AccueilA la UneSoundbox à mains nues à la Cité de la musique

Soundbox à mains nues à la Cité de la musique

COMPTE-RENDU – De passage à Paris, les musiciens de l’orchestre symphonique de San Francisco et leur chef, Esa-Pekka Salonen, se sont installés à la Philharmonie. L’occasion pour eux de donner, en marge de deux concerts majeurs pendant le week-end, un concert « alternatif » plutôt intéressant : Soundbox, avec, entre autres, le phénomène pianistique Yuja Wang.

Une salle modulable

La salle des concerts de la Cité de la Musique, construite en 1995 par l’architecte Christian de Porzemparc, a la particularité d’être modulable : on peut y déplacer les sièges des spectateurs et créer des scènes mobiles. Cette capacité a été utilisée à plein pour le concert Soundbox, proposé par l’équipe du San Francisco Symphony ce jeudi 9 mars. Imaginez trois lieux scéniques se dressant au milieu du public : une estrade avec un grand Steinway de concert, une autre, perpendiculaire, avec quelques pupitres, et la grande scène du fond, dotée d’un instrumentarium assez impressionnant.

© Claire de Castellane

C’est là que se sont produits quelques musiciens de l’orchestre symphonique de San Francisco, le chef Esa-Pekka Salonen, le compositeur Nico Muhly, le chef Ross Hamie Collins et la pianiste Yuja Wang, pour un programme éclectique, détonnant et somme toute assez sympathique, jouant sur les citations, les hommages, la parodie et les transformations.

Quelques coups de poings sans gants

Pour cela, encore fallait-il accepter qu’un motet de William Byrd, compositeur baroque anglais, soit confié au piano ou encore au trombone, et qu’un Ground (basse obstinée avec variations) et deux Pavanes de Purcell soient transformés, par le compositeur Peter Maxwell Davies, en musique d’orphéon sicilien qui s’essayerait au jazz de la Nouvelle-Orléans. Mais comme tous les morceaux sont extrêmement bien interprétés, par des musiciens impliqués et heureux d’être là, alors on en vient à se dire qu’il faut peut-être prendre les choses avec un soupçon de pure british nonsense, bien que proposé par des Yankees pur jus, et se laisser surprendre par la proposition artistique.

© Joachim Bertrand

Car elle est fort bien bâtie, cette proposition. Des pièces baroques (Byrd, Purcell, Dowland, Couperin), réarrangées par des compositeurs actuels (Muhly, Davies, Adès), alternent avec des extraits de Useful Expressions de Nico Muhly, jolis moments post-minimalistes et néo-classiques pour piano et un autre instrument. Au piano, on retrouve la chinoise Yuja Wang, qui, hormis une tenue en cuir savamment déchirée, est somme toute assez sobre dans son jeu.

Musiques intemporelles
© Joachim Bertrand

À l’intérieur de cette alternance, on goûte à la beauté de trois pièces contemporaines : Blueprint, de Caroline Shaw, qui confie à un quatuor à cordes le soin de déformer, défigurer et reconfigurer des éléments beethovéniens. Fog de Salonen, qui part du Prélude de la 3e Partita pour violon seul de Jean-Sébastien Bach (Prélude interprété préalablement par un violoniste du SF Symph) pour le développer, dans un grand geste expressionniste, avant de mieux y revenir. Et enfin Prelude and Allegro, de Billy Childs, splendide pièce pour violon seul.

Quand à la conclusion, elle s’impose d’elle-même : Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit (le temps de Dieu est le meilleur de tous les temps) de Jean-Sébastien Bach, arrangée pour piano à quatre mains par György Kurtág. Initialement écrite pour sa femme et lui, elle trouve ici une jolie existence, sous les doigts de Yuja Wang, à la basse, et Nico Muhly, pour la partie haute.

Yuja Wang et Nico Muhly, piano © Joachim Bertrand
Musique contemporaine sans prise de tête

Grand ordonnateur de la soirée, Nico Muhly, dans un Français fluide et naturel, donne juste ce qu’il faut d’indications pour accompagner le geste musical. Enfin, des projection vidéos appareillées à chaque morceau de musique, d’Adam Larsen et Luke Kritzeck, viennent également soutenir, voir intensifier, l’intention musicale. Le tout, qui pouvait sembler, à tout le moins, anachronique et criard, se révèle, au final, être une démarche artistique assumée et faisant entendre uniquement des pièces composées après 1950. Une belle gageure, quand on y pense.

© Claire de Castellane
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