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Concerts Candlelight : féerie en classe éco

COMPTE-RENDU – Vous n’avez pas pu les rater : les concerts Candlelight ont envahi les espaces publicitaires ciblés sur les réseaux sociaux et fait leur entrée dans le paysage culturel des grandes villes. Nous sommes allés voir de plus près, à Bordeaux, ce phénomène qui promet magie et enchantement à la lueur des bougies.

Si les cookies de votre plateforme d’écoute en ligne vous ont repéré comme un mélomane mordu aux playlists classiques, vous êtes forcément la cible d’une publicité endémique sur les réseaux sociaux. Une photo féérique et un titre accrocheur qui promet un moment inoubliable à la lueur des bougies dans un lieu emblématique du patrimoine architectural de votre ville : les concerts Candlelight ont jeté leur dévolu sur vous. Et croyez-nous, ils ne sont pas prêts de vous lâcher !  

C’est une nouveauté dans le paysage des concerts classiques. Véritable phénomène mondial, ce nouvel emballage de la musique classique version Walt Disney a de quoi séduire. Qui ne se verrait pas assis confortablement dans une église baroque illuminée comme au bon vieux temps de la lueur vacillante de centaines de bougies pendant qu’un piano à queue déverse le doux envoûtement des grands standards de Frédéric Chopin ? Le tout pour la modique somme de 35 euros ? Avec ça c’est sûr, vous allez conclure…

Voyage en vol low-cost

Nous avons donc voulu en savoir plus, et avons reçu une invitation de l’organisateur pour le récital Chopin donné le 3 novembre à l’église Notre-Dame de Bordeaux, que l’on connaît pour avoir une acoustique assez variable. En arrivant, la première chose qui frappe, c’est la grande diversité des spectateurs, et leur jeunesse. Jeunes couples, bande de copains trentenaires : de quoi faire pâlir d’envie toutes les maisons d’opéra en quête de renouvellement de leur public.

Avec leur publicité hyperactive et la ressource de Fever, la multinationale de l’événementiel touristique qui les porte, les Candlelight Concerts auraient trouvé la recette pour rendre attractif un genre boudé par le grand public. Non seulement ce public est divers, mais il est sacrément nombreux ! Cette entreprise-là ne connaît pas la crise.

FAUT-IL ÊTRE AMOUREUX POUR JOUER DU PIANO ? RÉPONSE DANS L’INTERVIEW PERCHÉE D’ALEXANDRE KANTOROW !

Car il faut le dire, les Candlelights Concerts sont une entreprise. Ils sont donc tenus à des objectifs de rentabilité. Et quand on veut être rentable, c’est bien connu : on augmente les cadences ! Ainsi deux séances sont proposées dans la même soirée. Ce qui veut dire deux performances à assurer pour l’artiste. On ne connaît pas le cachet, mais on l’espère à la hauteur… Désagrément notable pour le public du deuxième concert : il faudra attendre la fin du premier… et la sortie devant vous de la foule pour pouvoir entrer dans l’église.

Un concert annoncé à 21h45 peut ainsi démarrer avec trente minutes de retard, laissant au public l’impression d’embarquer dans un vol low-cost plutôt que d’assister à un événement premium. Et quand, enfin, on pénètr sur le lieu de ce concert magique et tant attendu, on s’aperçoit que l’argument de vente phare, les bougies, sont électriques. Naïfs que nous sommes… 

Pianiste oublié

Maintenant que nous avons débarrassé l’événement de sa cosmétique, place à la musique ! Et place au grand absent de l’opération marketing : l’artiste. Jamais mis en avant, poussé à une belle cadence de deux concerts par jour sur trois dates successives, l’acteur pourtant essentiel de l’affaire passe au second plan. Sa performance honorable dans un répertoire très exigeant (Préludes et Sonate polonaise héroïque de Chopin entre autres) ne fait pas oublier l’organisation chaotique ou l’acoustique variable, mais il fait le job. Avec la fatigue accumulée et l’impératif de présenter les pièces au micro avant de les jouer, on ne peut décemment pas en attendre plus de lui.

Jamais mis en avant, poussé à une belle cadence de deux concerts par jour sur trois dates successives, l’artiste, pourtant essentiel de l’affaire, passe au second plan.

Frédéric Renoux, accompagnateur de la classe de danse du Conservatoire de Bordeaux est un bon pianiste, c’est indéniable, mais il ne nous en voudra pas d’écrire qu’à quelques rues de là, dans des auditoriums modernes, confortables et acoustiquement formidables, des interprètes de très haut vol se produisent régulièrement, pour le même prix qu’un Candlelight Concert*. Il n’y a aura pas de bougies certes, mais depuis quand la musique en a-t-elle besoin pour entretenir la flamme ?

*Exemple : ce mois-ci à l’auditorium de Bordeaux, le festival l’Esprit du piano attend Arcadi Volodos, Sir Andras Schiff, Elisabeth Leonskaja, Dan Tepfner ou encore Alexandre Kantorow… pour 25 ou 45 euros et même un euro si vous avez moins de 28 ans pour le concert d »Alexandra Dovgan qui joue… Chopin !

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1 COMMENTAIRE

  1. Oui, oui, dites-le et répétez-le: cette entreprise ne vise que le fric et loin d’attirer un nouveau public (ça marche une fois), elle risque de le dégoûter en l’ennuyant profondément. Une heure de musiques de films pour piano seul ou un Requiem de Mozart sans chanteurs (si, si) le tout par des interprètes médiocres, risque de conforter la belle jeunesse dans l’idée que la musique non amplifiée, c’est trop ch…

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