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Identités connectées : s’interroger en temps de crise

CONCERT — Magnifique surprise que ce spectacle donné au musée du Quai Branly, mi-avril, autour d’une œuvre de la compositrice mexicaine Diana Syrse. Idéalement adapté pour une diffusion numérique, Identités connectées interpelle le spectateur sur le concept mouvant d’identité. C’est à voir sur YouTube.

À l’heure où certaines personnes tentent de faire croire que l’identité est un concept figé, au risque de fracturer nos sociétés, le concert-spectacle Identités connectées apporte le plus beau des démentis. Le metteur en scène Aleksi Barrière et le chef d’orchestre Clément Mao-Takacs l’ont construit autour de la musique de la compositrice mexicaine Diana Syrse (1984), dont le diptyque Connected Identities nous invite à nous interroger sur nos identités mouvantes.

Metissages musicaux

Première étape de ce voyage initiatique avec Batik (1926) du compositeur mexicain Silvestre Revueltas (1899-1940). Dès le début, le ton est donné. La scène du théâtre Claude Lévi-Strauss du musée du Quai Branly est nimbée d’une lumière rouge. Au fond, se dressent deux grands panneaux verticaux, sur lesquels sont projetées des couleurs et des formes géométriques. Ces jeux de lumière évoquent le batik, une technique millénaire d’impression sur textile, née sur l’île de Java avant de se propager sur d’autres continents. C’est une parfaite métaphore pour l’ambition de Mao-Takacs et Barrière dans ce spectacle : “interroger l’identité métissée et les rituels qui permettent de l’explorer ».

À l’heure où certaines personnes tentent de faire croire que l’identité est un concept figé, au risque de fracturer nos sociétés, le concert-spectacle Identités connectées apporte le plus beau des démentis.

Deuxième étape de ce voyage avec L’Homme et son désir (1921) de Darius Milhaud (1892-1974), qui nous transporte au cœur de la forêt amazonienne. C’est un rêve poétique fiévreux, rythmé par le son envoûtant d’un petit orchestre avec un fort effectif de percussions et des vocalises sans paroles de quatre chanteurs. Milhaud cherche à renouer avec l’esprit sensuel et rituel des musiques traditionnelles sud-américaines, et ainsi à libérer la musique européenne de ses carcans formels. La projection de couleurs et d’images de la forêt amazonienne sur les panneaux permet une immersion totale dans ce ballet aux accents primitivistes.

“Tout est connecté”

Vient ensuite la troisième étape avec le cycle pour soprano et orchestre Connected Identities (2017-2020) de Diana Syrse, 37 ans. Cette œuvre foisonnante, viscérale, déstabilisante, nous permet d’explorer la complexité de notre rapport à la société et à la nature. Dans la première partie (2017), Syrse nous entraîne dans un voyage initiatique. D’origine maya, elle s’identifie d’abord à un nahual, un être mi-humain, mi-animal, et rampe comme un jaguar sur scène. Mais pour exister, il faut “sortir de soi”, aller à la rencontre de l’autre. Chantant différentes langues, Syrse se perd alors dans les méandres de notre monde, et on se perd avec elle. La deuxième partie (2020) nous fait traverser les siècles pour remonter à l’ère cambrienne, il y a 350 millions d’années, afin d’explorer les origines de notre écosystème terrestre et du vivant.

“Tout est connecté”, chante Syrse, qui incarne sur scène une Mexicaine, qui explore à la fois ses propres origines maya, mais est amenée à s’extraire de sa culture pour s’immerger dans d’autres, américaines et européennes, au risque de voir son identité voler en éclats. Cette première partie est une vraie tour de Babel musicale et linguistique, mêlant différentes langues, influences musicales et textures sonores. La deuxième partie, The Invention of Sex, est consacrée à l’émergence des écosystèmes sur terre, il y a 500 millions d’années et au développement complexe du monde dans lequel nous vivons. 

Enfin, nous retournons au port de départ avec le poème symphonique Sensemayá (1938) de Revueltas. Souvent comparé au Sacre du printemps (1913) de Stravinsky, Sensemayá évoque un rituel afro-cubain de fertilité et de renaissance. Ses rythmes obsessionnels, envoûtants et dissonants, nous entraînent dans un chaos sonore jubilatoire.

Identités connectées est disponible sur YouTube
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