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Que vienne… le Concentus Musicus Wien !

COMPTE-RENDU – Le 7 décembre dernier, le Concentus Musicus Wien s’est produit à la Seine musicale, amenant avec lui la finesse d’interprétation et l’ADN musical du répertoire de la 1ère école de Vienne.

Le pionnier Harnoncourt

Dès les années 50, en Autriche, un jeune chef d’orchestre, Nikolaus Harnoncourt, s’est attelé, en créant le Concentus Musicux Wien, à restituer le répertoire baroque puis classique sur instruments d’époque. Cela signifiait le retour d’un clavecin au milieu de l’orchestre, pour assurer la base harmonique, l’installation de cordes en boyau sur les violons, les altos et les violoncelles et l’usage de cors naturels, c’est-à-dire sans pistons, très difficiles à jouer. Depuis, on connaît l’immense impact de cette révolution esthétique, aux antipodes de la vision d’un Herbert von Karajan ou d’un Arturo Toscanini. Le Concentus Musicus Wien a également profondément impacté l’histoire du disque, en enregistrant notamment l’intégralité des cantates de Bach pour le label Teldec.

Une vidéo pour l’histoire : Les concertos Brandebourgeois par Harnoncourt et son Concentus Musicus, en 1964
Un orchestre mythique

Le 7 décembre dernier, cet orchestre mythique s’est donc produit dans le bel Auditorium de la Seine musicale, dans un répertoire 100% classique : symphonies de Haydn et Mozart et concerto pour violoncelle de Carl-Philipp-Emmanuel Bach, avec Christophe Coin comme soliste. Fait notable de ce programme : l’usage de tonalités mineures : mi mineur pour la symphonie de Haydn, la mineur pour le concerto de CPE Bach et sol mineur pour la symphonie de Mozart. Qui dit tonalité principale mineure dit mouvement lent… majeur, ce qui est vraiment peu fréquent. Autre fait notable : un orchestre de très petite taille, constitué uniquement des cordes et du clavecin pour le concerto pour violoncelle, auxquels se sont ajoutés cors naturels, hautbois et bassons pour les deux symphonies, pour un concert ciselé dans l’or fin, tout en finesse d’interprétation et de phrasé.

À lire également : Hommage à Harnoncourt par Laurence Equilbey
Un programme composé avec soin

Deux symphonies, de Haydn et de Mozart, datant respectivement de 1771 et 1773, encadraient le concerto pour violoncelle wq 170 de CPE Bach, composé un peu plus de vingt ans auparavant, en 1750 (NB : année de la mort de son père Johan-Sebastian…). Ce concerto est étonnant. Écrit pour les seules cordes de l’orchestre, un clavecin et le soliste, il se rattache à la tradition baroque par la persistance de la basse continue (grille d’accords au clavecin et ligne de basse par le 1er violoncelle), tout en témoignant de la volonté d’émancipation du dit-violoncelle, exprimée par l’écriture très virtuose de la partie soliste, et d’un souhait d’expression des sentiments s’inscrivant dans le courant Sturm und Drang (‘tempêtes et passions’), contemporain de l’œuvre. Ce concerto est donc à la charnière du baroque et du classique, tout en préfigurant le romantisme ! Pour l’interpréter, rien de mieux que la virtuosité naturelle et la grande musicalité de Christophe Coin, qui, avec brio, a brossé un magnifique paysage musical, hélas parfois un peu trop couvert par l’orchestre.

La 44e symphonie de Haydn, dite « funèbre », avec sa recherche d’expression de la profondeur des sentiments, est elle aussi imprégnée de Sturm und Drang, comme on peut en trouver à la lecture de poèmes de Goethe, et la recherche musicale du Concentus Musicus Wien est venu servir avec naturel cette esthétique.

Quant à la 25e symphonie de Mozart, elle est, pourrait-on dire, un hommage à la tonalité de sol mineur, souvent employée pour les hommages funèbres. Son 1er mouvement est connu, puisqu’il introduit le film Amadeus, de Milos Forman. Après l’élégance de la musique de Joseph Haydn et la finesse de celle de Carl-Philipp-Emmanuel Bach, l’élan généreux de celle de Wolfgang Amadeus Mozart voit l’orchestre respirer plus large et donner une version extrêmement juste et précise de cette « petite » symphonie en mode mineur de Mozart, en comparaison avec sa grande sœur, la fameuse 40e.

Un programme très bien pensé, donc, avec, en filigrane, plusieurs filiations père/fils : Carl-Philipp-Emmanuel Bach, fils de…, Mozart, fils spirituel de Haydn, et Stefan Gottfried en relais de Nikolaus Harnoncourt, pour que la belle aventure du Concentus Musicus Wien continue à vivre et se déployer.

À noter : l’orchestre reviendra à la Seine musicale le 22 juin 2023 et sera dirigé… par 3 chefs, dans le cadre du festival Mozart Maximum !
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