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La playlist classique du compositeur et pianiste Jean-Frédéric Neuburger

PLAYLIST – Le compositeur et pianiste Jean-Frédéric Neuburger évolue avec brio et discrétion au sein du « pmf » (paysage musical français). Sa playlist frappe par son élévation et sa simplicité. Vous avez dit mystique ?

À 35 ans, Jean-Frédéric Neuburger a déjà une solide carrière à son actif. Ses compositions sont créés par le Boston Symphony Orchestra ou le Philharmonique de Radio France. En tant que soliste, il joue avec le New York Philharmonic Orchestra, le San Francisco Symphony Orchestra ou encore le Philadelphia Orchestra. Il travaille avec des chefs d’orchestre comme Pascal Rophé, Christoph von Dohnanyi ou encore François-Xavier Roth. Il dit devoir à sa famille, constituée de musiciens non-professionnels mais attentive, d’avoir échappé à une vocation plus risquée, comme l’étude des fonds sous-marins, des requins ou du monde du silence… Des univers qu’on retrouve, en filigrane, dans sa playlist, qui parle de forces animales à dompter, de cosmogonie et de cathédrale sonore intérieure. Mais laissons-lui la parole…

Retrouverez la playlist de Jean-Frédéric Neuburger sur Spotify et notre chaîne YouTube
Pierre BOULEZ –  Don, 1er mouvement de Pli selon Pli

JFN : « Cette œuvre représente pour moi la puissance de la musique contemporaine du deuxième XXème siècle. Liberté, poésie, magnificence des contrastes : du 1er accord très fort de l’orchestre à la douceur de la phrase vocale qui suit, sur le texte de Mallarmé, et cette introduction ponctuée de silences, de cloches et de guitares venues d’un autre âge… 

BBC Symphony Orchestra, Phylis Bryn-Julson (soprano), Pierre Boulez (direction)
Carl-Heinz STOCKHAUSEN – Oktophonie

Stockhausen, le maître de la musique électronique ! Oktophonie, composée en 1990, est une pièce pour électronique seule, spatialisée à travers huit haut-parleurs (ou des multiples de huit), comme l’indique son nom. Elle est extraite de l’opéra Licht, que donnent en ce moment Le Balcon et Maxime Pascal à la Philharmonie de Paris et dans d’autres villes en Europe. C’est un vrai voyage à travers le temps. Sur une lourde texture grave, se détachent des événements magmatiques et denses, parfois profondément poétiques. Sombre, recueillie et intimidante, Oktophonie ne s’approche qu’avec respect, comme une éclipse de soleil…

Richard WAGNER – Prélude de Parsifal

La 1ère fois que ma mère m’a emmené à l’opéra, c’était pour voir Parsifal de Wagner -je devais avoir environ dix ans. Je pense qu’elle connaissait aussi peu Parsifal que moi ! Nous devions ne rester qu’un seul acte, mais finalement nous sommes restés jusqu’au bout, complètement pris par la musique de Wagner. J’ai encore en souvenir les cloches entêtantes de toute la fin du 1er acte, la terreur subite qu’inspire le début du second acte au château de Klingsor, le drame humain que l’on pressent dans l’introduction du dernier acte. Mais le plus beau pour moi, ce sont ces premières notes de cordes (légèrement doublées par des bois) qui montent dans ce Prélude du 1er acte. Sous leur douceur entêtante, nous pouvons fermer les yeux et voyager hors du temps, comme entre la vie et un ailleurs, autre part… Ici, Daniel Baremboim et les Berliner Philharmoniker : il prend vraiment tout son temps au début. J’aime vraiment lorsque c’est tellement lent que le temps semble se dilater, et que l’on a l’impression qu’il n’y a plus de chef d’orchestre ! 

Berliner Philharmoniker, Daniel Barenboim (direction)
Johann-Sebastian BACH – Suite Anglaise n°3

Sviatoslav Richter est une de mes références depuis que je suis tout jeune. J’ai écouté d’abord son enregistrement du deuxième Concerto de Rachmaninov, puis ceux des Concertos de Liszt, de certaines Sonates de Beethoven, du Trio de Tchaïkovski avec Leonid Kogan et Natalia Gutman… Partout on retrouve cette unicité : noblesse et simplicité du style, perfection technique et beauté sonore. Ce qui m’a tout de suite plu chez Richter, c’est aussi son ouverture à tous les répertoires : il a à peu près tout joué durant sa longue carrière. Dans Bach, je l’ai toujours trouvé singulier et personnel : moins sec que Glenn Gould, mais jamais banal ni mièvre. Ce Bach joué par Richter m’évoque de grandes colonnes de pierre, très pures et puissantes.

Lili BOULANGER – Clairières dans le ciel  

Lili Boulanger fut comme un éclair dans la musique française. Elle laissa un grand vide derrière elle, tant sa musique était belle et prometteuse. Ce fut la 1ère femme à obtenir le Grand Prix de Rome de composition en 1913, à tout juste vingt ans, avec sa Cantate Faust et Hélène, cinq ans avant sa mort si prématurée. J’ai toujours eu une relation privilégiée avec sa musique, ayant été l’élève d’Emile Naoumoff, l’un des derniers élèves de Nadia Boulanger, soeur de Lili et éminent professeur. Il aimait faire étudier à ses élèves d’harmonie les oeuvres que Nadia Boulanger donnait : et la musique de Lili Boulanger, tout comme celle de leur maître Gabriel Fauré y figurait en bonne place. Ce cycle Clairières dans le ciel pour voix et piano sur des poèmes de Francis Jammes est dédié à Gabriel Fauré : très délicat, on y sent parfois passer l’influence moderne de Debussy.

Paulina Stark (mezzo-soprano), David Harvey (piano)
Georges GERSHWIN – Porgy and Bess, Acte II, Scène 4 : Dawn of the Following Day.

Le jour d’après la tempête à Catfish Row. Jack a vraisemblablement disparu au cours de la nuit de pêche…et l’on prie « Oh the Lord shake the Heaven » : l’écriture des chœurs de Gershwin, polyphonique et toujours pleinement intégrée au déroulement de son drame, est incomparable. Les solo de Porgy et de Clara, l’épouse de Jack, se répondent au milieu du tumulte de la foule. Puis, après une brève reprise du Summertime par Clara berçant son enfant -reprise qui prend un sens différent par le pressentiment de la mort de Jack- s’élève un chant de célébration, presque joyeux, en fa majeur : « Oh, there’s somebody knocking at the door «  : c’est la mort qui vient frapper à la porte… Et l’on retrouve le thème de l’arrivée de Crown avec ses syncopes caractéristiques : Crown qui vient encore menacer Catfish Row et se moquer de la foule en prière. Dans cet extrait formidable, plein de surprises, de transitions multiples d’un rythme à un autre, d’une voix à une autre, Gershwin nous prouve la grandeur de son projet. A t’il pensé à Carmen ? Une Carmen inversée, transposée dans un monde afro-américain. Des deux opéras l’un retient l’autre comme une clef son aimant : opéras de la chair, opéras du quotidien et du désespoir, Carmen et Porgy nous amènent à faire face aux élans les plus puissants de nos instincts animaux.

Luc FERRARI – L’escalier des aveugles

Pièce électronique d’un fantastique musicien que l’on écoute trop peu, Luc Ferrari. Ces musiques sans interprètes, acousmatiques, sont effectivement difficiles à promouvoir, car précisément, elles ne se donnent pas « en concert » si souvent : il faut pour cela aller aux concerts du GRM (Groupe de recherches musicales) ou relier quelques autres endroits similaires dans le monde. Alors, le plus simple est parfois aussi de l’écouter chez soi -avec dans la mesure du possible, des hauts-parleurs adéquats. Dans cette pièce, c’est la voix qui nous emporte : la voix parlée dans plusieurs langues, notamment l’espagnol. Un « recueil de nouvelles », selon Luc Ferrari, où se mêlent voix et musique dans une succession d’instantanés à la García Márquez, toujours très vivants et inspirés. 

Yves CHAURIS : Sonate pour piano

La Sonate pour piano d’ Yves Chauris (écrite en 2007), que j’ai eu le plaisir de créer et rejouer plusieurs fois, est vraiment une œuvre marquante. En deux grands mouvements -une sorte de cadence initiale, ponctuée et rapide, et un deuxième mouvement extrêmement lent et planant – elle est représentative du style de son auteur : très épuré et toujours très prenant. Avec Yves, on s’installe tranquillement dans l’écoute et on se laisse porter par toutes les surprises que la musique nous réserve : des gestes fins, rares et essentiels.

Jean-Frédéric Neuburger (piano)
Helmut LACHENMANN – Salut für Caudwell, pour deux guitares

Hommage au journaliste, activiste et essayiste Christopher Caudwell, cette pièce d’Helmut Lachenmann, composée en 1977, est vraiment superbe. Avec deux guitares, on assiste ici à un festival de sonorités incroyables comme toujours avec Lachenmann. L’une des guitares est légèrement désaccordée d’un quart de ton afin d’avoir un effet naturel de bend dans la résonance de l’autre…Mais ce ne sont pas ces qualités sonores seules qui font l’intérêt de cette pièce : condensé comme rarement, le matériau avance inexorablement, se ramifie comme dans une danse étroitement menée à deux, jusqu’à la fin où la musique évoque une marche au pas -un dernier Salut qui se perd dans le grave des guitares.

Gil Fesch et Nuno Pinto (guitares)
Tomás MENDES – Cucurrucucú Paloma

Noemi Gasparini est une jeune violoniste et chanteuse française, d’ascendance mexicaine et italienne. Ici, elle chante Cucurrucucú Paloma, de Tomás Mendez, accompagnée par Alexis Cardenas et l’ensemble Recoveco. Avec Noemi Gasparini, la chanteuse complète la violoniste de façon très naturelle : son expérience de la musique traditionnelle mexicaine l’a amenée à passer sans cesse de l’un à l’autre, et la voix qu’elle nous donne dans cette chanson semble vraiment sortir du fond de son cœur. Aussi à l’aise dans Ysaïe ou Bach que dans le répertoire huapango ou son jarocho, elle compose aussi ses propres chants, toujours dans la grande tradition mexicaine. »

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