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Salon romantique à la Philharmonie de Paris : alliances improbables pour mariage réussi

CONCERT – Dans l’amphithéâtre de la Cité de la musique, la claviériste Olga Pashchenko et le baryton Georg Nigl ont présenté, ce mercredi 15 février, un programme original de Lieder de Ludwig van Beethoven, Franz Schubert mais aussi Wolfgang Rihm, unifié par la volonté de créer une atmosphère de salon romantique. Un pari risqué, assurément, mais relevé avec non moins de profondeur que d’audace.

Trois siècles, deux pianos, un salon

L’hétérogénéité de ce programme peut surprendre. Sans souci d’unité chronologique, le duo Paschenko-Nigl fait successivement entendre à son public des Lieder de Schubert, le cycle An die ferne Geliebte (« À la bienaimée lointaine ») de Beethoven, Vermischter Traum (« rêve mêlé »), une création contemporaine de Wolfgang Rihm sur des poèmes d’Andreas Gryphius (1616-1664), avant de refermer la boucle avec d’autres Lieder de Schubert. La présence sur scène de deux pianos corrobore cette légère impression de patchwork: un Brodmann 1814, sorti exprès du Musée de la musique, côtoie un Steinway étincelant. Ce défi de la diversité est toutefois relevé avec brio par les interprètes : Olga Pashchenko met autant d’expressivité à faire chanter l’instrument ancien qu’à faire sonner l’instrument moderne; quant à Georg Nigl, il émeut aussi bien dans le murmure que dans la véhémence.

Le Bordman 1814 de la Cité de la Musique ©Claude Germain
Un romantisme polymorphe mais universel

En une heure et demie de concert, le Lied a le temps de passer par bien des formes. Avec Beethoven, le poète déplore la perte d’une lointaine bien-aimée : une forme en arche, un langage structuré, un lyrisme sans apprêts conviennent bien à l’intemporalité du sujet traité. Schubert est plus fantasque : le thème de l’errance métaphysique (Der Wanderer an den Mond) côtoie chez lui celui de la pêche (Die Forelle, Fischerweise). Ne sachant pas toujours s’il convient de se prendre au sérieux, le “je” lyrique oscille perpétuellement entre tentation du désespoir et aspiration à la légèreté. Ses accents n’en sont que plus sincères… Ceux de Rihm ont assurément pris le parti du sérieux : pour ce cycle architectural de sept Lieder, dans un langage atonal très tourmenté, le compositeur a choisi des poèmes d’Andreas Gryphius, évoquant un monde ravagé par la Guerre de Trente ans.

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Cette expressivité à fleur de peau contraste assurément avec l’esthétique en demi-teinte qui la précède et la suit. Pour les deux musiciens qui ont créé ce programme, c’est le thème de la vanité qui assure la continuité entre ces œuvres. Ils ont d’ailleurs enregistré ensemble en 2020 un album autour des trois mêmes compositeurs, qui porte le titre “Vanitas”. Leur musique va au-delà de l’hétérogénéité des styles : elle plonge son auditeur dans un climat d’intimité qui le renvoie au plus profond de lui-même.

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