Réussite éclatante pour Les bains macabres

COMPTE-RENDU – La première œuvre lyrique est une étape importante dans la carrière d’un compositeur ou d’un écrivain. Cette étape est franchie de manière éclatante par Guillaume Connesson et Olivier Bleys avec l’opéra-comique Les bains macabres, créé au Théâtre Impérial de Compiègne et repris actuellement au Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet avec l’orchestre Les Frivolités Parisiennes.

Des rires fusent, plusieurs coups de feu claquent et l’opéra s’achève, aussitôt acclamé par le public du théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet, évidemment conquis. 2h30 (avec entracte) sans une seconde d’ennui : telle est la performance réalisée, pour leur première production lyrique, par le compositeur Guillaume Connesson et l’écrivain Olivier Bleys. Ivre de clameurs et de vapeurs – l’intrigue se situe dans une station thermale –, on se surprend, à ce moment, à douter : vient-on d’assister à un opéra-comique ou était-ce un numéro de funambules ?

Car la réussite de cette réalisation repose sur la grande harmonie du trio composition/livret/mise en scène, permettant au tout d’atteindre d’habiles équilibres, avec l’apparence du facile. Exemple d’équilibre remarquable : celui du discours, à la fois parodique, humoristique, opéra-comique oblige, et sérieux voire grave. Le livret offre des personnages burlesques, des calembours et du comique de situation. Et si l’intrigue parodie l’amour tout puissant, celui qui survit à la mort, la naissance de cet amour se situe dans l’acte de mort lui-même. L’héroïne, une employée d’un établissement thermal adorée par ses clients souffrants, est la serial-killeuse de ces mêmes clients. La révélation qui en découle assure un effet comique certain mais permet également la transition vers un autre sujet latent : l’euthanasie.

La partition se lit en miroir du livret : les phrases semblent simples mais regorgent de détails ingénieux. L’humour peut se révéler potache – ah ! ce son d’ouverture de Windows lorsque l’héroïne lance une conversation Skype ! – ou plus subtil. Enfin, la musique devient par moment sombre et puissante comme dans ce passage qu’on pourrait nommer « l’air du sable ». Dernier élément du triptyque, la mise en scène, signée Florent Siaud, est du même acabit : simple et signifiante avec effets comiques efficaces, elle permet également à l’aspect fantastique de l’œuvre de se déployer. Sa profondeur devient alors palpable, provoquant alors un certain vertige.

Autre point d’équilibre notable, celui trouvé entre la contemporanéité et l’emprunt au passé. Ainsi, la musique est « contemporaine » tout en étant tonale, certes, mais elle est également remplie de fantômes du passé, en provenance du panthéon des « grands » compositeurs comme de Broadway ou d’Hollywood, en fonction de l’effet recherché, effet qui soutient toujours le livret. La mise en scène allie également une belle modernité (la conversation Skype retransmise sur grand écran est d’une grande force poétique) mais sait rester parcimonieuse dans l’innovation.

Les trois rôles principaux, tenus par la soprano Sandrine Buendia, le baryton Romain Dayez et le ténor Fabien Hyon sont à la hauteur de cette création, sans toutefois atteindre l’excellence. La musique est bien servie par l’orchestre Les Frivolités Parisiennes dirigé par Arie Van Beek. En passant cette commande avec le Théâtre Impérial de Compiègne, la compagnie franchit une étape importante de sa jeune existence et s’assure une place dans le monde restreint des orchestres parisiens qui comptent.

Les Bains macabres, Théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet, le vendredi 31 janvier 2020. Nouvelles représentations les 1er, 4, 5 et 6 février 2019

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2 Commentaires

  1. […] « Réussite éclatante pour les bains macabres. […] Des rires fusent, plusieurs coups de feu claquent et l’opéra s’achève, aussitôt acclamé par le public du théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet, évidemment conquis. […] la réussite de cette réalisation repose sur la grande harmonie du trio composition/livret/mise en scène, permettant au tout d’atteindre d’habiles équilibres, avec l’apparence du facile. » (Yannick Foratier, Classique mais pas has been) […]

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