AccueilA la UneStravinsky, Salonen, Sibelius : une confrontation instrumentale ?

Stravinsky, Salonen, Sibelius : une confrontation instrumentale ?

COMPTE-RENDU – Le 25 janvier 2023, se donnait à la Philharmonie de Paris un concert en trois parties : Symphonies d’instruments à vent de Stravinski, Sinfonia concertante pour orgue et orchestre d’Esa-Pekka Salonen et Symphonie n°2 de Sibelius. Sous la direction d’Esa-Pekka Salonen, l’Orchestre de Paris semblait poser une question : peut-on faire se confronter des instruments de musique ?

Affrontements sauvages et unissons

Symphonies d’instruments à vent, pour orchestre d’harmonie, fut composé en 1920 par Igor Stravinski, en hommage à son ami Claude Debussy. La précision sans faille des instrumentistes – seuls les vents sont présents sur scène – et l’acoustique de la grande salle Pierre Boulez nous ont permis d’apprécier la force de cette composition singulièrement moderne. Avouons-le, cette œuvre nous avait toujours résisté. En dehors de certaines notes obsédantes, la pièce se perd à dessein dans l’exploration des timbres et les quiproquos. En faisant jouer ensemble (sym-phonie), Stravinsky travaille sur les dissonances et l’absence d’homogénéité : une litanie comme affrontement primordial pour l’équilibre sonore et musical, dans une forme épurée.

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Olivier Latry à la console de l’Orgue Rieger de la Philharmonie de Paris ©Denis Allard
Se dissoudre dans l’orchestre, ou l’écraser de sa puissance ?

La Sinfonia concertante pour orgue et orchestre, selon Esa-Pekka Salonen lui-même, demande de trouver un équilibre entre l’orchestre et son soliste – Olivier Latry, qui siégeait ici sur la console mobile permettant de conduire le somptueux orgue Rieger de la Philharmonie. Dans « Pavanes et bourdons », ce furent d’incroyables enchevêtrements, une émulation farouche, surpassant le dialogue concertant. Au cours du deuxième mouvement, « Variations et chant funèbre », l’orgue imposa ses chromatismes les plus fous. Enfin, que cela reste entre nous : nous avons sursauté au début de « Montage fantôme », qui faisait écho au cinéma d’épouvante, et semblait citer le dies irae de la Symphonie Fantastique de Berlioz. Le public, déjà conquis, obtint un rappel avec la « Toccata » de la Suite Gothique de Léon Boëllmann, fulgurante et ténébreuse.

Un retour vers des horizons familiers

Difficile de rester insensible, ensuite, à la Symphonie n°2 de Jean Sibelius et à ses puissantes vagues lyriques. La pièce révélait une autre façon de croiser les instruments ; à la férocité de la lutte des pupitres, elle préférait l’alternance entre tutti et soli. Surgissaient ainsi, au détour de longues phrases solaires ou inquiétantes, un hautbois ou un basson – éclaircies qui disparaissaient ensuite. L’emphase des dernières minutes déboucha sur un tonnerre d’applaudissements : la bataille des timbres et des couleurs avait séduit l’assistance, et nous avec.

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