AccueilA la UneMondonville fait son retour chez le roi

Mondonville fait son retour chez le roi


BAROQUE – Il était huit heures passées quand les premières notes du Carnaval du Parnasse ont résonné entre les murs de l’Opéra Royal du château de Versailles. Un ballet héroïque de Mondonville, donné en version de concert, avec à l’affiche six solistes, ainsi que le Choeur de Chambre de Namur et l’orchestre des Ambassadeurs – La Grande Écurie, dirigés par Alexis Kossenko. Cette pièce pastorale, amputée de ce qui faisait sûrement à l’époque sa fraîcheur, a souffert à nos yeux d’une exécution qui a à plusieurs égards échoué à compenser les longueurs du livret.

Le Carnaval du Parnasse késako ?

Créé en 1749 à l’Académie royale de musique de Paris, et dédié à la Marquise de Pompadour, Le Carnaval du Parnasse obtient un succès inouï auprès de son public et permet même à Mondonville d’éclipser Rameau. Composé de quatre parties (un prologue et trois actes), ce ballet héroïque alterne entre les moments purement instrumentaux, et les airs chantés en solo ou en duo. Le livret, que l’on doit à Louis Fuzelier, est tout à fait galant : on y trouve des chants célébrant tout en même temps la nature et l’amour. Le sujet, bucolique à souhait, est quant à lui élémentaire : c’est une double histoire de badinage, d’hésitation, puis de révélation amoureuse, agrémentée de mythologie gréco-latine.

Une exécution qui nous laisse sur notre faim

Il y eut une embarrassante dissonance entre le sujet de la pièce et son exécution : le livret de présentation nous annonçait un ballet champêtre débordant de fantaisies et de gaietés baroques enivrantes, une avalanche de couleurs et de délices pastorales. Certes, le public savait en venant qu’il assistait à un opéra en version de concert : mais ce à quoi nous avons été confronté prenait l’aspect d’un office sobre et austère, exécuté sans passion réelle par des solistes qui allaient et venaient mécaniquement sur scène avec leur partition, accompagnés par un orchestre relativement effacé, et par un choeur qui se levait et s’asseyait d’un air strict. Le contraste pouvait également être perçu entre les tenues choisies, trop négligées, et la richesse de cette salle somptueuse. Rejouer cette pièce 250 ans après sa dernière réalisation est déjà un défi en soi ; la produire en version de concert relevait en l’occurrence d’un pari qui nous a semblé trop audacieux. Quitte à ne pas être donné dans la version de base, mais dans un format plus sec, et de facto, plus rapidement lassant, l’opéra aurait pu bénéficier d’une partition allégée et raccourcie pour l’occasion.



« C’est la saison des fleurs, des plaisirs et des cœurs »

Si nous avons regretté que l’orchestre peine à sublimer l’étirement des tableaux de genre convenus qui rythment cette intrigue, la performance globale a brillé par la qualité de son exécution instrumentale et vocale. Nous nous devons, d’une part, de mentionner les belles parties réservées aux bois, que la très bonne acoustique de la salle permettait d’apprécier, et d’autre part, de saluer la maîtrise déployée par le chœur mixte, qui d’un bout à l’autre de cette longue pièce, a su conserver une excellente netteté. Par ailleurs, la mise en abyme opérée au cours du Prologue, qui met en scène un débat opposant les vertus des arts lyriques italien et français, fut illustrée par un duo particulièrement malicieux et habile. De manière générale, la dynamique des dialogues fut souvent plus intéressante que celle des soli, qui tendaient un peu trop à la répétition – même si le public n’a pas trop hésité à rire lorsque certains traits d’esprit faisaient mouche.

Ajoutons que les airs de Florine / Thalie, chantés avec brio par la soprano Gwendoline Blondeel, furent d’incroyables instants de rafraîchissement, aboutissant le plus souvent à des notes suraiguës, tenues le temps d’emplir la salle de vibrations fascinantes, pendant que l’orchestre se taisait. Mondonville sait plaire à son public, et sa musique a encore de beaux jours devant elle. 

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