AccueilA la UneUn Mantra envoûtant aux Bouffes du Nord

Un Mantra envoûtant aux Bouffes du Nord

COMPTE-RENDU – Dans le cadre de la Belle saison, Jean-François Heisser et Jean-Frédéric Neuburger ont donné en concert le trop rare Mantra, de Karl-Heinz Stockhausen. Une plongée sonore assez envoûtante.

Lambris délabrés pour pièce élevée

Sous les lambris volontairement délabrés du théâtre des Bouffes du Nord (Paris), les 2 Jean-F du piano français, Jean-François Heisser et Jean-Frédéric Neuburger, ont donné Mantra, de Karl-Heinz Stockhausen. Composée en 1970, pour 2 pianos et retraitement électronique en direct, cette pièce, à la fois contemplative et entêtante, vous emmène dans un voyage intérieur assez fascinant.

À lire également : La playlist de Jean-Frédérique Neuburger

Mantra est générée par une formule qui n’est pas sans rappeler le dodécaphonisme sériel : treize notes se présentant dans cet ordre : la, si, sol dièse, mi, fa, ré, sol, mi bémol, ré bémol, do, si bémol et sol bémol, avant de revenir au la. Autrement dit, les 12 demi-tons de la gamme dans le désordre et chacun une seule fois, avant de revenir au la initial. Une formule très bien bâtie, ascendante et orientée vers la lumière dans sa première partie, descendante et plus mélancolique dans sa deuxième partie, avant de revenir au la du diapason.

Pièce vibrante et incantatoire

De ce fil musical, déjà expressif en l’état, Stockhausen va tirer un immense ouvrage sonore, aussi lent que majestueux, avec différents jeux d’ondulations : courbes vers le haut mais aussi vers le bas, de différentes ampleurs et intensité, par les 2 pianistes, crescendos très lents, de triple piano à triple forte, puis retour au triple piano, ou au contraire extrêmement rapides, ondulations générées par les oscillateurs électroniques, transformant des sons frappés tout simples en cloches telluriques ou scintillements cristallins, effets de vagues sonores du retraitement électronique en direct.

Si on ajoute à cela, pour chaque piano, douze crotales (petites cloches), une par demi-ton et un wood-block (petit bloc de bois), mais également une grande variété d’attaque du son et de dynamique, on obtient un immense déploiement musical, comme un grand poème symphonique, très unifié dans sa texture sonore et fait d’une myriade d’éléments au service d’une grand ligne incantatoire, scandée régulièrement par des coups de cloches (wood-block frappé, crotale frappée, notes des pianos retraitées).

À lire également : Freitag aus Licht, Stockhausen à la lumière de son passé
Le 3e homme
© Mathilde Rouxel

Encore faut-il, pour déployer au mieux ce majestueux Mantra, une synchronisation extrêmement fine de chacun de ses éléments. Ce fut le cas avec les 2 Jean-F, dont la complicité, humaine et pianistique, force l’admiration : un deux piano réglé au millimètre, pour une pièce extrêmement mûrie par ses interprètes, qui la donnent en concert depuis une bonne dizaine d’années.
Deux pianistes complices auxquels il convient de rajouter un 3e homme, Serge Lemouton, qui, depuis son ordinateur, commande en temps réel la projection sonore, composante indispensable de ce grand et fascinant envoûtement musical.

- Espace publicitaire -
Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

- Espace publicitaire -

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

- Espace publicitaire -

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]