AccueilA la UnePrima la musica e la donna à Bozar (Bruxelles)

Prima la musica e la donna à Bozar (Bruxelles)

CONCERT – Au cours d’un concert réunissant Félix Mendelssohn, Ludwig Van Beethoven, Johannes Brahms et Graziane Finzi, Claire Gibault offre un programme taillé sur mesure afin de présenter la lauréate du concours de La Maestra 2022, la jeune polonaise Anna Sułkowska-Migoń, à la direction du Paris Mozart Orchestra.

This is a man’s world

Claire Gibault s’est fait une place de renom dans un milieu majoritairement masculin. Première femme à diriger l’Orchestre de la Scala et la Philharmonie de Berlin, elle crée en 2011 le Paris Mozart Orchestra.

En 2019, elle crée le concours de cheffes d’orchestre La Maestra. Claire Gibault l’assure, le projet est né d’un ras-le-bol lors d’un concours de direction d’orchestre à Mexico. Témoin d’un comportement misogyne envers une jeune candidate, elle accuse le coup et laisse germer l’idée d’un système parallèle plus inclusif et respectueux. Motivée par les nombreux témoignages de jeunes cheffes et musiciennes et par l’observation d’un terrain majoritairement masculin, Claire Gibault amorce le projet, soutenue par Laurent Bayle, directeur de la Philharmonie de Paris. Pas de limite d’âge pour les candidates, ne compte que la motivation et la volonté, souvent sapées par les inégalités.

Nous n’aimons pas les quotas, bien que nous aimions ce qu’ils suscitent

Claire Gibault

Prima la donna

Lauréate du concours en 2022, la jeune Anna Sułkowska- Migoń a rejoint les rangs de La Maestra Academy, suite à sa victoire au concours. Étudiante et cheffe de chœur à la Philharmonie de Cracovie et dans plusieurs orchestres polonais, c’est avec fierté que Claire Gibault parle d’elle : « Le fait qu’elle ait étudié la direction chorale est un plus, car elle sait faire chanter l’orchestre ! (…)Nous n’avons pas choisi la personne la plus expérimentée, mais la plus douée, avec une personnalité musicale unique. C’est ça qui nous intéresse : découvrir de grandes interprètes. ».

En première partie de concert, Claire Gibault est à la baguette, pour l’ouverture les Hébrides, de Mendelssohn, et le concerto pour violon et orchestre en ré majeur de Beethoven. Sa direction est virtuose, enrobée, précise et vive. Elle tient l’orchestre avec une lucidité musicale millimétrée et laisse place aux solistes avec une belle égalité. Le Concerto pour violon et orchestre en ré majeur de Beethoven permet de découvrir la prodigieuse soliste américano-japonaise Midori Goto. Ayant débuté sa carrière à 11 ans avec le New York Philharmonic, la violoniste fête cette saison ses 40 ans de carrière. La précision vient côtoyer la tension entre la soliste et son instrument, laissant percer les notes ultra-précises avec une vélocité sidérante.

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L’existence du possible

Place à présent à Anna Sułkowska-Migoń, pour la deuxième partie du concert. Originaire de Cracovie, elle a également remporté le Taki Alsop Fellowship Award 2022-2024 ainsi que des masterclasses avec Marin Alsop et le Polish National Radio Symphony Orchestra. Elle a dirigé les ateliers du Chœur des jeunes philharmoniques de Cracovie et dirige actuellement le Chœur Ars Cameralis.

Cette expérience se ressent dans la direction de la jeune cheffe qui présente ainsi deux opus bien complémentaires. L’existence du Possible, de Graciane Finzi, création belge et commande à l’occasion de la Maestra 2022, demande une adresse et une rigueur extrême de la part de la cheffe comme de l’ensemble. En huit minutes de temps, la composition nouvelle dessine la forme musicale, de rien à une extrême complexité. Anna Sułkowska-Migoń se retrouve donc directrice mais aussi sculptrice d’une musique qui prend forme sur scène. L’idée de la composition réside dans la musique d’un pré big-bang : avant le tout était le rien.

La jeune cheffe laisse voir la musique se construire avec souplesse en une forme architecturale du son, déployé à travers les instruments à cordes massifs. La musique s’en trouve étirée, droite et matérielle, les pointes aiguës enrobées et acides. Maitrisant un résultat Wabi Sabi très élégant, (entre tension et extension du son) Anne Sułkowska- Migoń s’approprie l’opus de Graciane Finzi avec panache et une collaboration visible avec l’orchestre. Le résultat est d’une très belle exactitude, mettant en valeur un opus qui requiert un sacré travail de communication avec l’ensemble. Rien n’est connu de cette musique nouvelle, mais tout semble acquis.

Entente cordiale

La Symphonie n°1 en do mineur de Johannes Brahms, plus enlevée et typiquement romantique, trouve en la jeune cheffe une direction tout aussi ample et mesurée. Travail de longueur et de cycle, l’œuvre se pare d’une brillance particulièrement fine, gracieuse, piquée et enlevée. Communicatrice et bienveillante, sa complicité avec l’orchestre est visible.

Mission politique, égalitaire et sociale, la Maestra s’impose figure de proue d’une société en pleine évolution. Petit à petit, les cheffes d’orchestre sont programmées dans les institutions musicales, offrant de nouveaux référents aux générations mélomanes. Ce combat pour la parité s’ancre solidement dans le paysage musical mondial, donnant confiance au talent féminin trop souvent secondaire.

Les inscriptions pour la prochaine édition du concours La Maestra seront ouvertes le 8 mars 2023, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

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