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Milan : la danse contemporaine à l’honneur au mythique théâtre de la Scala

DANSE – Le Ballet du Teatro alla Scala de Milan met à l’honneur quatre chorégraphes contemporains (David Dawson, Nacho Duato, Philippe Kratz et Jiří Kylian) dans un dialogue entre tension et repos, amour et fraternité.

NDLR : En raison d’une grève imprévue, notre rédactrice est malheureusement n’est arrivée que pendant la première pause, après la chorégraphie Anima Animus de David Dawson.

Remaso

Création de 1997 pour l’American Dance Theater

Chorégraphie, décors et costumes : Nacho Duato
Musique : Enrique Granados
Piano : Takahiro Yoshikawa
Étoile : Roberto Bollé

Remaso signifie : endroit calme “à la campagne”, où s’asseoir se reposer. C’est aussi le titre est du poème de Federico Garcia Lorca dont est inspirée cette pièce dansée sur la musique d’Enrique Granados.

Sur le plateau, trois hommes dansent devant un panneau central aux couleurs changeantes. Peut-on y voir la rose du poème de Lorca, un idéal de beauté et de vie, symbole du sentiment d’amour et de vérité humaine ? Sans que l’on y décèle de caractère sexuel, les corps des hommes se penchent, grimpent, s’unissent et se cachent.

Avec des mouvements et des tensions propres au vocabulaire de Nacho Duato, solo, duos et trio alternent, avec une sorte d’esthétique ludique, amusante et folklorique. Ils s’amusent avec talent de la tradition classique, et évoluent parmi les couleurs vives des panneaux, les coupes de lumière adoucissant les visages, ou soulignant la vigueur musculaire. Les mouvements dirigés vers le sol et les positions fortes de la chorégraphie s’unit à la légèreté que peuvent avoir des danseurs ayant une base classique solide.

Le public visiblement amusé par la pièce, applaudit les danseurs avec un enthousiasme chaleureux, et réservent une standing ovation pour l’italien Roberto Bolle (premier danseur de l’histoire à devenir simultanément Étoile du Théâtre de la Scala De Milan, danseur principal du New York Théâtre Ballet et Artiste invité pour le Ballet du Royal Opera House.

Solitude Parfois

Nouvelle production du Teatro alla Scala

Chorégraphie : Philippe Kratz
Musique : Thom Yorke et Radiohead

Danseurs : Timofej Andrijashenko, Claudio Coviello, Nivcoletta Manni, solistes : Christian Fagetti, Navrin Turnbull, Alessandra Vassallo Du corps de ballet Stefania Ballone, CAmilla Cerulli, Andrea Costanzi, Domenico di Cristo, Linda Giubelli, ANDrea Risso, Gioacchino Starace Rinaldo Venuti.

On aurait aimé Thom Yorke dans la fosse d’orchestre de La Scala mais malheureusement, comme c’est souvent le cas, le ballet a été joué sur une bande enregistrée, ce qui rend l’émotion et le dynamisme de la pièce un peu moins complets.

Solitude Parfois est une production pour le Teatro la Scala, avec un corps de ballet visiblement excité et heureux de danser ce nouveau langage contemporain. La compagnie comme « l’inconscient d’une communauté », vit dans une sorte de transe, dans un flux souterrain, sous les pieds des danseurs et sur leurs micro-mouvements d’épaules quasi imperceptibles.

©Marco Brescia & Rudy Amisano

Lunaire, les pas de cette chorégraphie sont inspirés d’un hip hop ralenti, notamment dans l’usage des pieds et les positions des bras, que le souffle et l’intensité font entrer dans le langage contemporain.

La chorégraphie est un mouvement continu, un flux d’énergies jamais violentes, jamais sensuelles, mais attirantes, comme des grains de sable dans le désert. Les mouvements se croisent et fluctuent comme sous un vent nocturne, toujours uni et toujours ancrés. L’iconographie empruntée à l’Égypte ancienne, avec des bras et des mains géométriques et un port de tête sculptural se découpe dans la lumière éclatante du soleil.

En contrepoint, le groupe – comme soutenu par le vent – continue à se déplacer dans des micro mouvements de droite à gauche, dedans et dehors, avec des visages inexpressifs, mais avec un regard paisible, en extase.

La musique de Tom Yorke, en particulier « Pyramid Song », a inspiré le chorégraphe à lire le livre d’Amduat, sachant que le compositeur avait écrit cette pièce après avoir visité l’exposition sur la mythologie égyptienne à Copenhague. Comme dans l’histoire mythologique, le concept d’au-delà de la mort et de la renaissance reçoit une évocation éloquente. Parmi les chansons, on compte quelques inédits de la bande originale pour le film Suspiria dont Yorke signe l’intégralité.

Le corps de ballet, visiblement heureux de danser la chorégraphie de Philippe Kratz reçoit des longues minutes d’applaudissement.

Bella figura

Création en 1995 pour le Nederland Dans Theater

Chorégraphie : Jiří Kylian 

Musique : Lukas Foss, Giovanni Battista Pergolesi, Alessandro Marcello, Antonio Vivaldi, Giuseppe Torelli

« Bella figura » en italien ne signifie pas seulement « beau corps merveilleux », mais aussi une attitude philosophique, une façon de faire face à une situation difficile. Faire « bonne figure », en somme.

La création de 1995 exprime, grâce aux danseurs, la sensibilité, la musicalité, la grâce et la sensualité comme beauté absolue, en réaction avec la douleur et la laideur de la réalité dans laquelle nous sommes plongés.

©Michel Cavalca

En apesanteur, l’énergie entre l’homme et la femme est un courant sensuel et subtil à l’érotisme palpable. Tour à tour en solo et en duo, le danseurs bougent comme s’ils étaient en fusion, reliés entre eux par une énergie invisible qui les maintient unis comme des particules. Des images enchanteresses, dans des espaces de jeu créés et recréés par les rideaux du décor.

Dans le silence du public, les lumières de la salle sont allumées et les danseurs s’échauffent en survêtements. Une femme nue est suspendue, ainsi qu’un mannequin placé en biais dans une boîte transparente. Tout s’arrête et change lorsque la musique démarre, les rideaux créent un nouvel espace et les premiers corps commencent à bouger. Parmi eux, un danseur semble être englouti par le rideau lui-même, accompagné par le déchirant Stabat Mater de Pergolèse.

S’ensuit une alternance de duos et trios exprimant la tension entre ciel et terre, suivi d’un double solo, en lignes brisées sur l’adagio d’Alessandro Marcello. L’espace redevient large, un duo vibrant devient un trio, puis revient en duo. Lumière chaude d’un côté, lumière froide de l’autre. Sur Antonio Vivaldi, le pizzicato de la mandoline devient pizzicato dans les pieds des danseurs dans un mouvement quasi robotisé, jusqu’à ce qu’un pan de rideau noir disparaisse. D’autres danseurs entrent, pour ensuite repartir de l’espace de ceux qui l’avaient habité auparavant, et une femme avec une longue jupe rouge, légère comme un pétale de rose rappelle d’autres personnages, identiques à elle, avec la même jupe et le torse nu, hommes et femmes.

Sur les notes de Giuseppe Torelli, le rideau noir descend, et soutenu par les bras de toute la compagnie, un trio saute devant laissant le reste du groupe, se balançant énergiquement comme des poissons s’élançant dans l’eau.

Après des jeux de tension irrésolue entre plusieurs ensembles de danseurs, tantôt animale, tantôt érotique, le silence s’installe pour un dernier duo. Une sorte de réconciliation entre les deux sexes. Les deux danseurs s’appuient l’un sur l’autre et corrigent mutuellement les gestes incontrôlés de leur partenaire. La chorégraphie s’achève ainsi, pleine d’amour et d’affection.

Seul point sensible, malheureusement la musique de ce ballet a également été enregistrée.

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