AccueilPlaylistsDu classique en temps de confinement #5 : Bonjour tristesse

Du classique en temps de confinement #5 : Bonjour tristesse

PLAYLIST – Une playlist qui ne fait pas semblant d’être joyeuse, qui ne prétend pas que tout va bien. Vous êtes triste ? À défaut de guérir cette tristesse, la musique peut l’accompagner. Une playlist à retrouver également sur nos chaînes sur YouTube et Spotify.

Comme vous peut-être, j’ai perdu un être cher à cause de ce fichu virus. Cet être cher est sans doute plus en paix aujourd’hui qu’il n’était dans son Ehpad. Pour ceux qui portent son deuil, c’est différent : pas de possibilité de se réunir, de s’embrasser, de se dire, les yeux dans les yeux, combien nous l’aimions, malgré ses défauts et son drôle de caractère. Vendredi 10 avril, quelques proches ont pu lui rendre un dernier hommage. Pas moi. Alors, j’ai voulu mettre de la musique sur mes pleurs.

Gustav MAHLER
Enfant, j’ai regardé ce film : Le Maître de musique. La fin du film – la mort du maître alias le baryton José Van Dam – est magnifique et son accompagnement musical ne m’a jamais lassée. Il s’agit d’un poème de Friedrich Rückert (poète à succès des romantiques allemands) mis en musique par Gustav Mahler, qui lui aussi a eu son lot de décès intimes. L’orchestre est seul, un long moment, puis vient la voix du baryton qui dit cette première phrase du poème : « Ich bin der Welt abhanden gekommen » que l’on peut traduire par : Je me suis coupé du monde.

José Van Dam (baryton-basse) et l’Orchestre de la RTBF

Thomas WEEKLES
Lors d’un concert de l’ensemble Vox Luminis à Utrecht (voir ici), j’ai failli exploser en larmes à l’écoute de ce motet Death Hath Deprived Me (La mort m’a privé). Thomas Weelkes (1576-1623) l’a composé pour saluer la mort d’un ami cher. Plus que jamais, la voix semble l’instrument idéal pour accompagner le deuil : elle sait pleurer en chantant et dire les mots dont on manque.

Gabriel FAURÉ
Voilà toute l’ironie de cette période : il fait un temps radieux de Pâques, la nature explose, le silence métropolitain nous permet d’écouter pleinement son incessant discours. « Hélas, j’ai dans le cœur, une tristesse affreuse ! » dit ce poème de Théophile Gautier mis en musique par Gabriel Fauré, pour sa mélodie Tristesse. La puissance de ce poème peut détourner l’oreille de cette poignante musique … Il faut alors l’écouter dans sa version pour violoncelle.

Marc Mauillon (baryon), Anne Le Bozec (piano)
Christian-Pierre La Marca (violoncelle), Amandine Savary (piano)

Giacomo PUCCINI
Dans le registre tragique, un compositeur a su mettre en musique la tension entre Éros (l’énergie vitale) et Thanatos (la mort). Dans Tosca, Puccini donne aux ténors l’un des plus beaux airs du répertoire : « E lucevan le stelle ». Le chevalier Cavaradossi est condamné à mort. Il sera fusillé au petit jour et, alors que « montent les étoiles » il tente d’écrire une dernière lettre à sa bien-aimée, Tosca. Son esprit se perd dans le souvenir de ses baisers, de la porte du jardin qui, en s’ouvrant, annonçait leurs étreintes futures. « Je vais mourir et pourtant, je n’ai jamais autant aimé la vie » conclut Puccini…

Roberto Alagna (ténor), Orchestre du Metropolitan Opera

Maurice RAVEL
Cette Barque sur l’océan me fascine : comment Ravel a-t-il pu aussi bien rendre le rythme des flots ? Ce rythme captive mon oreille autant qu’il fait monter une certaine inquiétude. Même sous les doigts solides de Bertrand Chamayou, j’ai peur que la barque ne tangue. Les morts montent à bord de la barque qui les conduit sur l’autre rive. Pour beaucoup, la mort n’est qu’un passage…

Francis POULENC
…et comme la barque des morts, la tristesse passera, pour peu qu’on s’arme de patience. Paul Eluard, au cœur de l’obscurité en 1942, écrit sur le courage et la liberté. Sans doute avez-vous dû apprendre à l’école son poème qui commence par « Sur mes cahiers d’écolier / Sur mon pupitre et les arbres / Sur le sable de neige /J’écris ton nom… ». Dans ce même recueil, Poésies et Vérité 1942 il y a ces vers, légèrement surréalistes, que Francis Poulenc, comme un acte de résistance, a mis en musique.

Toi ma patiente ma patience ma parente
Gorge haut suspendue orgue de la nuit lente
Révérence cachant tous les ciels dans sa grâce
Prépare à la vengeance un lit d’où je naîtrai.

(Dans Poésie et vérité 42, 1942)

Choeur de chambre Accentus, Laurence Équilbey (direction)

Liste détaillée des œuvres

  • Gustave MAHLER, Ich bin der Welt abhanden gekommen, Rückert Lieder n°5
  • Thomas WEELKES, motet Death hath deprived me of my dearest friend
  • Gabriel FAURÉ, mélodie Tristesse, Op.6
  • Giacomo PUCCINI, E lucevan le stelle, Tosca, acte 2
  • Maurice RAVEL, Une barque sur l’océan, pour piano, extraite de Miroirs
  • Francis POULENC, mélodie Toi ma patience, extraite de Figure Humaine

Retrouvez cette playlist sur notre chaîne sur Youtube et Spotify

- Espace publicitaire -
Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

- Espace publicitaire -

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

- Espace publicitaire -

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]