AccueilA la UneSchubert : capitaine d'une soirée bruxelloise

Schubert : capitaine d’une soirée bruxelloise

CONCERT – Les Schubert Days (en bon viennois !), ce sont onze concerts en quatre jours dédiés au premier des Romantiques. Un hommage que l’édition 2022 a rendu du 12 au 16 octobre, au Studio du centre Culturel Flagey, à Bruxelles.

Parmi ces nombreux concerts, la programmation des Schubert Days annonçait, le 13 octobre, une Schubertiade reconstituée. Comme à la grande époque de ces réunions entre amis qui s’échangeaient bons mots, belles partitions et quelques verres. Des soirées où convivialité et franchise étaient les mots d’ordre. Le compositeur aux lunettes rondes tenait particulièrement à cette ambiance de camaraderie, comme le souligne Julien Libeer, pianiste et co-curateur des Schubert Days : “Son public idéal, et de fait, c’était les copains. Son théâtre quotidien, une mansarde”. 

Bien que le Studio 4 de Flagey offre un espace nettement moins pittoresque, l’atmosphère générale suscitée par une sélection d’œuvres romantiques aussi légères que profondes respecte joliment la volonté d’intimité.

Voyons alors de quoi est faite, selon Schubert, une bonne soirée entre amis.

Le pianiste Julien Liber, aux commandes des Schubert Days à Bruxelles, et capitaine de soirée de cette schubertiade. ©Diego Franssess

Faire la fête 

Les pianistes font leur entrée sur les Trois marches militaires (Schubert, op. 51, D. 733), compositions jouées à quatre mains, avec Julien Libeer aux aigus et le britannique Paul Lewis aux graves. Le concert s’ouvre ainsi sur un ton plutôt léger, porté par la synchronisation sans faille des deux musiciens. De quoi refléter l’enivrante euphorie de début de soirée, les retrouvailles, les conversations enthousiastes, les messes basses…

À lire également : La playlist classique de Julien Libeer, pianiste

Se confier

Mais une réception serait-elle aussi marquante sans son lot de drames ? Qui n’a jamais ressenti cette passade mélancolique, en pleine festivité, le regard dans le vide et le besoin de confesser une solitude exacerbée par la joyeuse foule environnante ?

Car si les Marches inaugurent le moment de leurs notes dansantes, le ton se fait plus sombre lorsque le ténor Simon Bode apparaît pour entonner les 3 Gesänge des Harfners (D.478), de lents lieder qu’accompagne Paul Lewis au piano. Une anxiété austère qui se ressent également dans la première intervention de la mezzo-soprano Eva Zaïcik, avec La Jeune fille et la Mort (D.531).

Inviter ses voisins

Passant par les textes parfaitement articulés d’autres compositeurs du XIXe, tels que Robert Schumann et Johannes Brahms, Simon Bode, Eva Zaïcik et le baryton Samuel Hasselhorn, offrent des voix à la fois harmonieuses et contrastées, qui rappellent la “rêverie inquiète”, la “joie naïve” qu’évoque Julien Libeer à propos de la musique de Schubert. 

Tomber amoureux

“Rapprocher la voix des sentiments” : voici l’objectif du lied, genre favori de Schubert. On peut ici bel et bien parler d’une musique qui rapproche. En témoignent les amants et amis réceptifs à la sensibilité des compositeurs du soir. Rassemblés par les fluides cascades du Steinway & Sons, on remarque ce couple âgé se tenant la main, battant la mesure simultanément à grands renforts de regards amoureux. Celui moins âgé mais plus entreprenant, qui accompagne la musique de baisers sonores. Enfin, une démonstration d’affection destinée à tous : les longues embrassades de musiciens complices. 

Quoi de mieux que la fameuse Fantaisie en fa mineur (D.940), dernier morceau à quatre mains de la soirée pour parler d’amour ? Composée par un Schubert épris et affaibli, elle résume de ses nuances tantôt sombres, tantôt enlevées, toutes les teintes d’une soirée romantique. Dans tous les sens du terme.

La nuit : celle que l’on prolonge. Le rêve : celui qui la nourrit. Entre les deux, la musique de Schubert

Guten Abend, gut’ Nacht

Puis, la soirée touche à sa fin, et il faut se dire au revoir. Raccompagner les invités à la porte, avoir encore une dizaine de discussions sur le chemin vers la sortie, se dire qu’on devrait faire ça plus souvent. Puis rentrer chez soi. C’est avec l’interprétation hors programme de la célèbre berceuse Guten Abend, gut’ Nacht de Johannes Brahms, que les artistes souhaitent d’une manière évidente mais attentionnée une belle fin de soirée à un public empli de tendresse.

On sort de ce concert avec une certitude : Schubert connaissait les ingrédients d’une soirée réussie. On reviendra !

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