CONCERT – L’Ensemble intercontemporain propose le 16 octobre prochain à la Philharmonie de Paris un concert monographique consacré à Gérard Grisey. L’occasion de (re)découvrir l’un des compositeurs les plus marquants du XXe siècle.
Quels sont les compositeurs contemporains qui vont marquer notre temps ? Si vous avez séché à répondre à cette question, le prochain concert de l’Ensemble intercontemporain va vous y aider. Le 16 octobre à la Philharmonie de Paris, l’ensemble dédié à la musique contemporaine présente une soirée monographique consacrée à Gérard Grisey (1946-1998), l’un des pères de la musique spectrale. Au programme : Stèle, Vortex temporum et Quatre chants pour franchir le seuil, dont la partie vocale sera assurée par la jeune soprano américaine Sophia Burgos.
Sophia Burgos a une manière simple de décrire l’effet de la musique contemporaine sur les auditeurs. Elle conte ainsi sa première expérience, avec cette musique : « J’ignorais alors tout de la musique contemporaine, et ce n’est qu’à l’invitation d’un ami que j’ai assisté à ce concert. Je garde un souvenir très vif de Pression, pour violoncelle, d’Helmut Lachenmann (né en 1935, ndlr). J’ai été vraiment dérangée par la musique et je suis sortie de là très irritée. Ce n’est que trois jours plus tard que je me suis rendue compte de son pouvoir. »
La musique de Gérard Grisey possède assurément ce pouvoir, en témoigne les trois œuvres présentées lors du concert de l’Ensemble intercontemporain (EIC) placé sous la direction de Matthias Pintscher.
Vortex Temporum (1994-96), véritable chef-d’œuvre de Grisey pour piano et cinq instruments, entremêle le temps des hommes, le temps des baleines et celui des oiseaux et des insectes dans un véritable « tourbillon temporel » et timbral. Comme le souligne le musicologue Thomas Vergracht, dans un portrait du compositeur (à lire ici) : » inspiré autant par les formes d’ondes les plus abstraites que par les arabesques de Ravel et Debussy, Vortex est un petit univers clos qui semble tourner sur lui-même comme un mobile ».
Stèle (1995), composée alors que Vortex Temporum est encore en chantier, propose un voyage dans le temps : pour faire « émerger le mythe de la durée », Grisey convoque l’image « d’archéologues découvrant une stèle et la dépoussiérant jusqu’à y mettre à jour une inscription funéraire ». On y retrouve, avec seulement deux percussions, le processus hypnotisant typique de l’écriture de Grisey.
Enfin, l’EIC donnera les mythiques Quatre chants pour franchir le seuil. La partition a tout d’une œuvre testament, même si elle n’a pas été conçue comme telle : c’est la dernière œuvre achevée du compositeur, décédé prématurément en 1998. Gérard Grisey livre une méditation musicale sur la mort, composant involontairement son propre Requiem. « Une œuvre incroyable, selon la soprano américaine Sophia Burgos, qui l’interprétera avec les quinze musiciens de l’Ensemble intercontemporain, une musique expressive et hautement dramatique, au livret inoubliable ».
« Passages », vendredi 16 octobre à 20h30 à la Philharmonie de Paris – Salle des concerts – Cité de la musique. Tarif : 20€. Réservations : philharmoniedeparis.fr et 01 44 84 44 84.
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