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Giselle par le Ballet National d’Ukraine au TCE : petite forme, mais gros succès !

DANSE – Pour les artistes du ballet de l’Opéra National d’Ukraine, l’échec n’était visiblement pas envisageable. Ils offrent donc, contre vents et marées, leur production de Giselle au Théâtre des Champs Elysées.

Pourquoi monter Giselle en spectacle de Noel ?

Voila deux ans que le ballet de l’Opéra national d’Ukraine devait venir au théâtre des Champs Elysées. Période de fêtes oblige, le premier choix de ballet porta sur Casse-Noisette. Mais, comme l’expliqua Michel Franck (directeur général du TCE), un ballet sur la musique de Tchaikovsky (russe) était « impensable » (la direction de l’Opéra National de Paris, où est actuellement donné le Lac des Cygnes, appréciera). Il fut alors décidé de monter la Reine des neiges ; mais les conditions trop dégradées à Kiev, en empêchèrent la production. On évitera au moins les pleurs d’enfants à la sortie du théâtre, déçus de ne pas avoir entendu Libérée, délivrée. Finalement, Giselle apparu comme une bonne alternative.

Et pour cause. Giselle est en effet réputé pour être le ballet romantique par excellence, notamment pour sa chorégraphie de Marius Petipa  (chorégraphe star de moult ballets créés en… Russie) reprenant celle de Coralli et Perrot, ainsi que pour les costumes des ballerines et son histoire. Notons toutefois que la chorégraphie, particulièrement les passages de pantomime, a été simplifiée par endroits.

Giselle, ou les infortunes de la vertu

On y suit donc la vie -mais pas que- de Giselle. Paysanne de naissance mais drama queen de coeur, cette dernière s’entiche d’un jeune inconnu qui se révèle être le duc d’Albrecht. Problème : Hilarion, garde-chasse, est également amoureux de Giselle. Cette dernière refusant de croire que le bel inconnu est vraiment le duc (et accessoirement fiancé), il lui prouvera en ramenant en pleine fête du village l’épée du duc avec ses armoiries. Terrassée par la nouvelle, Giselle d’effondre sans vie. Pas exactement l’objectif initial du garde champêtre, donc. Dans le second acte, Hilarion et le Prince se rendent séparément sur la tombe de Giselle. Toutefois, attention danger ! Les Willis (esprits vengeurs de jeunes filles délaissées par leurs amants volages) rodent la nuit tombée. Tombé entre leurs gazes, Hilarion est forcé de danser jusqu’à la mort (peu importe qu’il ait trompé quelqu’un ou pas, ces Willis sont manifestement un chouïa misandres). Quand vient le tour du duc, Myrtha (reine des Willis) lui ordonne de danser jusqu’au trépas, mais l’esprit de Giselle s’y oppose. Finalement, le jour vient, les Willis disparaissent et … c’est tout. Croyez le ou non, c’est Théophile Gauthier qui suggèra cette histoire au librettiste Vernoy de Saint-Georges.

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Envers et contre tout

Passé les répétitions dans des zones soumises aux bombardements, ce fut une tempête de neige qui immobilisa le bus de la compagnie ukrainienne, qui loupa son avion de Varsovie pour Paris. Finalement recasée en catastrophe dans un avion à Cracovie, les ajustements au TCE, y compris avec les équipes techniques durent se faire dans l’urgence. Ainsi, qu’on le dise pour la suite, moult des quelques défauts relevés ci-après sur cette production sont probablement imputables, partiellement du moins, aux conditions chaotiques subies par la compagnie.

La Giselle de Natalia Matsak est d’une élégance et d’une beauté remarquables, même pour une ballerine de premier plan, mais le raffinement de la gestuelle pénalise les aspects tragiques du rôle. Si quelques problèmes de synchronisation émaillent les duo avec le duc d’Albrecht pendant le premier acte, elle gagne en puissance au fil de la représentation. Elastique dans ses sauts en willis, ses adieux au duc amène finalement l’émotion manquante jusqu’à présent.

La ballerine Natalia Matsak en Giselle ©DR Opéra National d’Ukraine

De même, le duc d’Albrecht de Sergii Kryvokon, a le physique de son rôle. Naturellement altier et grand, il livre une interprétation toute en légèreté. Il gagnera en majesté, ainsi qu’en musicalité dans les sauts forcés de la fin du deuxième acte. Iryna Borysova vient compléter ce tableau avec une Myrtha froide et technique, ce qui sied bien au personnage. Le résultat est académique et carré. Finalement, l’Hilarion, de Kostiantyn Pozharnytskyi est aux antipodes physiquement et sentimentalement du duc. Petit et le pas presque lourd, ses machinations lui donnerait presque des allures d’Iznogoud. Le deuxième acte lui donne plus de liberté pour exprimer son talent, mais il ne sera jamais réellement aérien. Peut être était-ce cependant pour illustrer l’épuisement de son personnage.

Suivre la cadence

Le corps de ballet offre une bonne prestation générale, à synchronisation variable, ce qui pénalisera le rendu final des scènes les plus iconiques durant le second acte. Par moment, il semble étrangement que ce décalage soit rang par rang, comme si chaque danseuse copiait celle devant elle avec un infime retard.

Dans la fosse, Dmytro Morozov mène l’orchestre Prométhée avec force, fouettant énergiquement les airs de sa baguette, le résultat est rythmiquement précis (pratique pour les danseurs) et globalement cohérent et harmonieux. Seuls le pupitres des cors laissent entendre par quelques moment de légères dissonances dans ses attaques.

Concernant les décors et les costumes, la mise en scène a des allures classiques de production itinérante des grands ballets classiques des compagnies majeurs d’Europe de l’Est. Ironie du sort : la palette chromatique, les costumes d’un moyen âge fantasmé et la géométrie outrancière des bâtiments rappellera furieusement certaines scènes de la Belle au bois dormant de Clyde Geronimi, dont la musique était basée sur celle de … Tchaikovsky.

Le public sera perturbé durant le spectacle, alternant entre quintes de toux en rafales, et foules de portables prenant des photos et des vidéos clandestines. Toutefois, il n’hésitera pas in fine à ovationner les artistes, conscient des épreuves que ces derniers auront traversé pour leur offrir cette première.

Giselle, au Théâtre des Champs-Élysées, est joué jusqu’au 7 janvier 2023

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