AccueilA la UneM-ondes, forces contraires, liaisons ondulatoires

M-ondes, forces contraires, liaisons ondulatoires

DANSE – Entre danse, mouvement et théâtre, M-ondes est une oeuvre totale, signée par la chorégraphe Marielle Moralès, présentée au studio Danse des Brigittines en collaboration avec le créateur sonore Maxime Bodson et les lumières de Nelly Framinet.

Trois îlots interconnectés oscillent, se transmutent et s’influencent mutuellement. Dans un écho de récits fondateurs, le son sculpte les matières tandis que les ondes façonnent les humeurs, les états et le langage corporel.

Hierba Mala, Nunca Muere

M-ondes, c’est la danse du son, sa forme impalpable et définitive à travers les corps des danseuses Estelle Delcambre, Sarah Klenes et Léa Vinette. Issues de la compagnie Mala Hierba, les trois Moires se détachent de leur troupe et poussent entre les pavés comme une mauvaise herbe, dessinant un langage sans lettre majuscule, plus démocratique et plus collectif. Déesse de la nature, de la végétation et de la fertilité, les Moires donnent naissance au mouvement hybride du corps, à la percussion d’une vie naissant sur scène.

M-Ondes met en évidence la futile obsession de l’humain à vouloir se sentir isolé, en oubliant la nécessaire perméabilité et le contaminant de la créativité collective.

Estelle Delcambre, Sarah Klenes, Léa Vinette ©Alice Khol

L’apprentissage d’une mauvaise herbe

Fondée en 2004 par Marielle Morales, la Compagnie Mala Hierba est une figure importante de la scène chorégraphique belge. Avant cela, la danseuse a débuté comme interprète pour plusieurs compagnies de danse comme celles de Pierre Droulers (chez qui elle a passé sept ans), Thierry de Mey, Stefan Dreher, Fré Werbrouk et Michèle Noiret, plus proche du cinéma. Actuellement directrice du Festival Danse en Film à Bordeaux, l’affinité de l’image et du mouvement reste présente chez la directrice, qui enseigne également pour le Master Chorégraphie de Bruxelles et pour divers centres de formation, Conservatoires, CDCN, CCN en France.

Marielle Morales se distingue par son approche singulière de la création artistique. Affectionnant les associations transversales de la danse avec les domaines du théâtre, de l’art plastique, de la lumière et du son, ses productions donnent naissance à des œuvres inédites. Collaboratrice d’artistes plasticiens, scénographes et maîtres-son et lumière, elle réussit à mettre en forme des pièces atmosphériques captivantes et qui subliment les corps.

Parmi les créations les plus éminentes de la chorégraphe figurent ZAAR, B.U.RUn gouffre sous l’épauleLe PLi (Le futur n’était pas comme ça) et Rushing Stillness, (distinguée par le Prix de la Critique du meilleur spectacle de danse en 2016). Ces œuvres ont été présentées avec succès dans de nombreux festivals de Belgique, de France, d’Angleterre, de Grèce et d’Espagne depuis 2008. Leur originalité et leur capacité à fasciner les spectateurs ont été largement saluées par la critique et le public.

Bande-annonce de Rushing Stillness (2017)
"Une chorégraphie en trompe-l’œil permanent qui nous perd et se matérialise sous des formes singulières et surprenantes, entre réalité, distorsion, humour et étrangeté.Une étude des temporalités et de leur mécanisme de transformation à travers le corps, l‘espace et le geste." Marielle Morales

« Entre l’extase et l’ennui se déroule toute notre expérience du temps. »

CIORAN
Estelle Delcambre, Léa Vinette, Sarah Klenes ©Alice Kohl

Deux femmes sans tête, corps à trois temps.

Débutant dans le noir total, le spectacle annonce qu’il faut se concentrer sur l’écoute et la sensation de l’air qui se contracte. Des monticules de plastique d’emballages forme des ilots qui progressivement sont mis en mouvement, créant un son de frottement, d’avance et de retrait qui rappelle un bord de mer la nuit. Le yeux fermés, à l’écoute, tentant de discerner la scène qui s’agite de tout part, le spectateur est aiguisé dans ses sens, en préambule de la danse.

Le conte se forme progressivement, jusqu’à l’apparition des corps sortant de ces vagues plastiques. Trois corps, l’un après l’autre émergent de ces « morphes ». Ils sont saccadés, s’interrogent sur leur propre naissance. Un son grésillant d’électronique se resserre jusqu’à former des battements qui alignent les trois corps et les coordonnent. La naissance de ces jeunes femmes figure les débuts de la danse, le corps marquant les coups et les temps de la musique. Petit à petit, les corps se mêlent avec une répétition électronique et fatigante, formant une créature sans tête, mythologique, qui respire à trois poumons.

La danse s’érige progressivement avec un mimétisme chez les danseuses qui rappellent la musique de transe d’une tribu sans nom, tribu électronique et féministe où le mouvement de bassin est une respiration saccadée, forte et puissante. Le public est renvoyé à sa passivité progressivement insupportable, la musique battant son plein, l’envie de rejoindre les corps en scène est irrépressible.

Estelle Delcambre, Léa Vinette, Sarah Klenes ©Alice Kohl

Le corps devient ondulatoire, et la musique suggère un essoufflement dans lequel les danseuses se retrouvent, rassemblées. La lumière forme la différence, comme trois lampes RVB qui projettent trois ombres par danseuse, ombres de couleur jaune, rose et bleues. Chaque figure devient le prisme d’une répétition, le trio devient groupe et joint la musique. Son équilibre parfait questionne : la musique porte- elle les danseuses ? Les danseuses provoquent-elles la musique ?

La question de la danse du son tente de nier la danse classique en musique. Ici la musique repose sur des bpm (battements par minute), des coups portés électroniques qui marquent les corps et dominent le reflex de contraction face au métronome. Communiquant au regard et au souffle, les danseuses réussissent à dessiner chacune une particularité de mouvement personnel tout en restant extrêmement coordonnés. L’ensemble est là, précis dans ses identités multiples. Les unes se tenant aux autres, les corps mécaniques sont tenus et poussés, automatisés par les battements des sons mécaniques, quasi industriels. La danse est pensée comme une chaîne de mouvement, une suite de séquences primitives.

Jusqu’au bout de la chorégraphie, un lien fort est tissé entre les danseuses, tirées jusqu’à l’épuisement, gémissant de fatigue.

Interview de La chorégraphie Marielle Morales.

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