AccueilDisquesDisque : Neeme Järvi offre un vent de fraîcheur et de jeunesse

Disque : Neeme Järvi offre un vent de fraîcheur et de jeunesse

DISQUE – Le grand chef d’orchestre estonien Neeme Järvi, 83 ans, continue d’explorer des répertoires peu enregistrés pour le plus grand bonheur des mélomanes. Son dernier album French Music for the Stage (musique française pour la scène), enregistré avec l’Orchestre national symphonique d’Estonie est un petit bijou fort réjouissant.

“Quelqu’un doit faire le travail de pionnier », déclarait Neeme Järvi en 2001, au quotidien britannique The Guardian. Vingt ans plus tard, il continue inlassablement son œuvre en musique classique. Avec plus de 400 enregistrements au compteur, ce monstre sacré de la direction d’orchestre enregistre avec la curiosité et l’énergie d’un jeune homme.

Neeme Järvi aime la musique. Et il aime les musiciens et musiciennes d’orchestre, qu’il dirige en leur laissant une grande liberté, comme on peut le voir dans cette vidéo d’un concert qu’il a donné, en 2019, avec le Royal Scottish National Orchestra, dans un programme entièrement français.

Järvi senior (son fils, Paavo Järvi est aussi un célèbre chef d’orchestre) a une gestuelle unique, souvent assez minimaliste, qui semble s’adapter aux caractéristiques de la musique qu’il dirige, ainsi qu’à son inspiration personnelle. Il a résumé parfaitement le rôle étrange du chef d’orchestre, dans un entretien au magazine britannique Gramophone, en 2018 : “La direction d’orchestre est un peu comme le travail d’un artiste, comme le dessin. Vous tracez une ligne, vous suivez le crayon, vous allez là, vous finissez magnifiquement. C’est exactement la même chose en musique.” Cela semble simple, mais en fait cela requiert un mélange très complexe de technique, de charisme et d’instinct. 

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Le délicieux programme choisi par Neeme Järvi dans son dernier album, est représentatif de la musique française composée pour la scène, aussi bien pour l’opéra, le ballet ou le théâtre, au XIXe siècle et au début du XXe siècle. C’est un programme également très généreux avec plusieurs ouvertures d’opéras de François-Adrien Boieldieu (1775–1834), Daniel-François-Esprit Auber (1782-1871), et Ambroise Thomas (1811-1896), ainsi que la musique de scène du Roi s’amuse de Léo Delibes (1836-1891), et le ballet Espada de Jules Massenet (1842-1912).  

Évasion et voyages

Mais ces œuvres n’ont pas été choisies au hasard. Elles ont un thème commun, celui de l’évasion. Ce disque nous fait voyager, à travers les siècles et les continents. Et cela tombe vraiment bien : comme nous ne pouvons pas voyager à cause de la crise sanitaire, au moins pouvons-nous nous évader musicalement, notamment grâce aux deux pièces de résistance du disque, Le Roi s’amuse de Léo Delibes et Espada de Jules Massenet. 

© Chandos

En 1832, Le Roi s’amuse de Victor Hugo (1803-1885) fut interdite après sa première représentation, pour ce que les censeurs percevaient comme une critique du roi Louis-Philippe. En 1851, la pièce inspira le livret de Rigoletto de Verdi, mais avec un changement de lieu d’action, de la cour de France au duché de Mantoue en Italie. En 1882, pour la reprise de la pièce, la Comédie-Française fait appel au compositeur Léo Delibes pour écrire une musique de scène. Dans ces Airs de danse dans le style ancien, il parvient à évoquer l’esprit de la musique des années 1520, non pas dans une recherche d’authenticité musicologique, mais en s’inspirant librement de la musique française de la Renaissance, tout en restant fidèle à son propre style musical. 

Jules Massenet est célèbre pour ses opéras Manon et Werther, mais il composa également des œuvres non-lyriques, et notamment des ballets. Dans Espada (1908), qui relate une histoire d’amour tragique sur fond de corrida, on entend clairement l’influence des espagnolades, qui ont tant marqué la musique française : Bizet à Ravel, en passant par Chabrier, Saint-Saëns et Debussy. Clairement influencé par Carmen de Bizet, Espada comprend une Marche des toréadors et un jeu de cartes, ainsi que des danses espagnoles (boléro, fandango).  

C’est pour qui ?
  • Pour celles et ceux qui ont le goût de l’évasion et de la rareté musicale : une occasion parfaite de découvrir des œuvres peu connues du répertoire français du XIXe siècle et du début du XXe siècle. 
  • Si vous aimez danser dans votre salon, ce disque est pour vous.
Pourquoi on aime ?
  • Ce répertoire léger, coloré, rythmé, apporte un vent de fraîcheur dans une période assez morose.
  • L’interprétation de Neeme Järvi et son orchestre estonien est brillante, dansante, et chatoyante.
  • Après avoir chroniqué deux autres disques du label Chandos depuis le début de l’année, grâce au hasard des sorties discographiques, voici un troisième album qui montre l’excellence de label anglais.
Vous aimerez aussi
Neeme Järvi et l’Orchestre national symphonique d’Estonie, French Music for the Stage. Chandos, 2021. (1h18)
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2 Commentaires

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