DANSE – Ce jeudi 20 octobre 2022, La Monnaie de Bruxelles n’a pas seulement permis à son public d’assister à la magie d’une grande époque passée, mais la lui a fait vivre. C’était le fantasme un peu fou de bien d’entre nous : valser dans les grandes salles de l’opéra, comme dans l’une de ces innombrables scènes de film dont on trouve les personnages à peine mielleux… tout en les jalousant.
Ce rêve a pu être réalisé, au dernier étage des Ateliers de La Monnaie, dans une soirée aux conventions défrichées.
Rococo et boule disco
Qui a dit que la danse des siècles passés n’était que rigidité, contrôle, puissance et symbole de succès social ? Si les pas doivent être effectués avec rigueur, le contexte de la soirée, lui, a cassé les codes en tous points.

Ne vous laissez pas duper par le somptueux décor de la salle Fiocco, la lumière chaude et tamisée des chandeliers, les professeur.e.s en costume étincelants, le buffet chic dans le hall et les flûtes de cava. Dans ce décor de cinéma, la boule à facettes posée sur le piano à queue annonce la couleur : fusion des styles !
La fusion, la diversité, l’inclusivité, c’est effectivement l’un des objectifs visés par les organisateurs de la soirée, comme le confirme la professeure de danse Elena Leibbrand. Cette volonté de La Monnaie est non sans rappeler celle du lancement du chœur pour Cassandre qui s’était tenu aux Ateliers début septembre. Et c’est un pari plus que réussi, car ici, la mixité est plus flagrante encore.

Jean-Baskets et robes à paillettes
La diversité caractéristique de l’événement s’est en premier lieu ressentie parmi la foule de danseurs. La salle par des gens de tout genres, de tout âges (étudiants, travailleurs, retraités..), aussi bien francophones que néerlandophones, anglophones ou encore hispanophones. Les caméras de la RTBF slaloment entre les couples, qui comme on se le représente sont formés d’amoureux, mais aussi d’amis, de collègues, de membres de la même famille, et encore de personnes arrivées seules. Cette multiplicité se remarque jusqu’au niveau vestimentaire : nos yeux passent des grandes robes colorées, talons, cravates, nœuds papillon, au classique t-shirt-jeans-baskets. De quoi assouplir l’apparente rectitude de la valse.

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Twist and shout !
Après un cours de danse qui a déjà bien échauffé l’assemblée, c’est dans la salle Malibran qu’Elena Leibbrand et le DJ Funky Bompa prouvent à toutes et tous qu’il est possible de tournoyer sur d’autres pas que ceux de la valse : fox-trot, charleston, tango, argentin/français (de la valse évidemment, pour mettre le cours en application!), entre autres. Sur un panel musical encore bien diversifié, s’étendant des années folles à nos jours, les danseurs se défoulent en couple, puis se mêlent entre eux, font connaissance, échangent les partenaires… Au milieu de la foule effervescente, Elena, pleine de fierté, danse avec ses élèves en s’émerveillant du succès de la soirée.

Celle-ci aura permis de certifier à tous les nostalgiques tous les fans des Chroniques de Bridgerton ou du concours de twist de Pulp Fiction, qu’il est encore possible, au même prix qu’une place de cinéma, d’aller danser à l’opéra pour devenir le main character de son propre film.
La Monnaie n’a d’ailleurs pas fini de nous faire valser, puisque le 28 octobre aura lieu la première de Der Rosenkavalier, avec ses danses tourbillonnantes mais plus de la Vienne du XIXe siècle.