AccueilDisquesBernard Herrmann : du cinéma mené à la baguette

Bernard Herrmann : du cinéma mené à la baguette

DISQUE – Compositeur majeur des musiques de film de l’âge d’or d’Hollywood, Bernard Herrmann est d’abord connu pour ses partitions pour les films d’Alfred Hitchcock.

Les cordes tranchantes de Psycho, la scène d’amour wagnérienne de Vertigo, le fandango endiablé de North by Northwest sont dans les mémoires des cinéphiles. Cependant, la collaboration entre le compositeur Bernard Herrmann et le réalisateur Alfred Hitchcock est l’arbre qui cache la forêt. Et doublement.

Car Herrmann a non seulement écrit tant d’autres chefs d’œuvres de musique à l’image pour les plus grands réalisateurs – d’Orson Welles pour Citizen Kane (1940) à Martin Scorsese pour Taxi Driver (1976) – mais a aussi une brillante carrière de chef d’orchestre qu’il rêvait plus riche et qu’il n’a jamais vraiment pu faire au niveau où il le souhaitait. 

C’est toute la richesse de ce double emploi de compositeur-chef d’orchestre que Decca vient mettre en lumière en ressortant l’intégralité des enregistrements de musiques de film dirigés par Bernard Herrmann pour la collection Phase 4.

Remastering et effets stéréo

Avant de parler du contenu, il faut tout de suite noter l’excellent remastering réalisé par Decca aux studios Abbey Road de ces enregistrements qui datent des années 70. Le London Philharmonic Orchestra et le National Philharmonic sonnent avec une présence incroyable, les effets stéréo rendent parfaitement justice à cette musique pensée d’abord et avant tout pour le studio et le cinéma. En effet, Herrmann était coutumier des expérimentations sonores et des orchestrations riches et atypiques, ce que le studio lui permettait et qu’il n’aurait pas pu se permettre pour une pièce de concert. 

Herrmann était coutumier des expérimentations sonores et des orchestrations riches et atypiques

Ce coffret de sept albums réunit avant tout la musique de film de Herrmann lui-même qu’il dirige de main de maître, avec une lecture pensée pour le disque et non plus simplement pour le film qu’elle illustre.

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Ainsi, la suite qu’il tire de Psycho est plus lente que l’originale, notamment pour le fameux Prélude, ce qui donne à cette musique une coloration beaucoup plus sombre encore que l’enregistrement pour le film, qui devait tenir dans le temps imparti du générique culte mis en image par Saul Bass. 

On retrouve ainsi un album consacré aux musiques du maître du suspense avec Marnie, North by Northwest et Vertigo. Mais l’essentiel du coffret est ailleurs avec les suites de ses musiques pour des films parfois un peu oubliés : Journey to the center of Earth, the 3 Worlds of Gulliver, the Seventh voyage of Sinbad et d’autres qui sont restés parmi des chef-d’œuvres incontournables du 7ème art : Citizen Kane, Obesssion (dont l’intégralité de la musique fait l’objet d’un album entier), Fahrenheit 451…  

Recherche constante d’émotion

Ce qui frappe dans ces partitions, au delà de la fabuleuse inspiration mélodique, c’est la recherche constante d’une émotion et d’un impact immédiat sur l’auditeur grâce à des orchestration uniques en leur genre. Herrmann démontre qu’il a parfaitement intégré que la musique à l’image doit toucher au plus profond et au plus juste un public d’abord concentré sur des images , des dialogues et des bruitages.

Citons par exemple Journey to the Center of Earth, où il élimine les cordes de l’orchestre pour ne conserver que l’harmonie, renforcée par un orgue de cathédrale et quatre orgues électroniques. Dans The Day the Earth Stood Still, afin de suggérer l’étrangeté des extraterrestres débarquant sur Terre, il utilise deux thérémines qu’il mêle à l’orchestre augmenté d’instruments électroniques : quelle audace pour un film qui date de 1951 !

Mais Herrmann, dans sa carrière de chef, ne se contentait bien sûr pas de diriger uniquement ses propres œuvres. Il nous offre ainsi un voyage dans la musique de film britannique aux côtés de Arnold Bax (Oliver Twist), Vaughan Williams (The Invaders), Constnt Lambert (Anna Karenina), William Walton (Escape me never)… montrant ainsi la richesse de ce cinéma assez mal connu chez nous et qui regorge de petites pépites musicales. 

A noter, un album consacré aux musiques de film et de scène autour de Shakespeare avec le premier enregistrement « à l’Ouest » (c’est écrit ainsi sur la pochette de 1975 !) du Hamlet de Dimitri Chostakovitch, aux côtés des rares Julius Caesar de Miklos Rozsa et Richard III de William Walton. 

Un seul bémol : l’absence de l’enregistrement des Planètes de Gustav Holst, toujours dirigé par Herrmann avec le London Philharmonic dans la même collection. Ce n’est certes pas une musique de film mais cette oeuvre a tellement inspiré les compositeurs de musique à l’image , John Williams en tête, qu’il aurait été bienvenu dans un tel coffret, d’autant qu’aucune réédition de cette version n’a jamais vu le jour. 

Un coffret important d’enregistrements légendaires superbement restaurés, témoignage sublime d’un âge d‘or de la musique au cinéma. 

Pourquoi on aime ?

Parce que Bernard Herrmann est peut-être le plus grand compositeur de musique de film de tous les temps et qu’entendre ses partitions cultes sous sa direction est une expérience unique. 

C’est pour qui ? 

Pour ceux qui aiment écouter la musique de Psychose en prenant une douche et celle de la Mort aux Trousses en attendant le bus !

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