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La playlist classique de Sophie Rabau, écrivaine

PLAYLIST – « La » Callas aurait eu 95 ans cette année. Mais qu’aurait-elle fait à cet âge ? L’écrivaine Sophie Rabau répond dans un roman sans tabou, « Embrassez Maria », sorti le 3 mars aux éditions Les Pérégrines. Elle nous livre sa playlist pour l’occasion.

Devenir un homme avec une voix de baryton, voici l’autre vie de Maria Callas, du moins celle que l’écrivaine Sophie Rabau lui a inventée dans son livre Embrasser Maria (Les Pérégrines) qui paraît ce jeudi. L’icône de l’opéra et des magazines people ne serait donc pas intouchable ? En tout cas, pas selon Sophie Rabau, enseignante-chercheuse à l’Université Sorbonne Nouvelle dans le civil, qui s’est emparée de son héroïne pour compléter les zones d’ombres des biographies et réinventer une fin. La cantatrice ne répétait-elle pas elle-même « Maria Callas peut tout faire » ?


Efficace et structuré, Embrasser Maria réserve une chute dont nous ne dirons rien. Les puristes réagiront sans doute devant ce kidnapping littéraire mais Sophie Rabau assume. « Je désespérais de voir que, même dans les romans sur la Callas, il n’y avait pas de fiction, qu’on ne s’écartait pas du récit officiel, témoigne-t-elle. En tant que fan, j’avais envie d’une autre histoire, j’ai donc inventé cette Callas alternative. »

Ce roman est aussi celui d’une « groupie » qui, adolescente, feuilletait sans se lasser le livret-photos du coffret Callas qu’elle possédait. «Elle m’a fait découvrir la voix lyrique », commente Sophie Rabau qui écoute aujourd’hui toutes les voix, sur scène, dans la rue et à l’église. « Je ne peux pas dire si elles sont toujours bien techniquement mais cela m’est égal, confie-t-elle. Elles sont irremplaçables et elles me manqueraient si elles venaient à disparaitre. »

Je désespérais de voir que, même dans les romans sur la Callas, il n’y avait pas de fiction

Sophie Rabau
Une playlist à retrouver sur notre chaîne YouTube et Spotify.
Luigi CHERUBINI, Medea

On dit que ce moment est celui où Maria Callas ne cherche pas à avoir une jolie voix mais une voix de sorcière. Médée est un personnage traumatisé avec une souffrance indicible. On ne sait pas ce qu’on lui a fait, mais l’abandon par Jason n’est qu’une répétition de ce qu’elle a subi avant, c’est ce que dit cet air et ce que dit Callas ici. Je dirais que la voix lyrique va à l’endroit précis d’une souffrance, dans le corps de celui qui l’écoute.

Giuseppe VERDI – la Forza del Destino

L’enregistrement est mauvais mais Florence Barbara a une voix irremplaçable. Je l’ai vu chanter dans la rue à Paris et, brutalement, j’ai perçu que sa voix construisait l’espace. C’était fascinant. J’ai eu le sentiment de découvrir un trésor que j’étais seule à voir. Il existe des chanteurs lyriques en dehors des « grandes maisons » et il faut être curieux pour les découvrir. Je pensais autant à ces artistes qu’à Callas en écrivant. Elle aussi aurait pu rester inconnue si elle n’était pas tombée sur le « bon » impresario.

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Léonard BERNSTEIN – Maria, West Side Story

C’est un clin d’œil car j’imagine une rencontre Léonard Bernstein-Maria Callas dans mon roman. C’est aussi une manière de dire que le triomphe de Maria Callas est contemporain de West Side Story. On oublie qu’elle a grandi à New York, qu’elle vient de cette Amérique de la comédie musicale, de cette culture, et qu’elle parlait grec avec l’accent américain.

Georges POULENC – Dialogue des Carmélites

Voici une autre voix irremplaçable. Poulenc et cet air me déchirent le cœur. Je ne pleure pas en écoutant de la musique mais là, c’est limite. Comment fait Poulenc ?

Ludwig Van BEETHOVEN – Fidelio

Fidelio est un clin d’œil au travestissement dont il est un peu question dans mon livre. Il faut aimer se déguiser et se métamorphoser pour monter sur scène. Se travestir aurait aussi été une manière d’échapper aux diktats de la féminité que la Callas s’est imposés. Moi, j’ai eu envie de lui dire : « Repos, Maria, tu n’as pas à être celle qu’ils veulent. »

Estrella MORENTE – Por buleria

J’adore tout ce que fait Estrella Morente mais sa voisine, plus âgée, a aussi quelque chose d’irremplaçable. J’ai vu Estrella Morente au Symphonie Hall de Chicago, où elle a commencé son concert par une note lancée dans le noir. C’est l’une des expériences vocales les plus marquantes de ma vie.

Marion WILLIAMS – It Is Well with My Soul

On est en 1962, à une époque ou Callas est active. Le gospel, c’est aussi la voix à l’état sauvage. Il m’est arrivé d’entendre des voix anonymes dans les églises américaines qui étaient de véritables trésors. J’ai vu Marion Williams, ici encore jeune, en concert à New York et à Paris peu de temps avant sa mort. Elle marchait mal mais elle dansait sur scène.

Manos HADJIDAKIS – Les Ballades de la rue Athinas

Ma grand-mère était Grecque et cet album me frappe par sa pureté vocale. Il fait penser aux voix des récitants dans les églises orthodoxes. C’est aussi un clin d’œil aux origines de la Callas.

Francis POULENC – Sonate pour hautbois et piano

Je l’écoute en boucle, pour Poulenc et pour le hautbois dont on dit que c’est l’instrument le plus proche de l’âme et de la voix humaine, et l’un des les plus difficiles.

Sophie Rabau, Embrasser Maria. Ed. Les Pérégrines, collection Audacieuses, 2022. 180 pages, 18 euros.
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