AccueilA la UneIbrahim Maalouf : "Maurice André était comme mon grand-père"

Ibrahim Maalouf : « Maurice André était comme mon grand-père »

CONCOURS – Pas un concours Instagram pour abonnés en quête d’échantillon, non ! Le gros lot du concours international de trompette Maurice André qui s’ouvre ce week-end est comme la médaille d’or aux Jeux Olympiques : il couronne un grand talent, et promet une belle carrière. Après 16 ans d’absence, la relance de cet événement majeur est initiée par Ibrahim Maalouf.

Dans une interview réalisée à l’été, la chef de chœur Sarah Koné qui dirige la maîtrise populaire de l’Opéra Comique décrivait le travail qu’elle fait avec les jeunes comme celui du centre de formation d’un grand club sportif. En ces temps où le football s’apprête à inonder l’actualité, filons la métaphore un peu plus loin dans le parcours d’un jeune talent. 

Après des années de travail acharné, d’évaluations et de remises en question, vient le temps de se présenter pour décrocher la timbale dans une compétition majeure. S’il n’y a pas de “coupe du monde de la musique”, les grands concours internationaux sont l’équivalent de ce graal que convoitent les futurs solistes. Et, comme le trophée Web Ellis en rugby, ces récompenses portent parfois le nom d’un illustre nom de la discipline.

Maurice André, figure de la trompette française (et mondiale !)

Dans le monde de la trompette, celui de Maurice André est une vraie référence. Selon Ibrahim Maalouf, “Il est le plus grand soliste français de la fin du XXe siècle”. 

  • Mais, qu’est-ce que vous venez faire ici, Monsieur Maalouf ? 
  • “Je suis à l’initiative du retour du concours international de trompette Maurice André. Accessoirement, Maurice André est l’homme qui a permis à mon père de venir vivre et travailler en France, et à ma famille de fuir la guerre au Liban. Il est une figure tutélaire de ma vie, il est comme mon grand-père”. 
  • Aaaah d’accord ! 
À lire également : Le portrait d'Ibrahim Maalouf réalisé en 2011 par Séverine Garnier

En effet, quand on regarde le parcours de ce musicien qui rayonne aujourd’hui plutôt pour son apport au jazz moderne qu’au répertoire classique, on s’aperçoit qu’il a commencé en bon élève du Conservatoire de Paris. Quelques années plus tard, il est devenu lauréat du Concours International de trompette Maurice André, en 2003. Un des derniers à avoir été récompensé par le virtuose lui-même, de son vivant. Qui mieux que lui pour parler du retour de cet événement majeur, cette semaine à Paris ? En déplacement, il a gentiment accepté de s’arrêter quelques minutes sur l’autoroute pour répondre à nos questions.

Que représente pour vous la relance du concours Maurice André ?

Aujourd’hui, 10 ans après la disparition du maître, il est extrêmement fort pour moi de relancer le concours Maurice André. Personnellement bien sûr, mais aussi parce que ce nom résonne dans le monde entier comme un symbole de l’excellence française dans le domaine musical. C’est un enjeu d’attractivité très fort pour notre pays. Une sorte de Roland-Garros de la trompette. (NDLR : oui, on parle beaucoup de sport cette semaine…).

Et que représente un concours pour un jeune musicien ?

C’est à la fois un graal, car les prix sont bien dotés, et un précieux sésame. Une fois que l’on gagne un concours de cette envergure, les portes s’ouvrent devant soi, et on commence à entrevoir la possibilité de faire une belle carrière. 

La larme à l’oeil, Ibrahim Maalouf et une dizaine de trompettistes français rendaient hommage à Maurice André en 2013.

Quel a été votre investissement dans le retour du concours sur le devant de la scène ?

Après la disparition de Maurice André, il m’est apparu évident qu’il revenait à nous, ses poulains, de faire quelque chose pour perpétuer l’héritage. C’est vrai qu’il peut y avoir un peu d’affichage quand on voit un nom connu prêter son image à un événement de ce type, et les gens se méfient. Dans mon cas, c’est tout sauf de l’affichage ! J’ai moi-même pris un joli risque en investissant directement les premiers euros, via ma société de production. C’est sur cette première dynamique que nous avons pu, par la suite, trouver des partenaires. Je sais que c’est aussi cela qui a séduit le ministère de la Culture et l’a poussé à nous soutenir. Je n’oublie pas la Seine Musicale, qui nous permet d’avoir un magnifique écrin pour les événements de cette belle semaine. 

Comme le piano, la trompette incarne la porosité entre le jazz et le classique, deux mondes assez différents. Cette distinction a-t-elle encore du sens aujourd’hui ?

Jusqu’à une époque assez récente, on regardait de travers un musicien classique qui allait écouter du jazz, c’était terrible. Heureusement les choses ont changé, et mon parcours de musicien, fan de mélange, témoigne d’une vraie évolution. Pour autant, ma vision d’artiste qui vit les choses de l’intérieur, c’est qu’il est bon que chaque genre garde son identité. Si le jazz empreinte sa sophistication au classique, il ne faut pas qu’il perde la spontanéité qui est à son fondement. Je me réjouis de voir de plus en plus de musiciens classiques s’intéresser au jazz, car cela marque le retour d’une pratique essentielle que le classique a pratiqué pendant longtemps avant de l’oublier : l’improvisation. Le concours Maurice André reste orienté vers le classique, avec la mise à l’honneur de pièces magnifiques écrites pour trompette. J’espère que le public aura la curiosité de venir les découvrir.

Dernière question* : comment peut-on assister à la finale de ce concours ?

Si on est parisien, il suffit de s’inscrire en ligne (gratuit sur réservation) et de venir à l’auditorium de la Seine musicale le dimanche 27 novembre à partir de 16h. Si l’on vit ailleurs, un lien de streaming gratuit sera mis en ligne sur le site du concours, le même jour. Le lendemain de la finale (lundi 28 novembre à 20h), les membres du jury, David Guerrier, Clément Saunier et moi-même donnons rendez-vous aux lauréats de l’édition 2022 pour un grand concert en hommage à Maurice André.

Toutes les informations (programme, réservation, accès, etc.) sont à retrouver sur le site du Concours Maurice André 2022

*La rédaction précise qu’elle comptait demander s’il fallait du piston pour gagner un concours de trompette, mais il a été décidé en réunion que l’interview se limiterait à 5 questions. 

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