COMPTE-RENDU – La troisième édition du festival « Nouveaux Horizons » à Aix-en-Provence, laisse le champ libre à la nouvelle génération de compositeurs et d’interprètes.
Dans le bel auditorium Campra du conservatoire Darius Milhaud d’Aix-en-Provence, le festival de création contemporaine « Nouveaux Horizons » nous emmène à la découverte de territoires musicaux inconnus, parfois mystérieux (voire déroutants !), souvent éblouissants. Pour sa troisième édition, l’événement propose dix créations mondiales par autant de jeunes compositrices et compositeurs et quinze interprètes de la nouvelle génération, articulées avec des œuvres rares du répertoire dans des programmes riches et originaux. Des rendez-vous à retrouver sur le site des médias partenaires de l’événement, France Musique et Arte.
La jeune génération à l’aventure
Le festival réalise pleinement son ambition de soutenir la création et les jeunes artistes, compositeurs et interprètes du monde entier. Les compositrices et compositeurs (la parité est presque atteinte) invités représentent la nouvelle génération, parmi laquelle on salue Camille Durand-Mabire, qui puise son inspiration aussi bien dans Messiaen et Chostakovitch que dans le Râga Hindoustanique pour son quatuor pour Piano et cordes qui est sa première composition professionnelle.
Du côté des interprètes, la bassonniste Tchèque Michaela Špačková incarne dans l’opulent octuor « Gaïa ou le Cri de la Terre » de Matthieu Stefanelli la voix de la Terre martyrisée, véritable cri de détresse face aux excès de notre temps. La soprano Marie-Laure Garnier saisit pour sa part l’auditoire par le dynamisme tout en nuances de son instrument, dans les deux Gesänge, Op.91 de Brahms. On souligne également la prestation du polyvalent Guillaume Bellom au piano, saisissant de facilité aussi bien dans le très percussif « Rage contre la lumière qui se meurt » de Talia Amar que dans le 2e Quatuor pour piano et cordes de Mozart.
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Prenons de la hauteur
De « nouveaux horizons » peuvent aussi être révélés en prenant un peu de hauteur. La démarche du festival visant à mettre en perspective les créations qu’il propose avec des œuvres du Répertoire est en ce sens tout à fait pertinente, d’autant que les œuvres en question, souvent peu jouées, sont de belles (re)découvertes. Citons notamment le magnifique Trio pour piano, hautbois et basson, op.43 de Poulenc, ou encore le trop rare Octuor à cordes en ut majeur op.7 de Georges Enesco donné en clôture du festival. Les salons de musique proposés en amont des concerts sont également un lieu de transmission et d’échange avec les compositeurs, dont le cadre moins vertical qu’un concert invite au partage.

Gageons que la 4e édition, que nous attendons d’ores et déjà avec impatience, nous réserve encore de belles surprises pour repousser encore nos horizons, dont l’incessante poursuite constitue le cœur de la recherche artistique.