AccueilA la UneClavecins en scène à l'École militaire !

Clavecins en scène à l’École militaire !

COMPTE-RENDU – Samedi 4 février, Olivier Baumont et Béatrice Martin ont donné, dans la magnifique chapelle de l’École militaire, un concert à deux clavecins, organisé par l’association Cadets en scène. Sous les colonnes corinthiennes, les bas-reliefs et les fresques religieuses de la chapelle Saint-Louis, une saisissante célébration de la musique baroque, symbole d’un compagnonnage de plusieurs années entre deux brillants artistes.

Un écrin et deux clavecins

L’entrée du 1, Place Foch, est une gageure : passer la grille puis les contrôles de sécurité puis traverser d’un bon pas une enfilade de cours enchâssées, une suite en chapelet de couloirs sombres et étroits, sur les murs desquels se détachent portraits et citations de célèbres généraux français, une rangée de colonnes, une nouvelle arrière-cour, avant de pénétrer, enfin, dans la chapelle Saint-Louis – gracieux écrin au cœur de l’École militaire.

La distinction des tableaux, le raffinement délicat des chapiteaux corinthiens et la délicatesse des courbes de l’esthétique Louis XV répondent avec grâce aux contrepoints baroques et enchanteurs de Gaspard le Roux (1660-1707), François Couperin (1668-1733), Jean-Chrétien Bach (1735-1782), et, pour finir, Jean-Sébastien Bach (1685-1750), que nous ont donné à entendre Béatrice Martin et Olivier Baumont.

À lire également : Le Couperin intime de Christophe Rousset

Alternant tour à tour pièces pour clavecin seul ou pour deux instruments, ils nous ont offert un parcours savoureux et intelligent dans un répertoire baroque qu’ils maîtrisent comme personne. La passion érudite, la clarté technique, la virtuosité chevronnée de l’un formaient, avec l’expressivité précise et impétueuse, l’élégance rigoureuse et indéfectible de l’autre, une alliance des plus édifiantes. Olivier Baumont d’un côté, Béatrice Martin de l’autre, qui tous deux ont étudié sous la férule avisée et consciencieuse de la claveciniste Huguette Dreyfus, se sont livrés samedi à ce qu’il est permis d’appeler une apothéose toute baroque.

Passant insensiblement d’un compositeur à l’autre, joignant leurs quatre mains dans le jeu des trilles et des basses continues, ils ont su conjuguer avec une intensité éclatante toutes les couleurs de la palette musicale. C’est ainsi qu’au détour de la Suite en si mineur de Gaspard Le Roux (chez qui certains critiques veulent voir en réalité le pseudonyme de Marin Marais, ou même du Régent Philippe d’Orléans), chaque mouvement, avec son caractère particulier, nous a plongés dans un kaléidoscope d’émotions et de couleurs : la lente gravité contrapunctique de la sarabande, la légèreté vive et entraînante du menuet, le déferlement martial des trilles et des cadences dans le passepied…

Gaspard Le ROUX – Suite n°7 in sol mineur – Béatrice Martin (clavecin)
Deux artistes et quatre mains

Quand Béatrice Martin entame le Second Prélude en ré mineur de L’Art de toucher le Clavecin (F. Couperin), après une pastorale légère et vivace, c’est l’inflexion d’un sourire, la courbe d’une voix que le son pincé et élégant du clavecin dessine. Les harmonies tendres et délicates de Couperin esquissent avec douceur la peinture d’un paysage intimement mélancolique, comme on peut en voir dans les toiles des Maîtres du Grand Siècle, de celles qui vous font dire que la musique baroque sait illustrer des élans de l’âme autrement plus élégiaques que le romantisme.

Au jeu expressif et raffiné de la claveciniste répondait celui, à la fois sensible et parfaitement précis d’Olivier Baumont – concentré d’intensité. Le choix d’œuvres de F. Couperin s’est conclu par la belle Musette de Taverny. Sous l’apparence uniforme du bourdon en la (celui des cordes graves de l’instrument), le bourdonnement léger et joyeux s’est soudainement mué en un grondement inquiétant, avant de retrouver la sérénité d’un paysage de moissons après l’orage. Et l’on croyait entendre d’autres timbres, d’autres instruments, se mêler au pincement créateur du clavecin. C’est une esthétique toute baroque, toute raffinée : un clair-obscur.

Pour finir, les deux concertistes ont interprété le Duet en sol majeur (opus XV) de Jean-Chrétien Bach, et le Concerto en do majeur de Jean-Sébastien Bach. Comme nous l’avons dit, une apothéose : tel est justement le titre que les deux artistes ont donné à l’album qu’ils ont fait paraître à quatre mains en 2018, fruit d’une collaboration de nombreuses années, et qui donne vie aux « Apothéoses » de François Couperin, tombeaux musicaux en hommage à Corelli et à Jean-Baptiste Lully.

François COUPERIN – Le Parnasse ou l’Apothéose de Corelli: I. Corelli au pied du Parnasse. Gravement · Olivier Baumont et Beatrice Martin (clavecins)
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