AccueilA la UneArianna à Saclay : Quand Monteverdi part dans l’espace

Arianna à Saclay : Quand Monteverdi part dans l’espace

COMPTE-RENDU – Collision entre musique et cosmologie, Arianna est présentée au tout nouveau théâtre de l’Ecole Normale de Saclay et bientôt à l’Opéra de Massy. Une façon de ré-interroger le mythe d’Arianne au XXIe Siècle en croisant une partition perdue de Monteverdi et le destin incroyable de la cosmonaute soviétique, Valentina Terechkova, une pionnière oubliée de l’histoire scientifique.

Arianna est le fruit d’une rencontre artificielle provoquée par l’auteur Milan Otal. Il réunit l’opéra disparu de Monteverdi, Arianna et les mémoires d’une cosmonaute soviétique, Valentina Terechkova. Ce spectacle (incubé par la POP) est présenté dans un lieu à part : la Scène de recherche de l’Ecole Normale Supérieur Paris-Saclay. La vocation de ce théâtre tout neuf, au coeur du campus, est de privilégier les contacts entre arts et sciences…

Playlist SpaceX : 6 morceaux de musique classique pour décoller
Le deuxième opéra de l’histoire

Plusieurs fils se croisent ici. Celui du mythe de l’Ariane antique, dont le chagrin et la colère d’avoir été abandonnée par Thésée est mis en musique par Monteverdi en 1608. Celui aussi de cette oeuvre baroque considérée comme le deuxième opéra de l’histoire et qui a rejoint le panthéon de la musique après sa disparition lors d’un incendie, ne nous laissant qu’un lamento de 10 minutes. Et celui enfin de Valentina Terechkova, première femme de l’histoire à effectuer un vol spatial en 1963, glorifiée par le régime mais dont le nom a progressivement disparu de nos mémoires au profit de Youri Gagarine et des américains Aldrin et consort.

Expérience de chaussure-fusée avec Valentina Terechkova © Nasa
Une cobaye de l’aventure aérospatiale soviétique

« L’objet même du spectacle est de mettre en miroir ces deux femmes » nous confie Ismaël Tifouche-Nieto, le metteur en scène. « Ariane et Valentina sont l’exemple de deux types d’aliénation ». La première incarne la femme abusée qui s’enfuit avec son amant avant qu’il ne l’abandonne sur une île déserte. La seconde a été sélectionnée et entrainée pour servir de cobaye à l’aventure aérospatiale soviétique. Il s’en est fallu de peu pour que Valentina Terechkova ne retrouve jamais la terre ferme.

Un défaut technique a d’abord empêché sa capsule de reprendre le chemin de la mère patrie. Propulsée vers les étoiles, la jeune femme a réussi à inverser sa trajectoire et eu la vie sauve. Cet épisode est longtemps resté « secret défense » ce qui n’a pas empêché Valentina de le raconter dans son journal dont des extraits sont ici lus en russe. Les paroles de la cosmonaute à la dérive s’imposent alors comme un écho aux lamentations de l’Ariane de Monteverdi. De quoi faire dire au récitant qu’il « n’est pas sage de partir de chez soi » quand on est femme…

Découvrir le son des étoiles

Trois musiciens, une danseuse et un conteur incarnent cette invention théâtrale. Le metteur en scène Ismaël Tifouche-Nieto n’hésite pas à mettre à contribution le spectateur et à le prendre par la main pour le conduire jusque dans la salle, investissant les extérieurs du théâtre pour donner de la vie à un lieu fascinant mais un peu froid, fait de béton et de verre. Le ciel et les étoiles jouent aussi leur rôle dans cette pièce, et pas seulement à travers les baies vitrées du hall d’accueil.

Point de départ du spectacle, l’oeuvre de Monteverdi n’est cependant qu’un « prétexte », de l’aveu même du compositeur Vincent Trollet. On n’entendra pas les accents baroques du compositeur italien mais une partition originale qui revisite le célèbre lamento. Vincent Trollet a écrit un accompagnement électro-acoustique qui, s’il est discret au début de la pièce, prend toute son ampleur dans la seconde partie, dédiée à Valentina Terechkova. Le travail avec l’astronome Frédéric Baudin, de l’Institut d’astrophysique spatial (CNRS /Université Paris Saclay), lui a permis de retranscrire des sons d’étoiles et de produire une composition musicale qui, conjuguée au travail vidéo de David Coignard, produit un sentiment d’immersion final.

Spectacle à voir vendredi  3 et samedi 4 décembre à 20h. 5 à 20 €. Informations et réservations sur le site de l’Ecole Normale Supérieur Paris Saclay. Reprise à l’Opéra de Massy le 18 février 2022.

- Espace publicitaire -
Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

- Espace publicitaire -

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

- Espace publicitaire -

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]