AccueilA la UneLe Wiener Concert-Verein au Grand Théâtre de Provence : entre tradition et modernité

Le Wiener Concert-Verein au Grand Théâtre de Provence : entre tradition et modernité

CONCERT – Un programme d’Europe de l’Est apparie la baguette du chef argentin Pablo Boggiano à l’archet du violoniste canadien Timothy Chooi : une leçon d’écoute et d’écriture, depuis les débuts galants de Mozart jusqu’à son accomplissement symphonique, entrecoupé d’un poétique pas de côté romantique vers Dvořák. 

L’orchestre de chambre du Wiener Concert-Verein, sur instrument moderne a été fondé en 1987. Tel un sous-ensemble, au sens mathématique, de l’Orchestre Symphonique de Vienne, il puise dans ce vivier des membres unifiés par un projet : renouer avec la grande tradition musicale viennoise et contribuer à lui donner un avenir. Être, en somme, un acteur musical bien vivant.

Chaque programme est donc subtilement pensé ; au choix des œuvres correspondant une recherche de sonorité, de phrasé et de mode de jeu, confié au chef d’orchestre de la soirée : Pablo Boggiano. Ce dernier a la jeunesse et la coiffure d’un Mozart rêvé, vêtu d’un noir costume queue de pie. 

Vienne populaire

Il enrobe une œuvre élégiaque mais rarement donnée, peut-être en raison de son format, la Romance pour violon et cordes en fa mineur op. 11 de Dvořák, de trois opus du maître autrichien : la Symphonie no 51, en ré majeur, La finta giardiniera, encore baroquisante,le brillant Concerto pour violon no. 5 en la majeur KV 219 et son final orientalisant dit « Turc », enfin la   Symphonie no. 29 en la majeur KV 201, avatar parfait de la grande sonate pour orchestre en quatre mouvements. Côté programme, donc, l’alliage austro-turco-tzigane fonctionne et permet de souligner une facette mi-savante mi-populaire du répertoire viennois.

Au service de la musique

Le jeune virtuose canadien Timothy Chooi, lauréat des Concours Joseph Joachim, Yehudi Menuhin et Reine Elisabeth, affiche la couleur avec subtilité, laissant apparaître les deux petits lumignons que sont ses chaussettes rouges.

Outre l’accomplissement sonore du jeu, il obtient de son instrument des suraigus purs et planants, des accents douloureux ou des éclats de rire, des langueurs et des étincelles, notamment dans son bis, Le tambourin chinois de Fritz Kreisler. Son engagement corporel est une véritable « leçon de choses » musicale. Le jeu de jambe n’est pas le même, l’arc vertébral se plie et se déplie, en fonction des pièces. Le soliste et son instrument ne font qu’un, afin de produire les univers temporels, sonores et expressifs des œuvres qu’ils servent et animent.

Le chef, Pablo Boggiano, s’empare de manière altière de sa baguette, formant un duo complice avec son soliste, peut-être davantage qu’avec son orchestre. Il est vrai qu’à l’inverse des ensembles baroque qui pratiquent un jeu de regard constant entre ses membres, les musiciens des ensembles modernes, ont davantage le nez plongé dans leur partition. A l’aide d’une gestuelle retenue, ou de jets puissants à bâbord ou tribord, enfin d’un ample demi-cercle conclusif du bras gauche, il obtient de ses musiciens des textures brillantes, homogènes, dans lesquelles le soliste vient se glisser avec bonheur. Les tempi sont bien calibrés, de manière à donner toute leur saveur aux retours des motifs principaux, une fois leur voyage effectué au sein du système tonal.

Mamelouks et mousquetaire

L’orchestre, à géométrie variable selon les pièces, est constituée en moyenne d’une vingtaine de musicien, s’étoffant de hautbois et de cors par deux, de trois violons, y compris le soliste, aussi humble que facétieux. Côtés cordes, la ligne est claire, transparente ou frisottante, aussi homogène dans les sons filés que les pizzicati ou les attaques un peu rauques – inspirations orientale oblige – des archets. Une petite musique de jour et de nuit en émane, selon les mouvements et leurs climats émotionnels codifiés.

La section vent, constituée de quatre mousquetaires, vient souligner avec plénitude et couleur, les articulations formelles de plus en plus solides des pièces. Ils apportent leur timbre et leur énergie à des œuvres écrites hâtivement (La finta giardiniera) comme à celles qui recueillent la quintessence du classicisme mozartien.

Un ultime bis, dans lequel le soliste vient interpréter la partie de triangle de la Pizzicato Polka de Johann Strauss, est l’occasion d’effectuer, comme cela devient la coutume, une savoureuse pantomime entre le musicien et son directeur. Le public est à la fête, revigoré par les effets conjoints de la tradition et de la nouveauté. 

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