AccueilA la UneSimon Rattle : Top chef !

Simon Rattle : Top chef !

CONCERT – Simon Rattle, le London Symphony Orchestra (LSO pour les intimes), la 7e de Bruckner et Sibelius en contrepoint : on avait là tous les ingrédients pour un concert mémorable, façon gastronomique. 

Un chef

Qui dit cuisine 5 étoiles dit cuisine de chef : Simon Rattle ne porte pas de toque mais une tignasse chantilly sur la tête. Il s’avance sur la scène, légèrement voûté. Le temps pourtant n’a pas passé sur la qualité de sa direction : claire, sa main droite possède quelque chose de profond et de charnel, quand la gauche s’agite, tour à tour relevant le plat et laissant mijoter les effets. Un grand chef donc mais pas de ceux qui font trembler les cuisines : pas d’autorité mal placée dans ces gestes mais une incitation au plaisir, à donner tout son goût à la nourriture. 

Des ingrédients de première qualité

Face à lui, c’est du premier choix ! Pour un auditeur comme moi, pour lequel c’était une première, le LSO en concert, c’est un rêve. Il faut dire que Simon Rattle est directeur musical de l’orchestre depuis 2017 et qu’ensemble ils appartiennent pratiquement à la légende. Dès les premières notes des Océanides de Sibelius, qui commencent par un frémissement un rien chaloupé et les fusées des flûtes, l’orchestre part toutes voiles dehors. C’est une entrée légère, iodée bien sûr, un rien piquante. Ça danse, ça brille mais surtout ça vit ! Les cordes ont une lumière douce, sans jamais de duretés ou de stridences.

 

Forêt Noire

Après les huîtres, une forêt noire revisitée. Pas un petit bois charmant : une forêt sombre, escarpée, presque grise : avec Tapiola (et on n’osera pas d’autre jeu de mot culinaire), Sibelius puise dans le récit mythologique nordique du Kalevala pour écrire en 1926 un poème symphonique minéral et mélancolique. La lumière des cordes se voile, une menace passe, interrompue un instant par la danse des flûtes et du hautbois. Dans les dernières mesures, Rattle calme le jeu pour déchaîner un orage dans la forêt : un crescendo terrifiant qui grandit avant que tout ne se taise. Pâtisserie déstructurée, revisitée en entrée, un plat minimaliste mais qui nous laisse silencieux d’émotion.

À lire également : Simon Rattle et le LSO aux commandes du Tristan et Isolde d'Aix-en-Provence
Plat signature

Les choses sérieuses commencent : le plat du jour, on le connaît et il est roboratif : c’est la 7e Symphonie de Bruckner. Plus d’une heure de musique, composée entre 1881 et 1935, où se succèdent toutes les émotions. C’est la recette qui a fait la réputation du chef : Rattle anime la partition avec un talent rare et une imagination débordante. On découvre ainsi dans le premier mouvement, Allegro moderato, des saveurs nouvelles : il y a de la sensualité, de l’humour dans cette interprétation. L’Adagio qui suit et qu’on attendait, celui que Visconti reprendra pour traduire les tourments d’Alida Valli dans Senso, déploie de longues résonances voluptueuses mais finit par s’enliser, comme si le chef en faisait un peu trop. Les cuivres du Scherzo viennent alors relever le plat, apportant de la force, mais sans piquer le palais. Et maintenant, place au Finale. C’est là que viennent se mêler toutes les saveurs qu’on avait perçu dans le repas : brillant des cuivres, suavité des bois, moelleux des cordes… On ne pense même plus à l’addition : la soirée était trop belle.

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