AccueilA la UneHaydn & Mozart : 239 ans d'amitié au Studio 4 de Flagey

Haydn & Mozart : 239 ans d’amitié au Studio 4 de Flagey

CONCERT – Un programme historique autour du thème des confusions et du triomphe de la musique. Chute de lustres et mauvais noms, la musique offerte à Flagey rétablie les essentiels des deux maitres à travers une interprétatio généreuse et expressive.

Après leur rencontre en décembre 1783 lors d’un concert-bénéfice pour musiciens, Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart s’étaient liés d’amitié. Des archives et des échanges écrits entre les deux compositeurs attestent de cette admiration réciproque dont on imagine alors une certaine puissance de contenu, faite d’admiration et d’humour. Quelques siècles plus tard (toujours sous le même temps glacial de décembre), la musique des deux protagonistes vient se parer d’une chromie bien personnelle, sous la baguette de Kazushi Ono à la direction d’un Brussels Philharmonic extrêmement précis, accompagnant Elisabeth Leonskaja au Studio 4 de Flagey à Bruxelles.

« Lui seul a le secret de me faire sourire, de me toucher au plus profond de mon âme … »

Mozart, à propos de « Papa Haydn »
Haydn, une « euro-star » au pays du Thalys

Au programme donc, deux Symphonies londoniennes que Haydn avait écrites lors d’un séjour à Londres, entre 1791 et 1795. Les Symphonies londoniennes constituent un ensemble de douze symphonies (n° 93 à 104). Il semblerait, selon les traces de l’Histoire, que, lors de la première présentation de sa Symphonie n° 102, un lustre-candélabre tomba du plafond, épargnant miraculeusement son public qui s’était rapproché de la scène pour ovationner Haydn. Sauvés par la ferveur musicale, cette symphonie avait porté le nom de « Miracle » (combien de fois n’avons-nous pas levés les yeux vers les coupoles de nos théâtres, en se demandant si l’énorme lustre y était bien fixé…).

Au Studio 4 de Flagey, pas de candélabre, la musique d’Haydn ne décroche rien d’autre que l’invisible émotion d’un public qui entend par la même occasion une exécution de la Symphonie n° 96, confusément appelée le « Miracle » par erreur de registre entre la 102 et la 96. Cet accident de chute menant à une erreur de nom, c’est finalement l’axe historique qui lie les oeuvres du programme, offrant au public bruxellois des symphonies d’une extrême qualité, à l’apogée de la construction orchestrale d’Haydn.

Kazushi Ono / Wouter Van Vaerenbergh
To Vienna, with love

Sous la direction de Kazushi Ono, la musique d’Haydn se pare d’une vivacité particulière. Le chef réussit à se lier à l’orchestre avec une précision et une espièglerie admirable. L’énergie déborde de toute part, irradiant les notes enlevées du début de concert, dans la symphonie n°96, en Ré Majeur, donc composée à Londres. A l’époque, Mozart avait conseillé à son ainé de se limiter géographiquement : « Cher papa, vous n’êtes pas fait pour courir le monde, et vous parlez trop peu de langues. »

À lire également : Vikingur Òlafsson, Mozart et compagnie

Mais la langue d’Haydn se suffit à elle-même semblerait-il, puisque cette symphonie fut l’ouverture d’une série londonienne remarquable pour l’époque. S’adressant à un public plus vaste et bourgeois de la vie londonienne, le langage du compositeur s’était détaché alors des traditions viennoise en utilisant des thèmes simples et efficaces, populaires et radicaux. La musique d’Haydn avait marqué le public par sa fraicheur ainsi qu’un équilibre nouveau grâce à la virtuosité orchestrale et à une apparente liberté du langage et de la forme.

Le « Jeune Homme », par une grande Dame

Aucune figure de comparaison n’est à porter avec le Concerto pour piano n° 9 en mi bémol majeur de Mozart aussi appelé « Jeune homme », en l’honneur d’une pianiste qui l’a porté au clavier en 1977, Louise Victoire Jenamy, fille d’un grand ami de Mozart (Jenamy, jeune ami, jeune homme…). Les traductions de l’époque ont écorché par confusion le nom de la claviériste, alors nommée de façon plus masculine « jeune homme ». Afin de rendre justice à l’histoire, c’est une femme qui est choisie ici, au coeur d’une importante conversation avec Mozart.

Elisabeth Leonskaja Photo: Marco Borggreve

Elisabeth Leonskaja (qui connaît Bruxelles pour y avoir remporté le 9ème prix de Piano du Concours de la Reine Elisabeth en 1968) porte ce concerto au bout des doigts avec une ferveur remarquable. La pianiste russe, « Dernière Grande Dame de l’Époque Soviétique Russe », aussi appelée « La Lione du Clavier », marque par une fermeté et une assurance que viennent moduler un sens accru des couleurs et de l’expressivité. Le corps musical vient cerner les lignes raffinées de la pianiste, main de fer dans un gant de velours, engageant un dialogue immersif et haut en couleurs.

Elisabeth Leonskaja dans le concerto n°23 pour piano et Orchestre de Mozart
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