AccueilA la UneNouvel An à Bruxelles : ainsi va la vie !

Nouvel An à Bruxelles : ainsi va la vie !

CONCERT – Valse, opéra et musique de film, tous les prétextes sont bons pour que Bozar et Ryan McAdams souhaitent Bonne année au public bruxellois. Invitation à l’opulent et à l’expressif, les voeux de Bozar sont décidément des plus galvanisants.

2023 s’annonce exaltante pour le Belgian National Orchestra qui signe une nouvelle année sous la direction de Ryan McAdams. L’énergie est au programme afin de poursuivre les festivités du nouvel an avec un florilège d’œuvres signées Strauss, Offenbach, Verdi, Dvorák, Shostakovich, et Nino Rota. Croisée des temps et des contrées d’Europe, ce qui lie chaque opus reste dans le rythme et l’impulsion de vie : les compositeurs nous invitent à croquer 2023 avec appétit.

Ryan Mc Adams en maître de cérémonie

Fondé en 1936, le Belgian National Orchestra est en résidence permanente à Bozar. Depuis septembre 2022, il est placé sous la direction du chef principal Antony Hermus, qui laisse sa place à Ryan Mc Adams pour la soirée. Réputé pour sa jeunesse et son énergie, le chef américain aura passé une année bien chargée avec notamment la reprise de Faust à l’Opéra de Zurich avec Saimir Pirgu, Ildebrando d’Arcangelo et Anita Hartig. Si il est aussi à l’aise avec les partitions d’opéra que le répertoire symphonique ou la création contemporaine, il propose ici un regard sur la musique très décomplexé et libre. Le « conductor » cherche en permanence à briser les tabous sur le statut du directeur musical souvent glorifié pour sa solitude, ses excès et son autorité. Figure moderne de la musique américaine, sa réponse se trouve dans le choix du programme nourri par une histoire exaltante de la musique. Véritable défi psychologique et technique, Ryan Mc Adams invite ici le public à comprendre les variations des musiques emblématiques de notre culture occidentale à travers ses jalons essentiels. Un programme de Nouvel an qui offre un regard nouveau sur le genre, sans renier les classiques. Car il en faut, aussi.

Le jeune chef américain résidant à Londres, Ryan Mc Adams
Ferveur populaire et Danses de salon

En ouverture du programme, Le Carnaval, Ouverture de concert, op. 92 de Dvorák annonce tambour battant l’énergie revigorante du concert. Les rythmes marqués de la musique battante et tressaillante ne sont pas sans une certaine fluidité, sous la direction du plus démocrate des chefs. Entre deux numéros, il tient à rappeler au public l’importance de l’égalité au sein l’orchestre, appelant à penser la musique savante comme résultante de voyages (de ses musiciens mais aussi des instruments), tout autant que dépositaire du temps ; les instruments ayant parfois traversé des siècles, et les classes sociales. Avec Dvoràk, mais aussi dans les Estancias d’Alberto Ginastera, elle trouve sa source dans les danses folkloriques.

Le Carnaval de Dvoràk

Pour ce qui est de la fête en grande pompe dans des salons dorés, la Grande Valse des Fées du Rhin et la Barcarolle des Contes d’Hoffmann d’Offenbach en offrent ici une représentation éloquente. Père de l’opérette populaire et parfois provocante, Offenbach réussit toujours à osciller entre le grave, le tragique parfois, mais toujours mêlé à une absurde lucidité comique. Oscillant à la mesure des pas de valse, Ryan Mc Adams joue la performance à mi chemin de l’opérette et du ballet, peut-être influencé par une maitrise du corps permise par son épouse, la danseuse Laura Careless.

La Valse des Filles du Rhin de Jacques Offenbach

Une fluidité qui se retrouve du même coup dans l’orchestre : monumental, direct et fluide, d’une amplitude très organique. Derrière la malice du chef, la rigueur est de mise, permettant la liberté et l’expressivité, dans tous les répertoires.

Opera et cinéma : même combat !

Le Ballabile (Ballet) de l’Otello de Verdi présente une musique orientaliste, qui raconte la bagarre entre Vénitiens et Turques dans le troisième acte de l’opéra. Plus modérées, sensuelles, les notes enlevées et piquées invitent à la danse de groupe. Souvent omis des performance d’Otello de nos jours pour des raisons de rythmes de la pièce et de risques d’applaudissements qui couperait l’émotion générales de l’oeuvre, il est bien rare d’entendre ce Ballabile. Verdi lui-même écrivait dans une lettre à Giulio Ricordi à propos de la musique de ballet, qu’ »artistiquement parlant, c’est une monstruosité », insistant par la suite pour que ces quelques minutes soient exclues de la partition.

Habile transition entre la magie des musiques de salons et du réalisme de la musique de Nino Rota, Shostakovich et sa fameuse Valse no. 2 (Jazz Suite no. 2) invite à rejoindre le monde des images. Utilisé à outrance dans le monde de la publicité, la Suite Jazz est l’association de plusieurs musiques de film qu’il a composé entre les années 1930 et 1950. Immortalisé par Kubrick dans son inoubliable Eyes Wide Shut, la Valse invite au mouvement et à l’abandon. Les applaudissements sont plus que bienvenus, en témoigne la ferveur d’un public remonté à bloc par la musique des salons. Habile transition vers l’imaginaire cinématographique de Nino Rota.

Les musiques du compositeur italien pour Otto e mezzo et Amarcord de Federico Fellini permettent toujours la même évasion magique. La Dolce Vita résonne sensuelle, douce et insolente d’insouciance. Si 2023 pouvait se dessiner ainsi, le quotidien serait certainement plus facile…

« Attachez vos ceintures »

Pour présenter la Danza Final d’Alberto Ginastera, Ryan Mc Adams s’adresse à la foule, le sourire en coin et s’excuses d’éventuelles secousses musicales avec un très américain « buckle your seatbelt ». Cette musique folklorique est une oeuvre de jeunesse, composée seulement trois ans après que Ginastera ait obtenu son diplôme du conservatoire. Ces danses se déroulent chez les gauchos (ouvriers) à la manière d’un concours ou d’un combat de Malambo au cœur d’une estancia (exploitation agricole ouvrière). La musique se complexifie à la mesure des pas de danses jusqu’au rugissement final.

La Danza Final, extraite des Estancias d’Alberto Ginastera

Et enfin la vie poursuivant son cours tel un fleuve lent (et tranquille ?) qu’est le Danube bleu, Johann Strauss est mis à l’honneur, clôturant le programme avec An der schönen blauen Donau, op. 314. Ovationné, le Belgian National Orchestra et Ryan Mc Adams peuvent se targuer d’avoir réussi à insuffler une énergie bien particulière en ce début d’année à un public des plus gratifiant. La salle est debout, l’ambiance est à la fête.

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