AccueilA la UneDes battements d'Ailes du désir ont été perçus du côté du Châtelet

Des battements d’Ailes du désir ont été perçus du côté du Châtelet

DANSE – En co-production avec le Théâtre de la ville hors les murs, durant les travaux de ce dernier, le Châtelet a donné le ballet Les Ailes du désir, proposé par le chorégraphe Bruno Bouché et le Ballet de l’Opéra national du Rhin. Un beau moment esthétique, entre poids de la fatalité et recherche d’élévation.

Ich bin ein Berliner
Bruno Ganz (Damiel), from Les Ailes du désir – Wim Wenders

1987. Dans le ciel au-dessus de Berlin, survolant un mur qui sépare encore le monde en deux, des anges veillent, en imperméables gris. Les mains dans les poches, ils sont là depuis toujours, à l’écoute des tracas quotidiens et des angoisses existentielles de l’humanité. Seuls les enfants et des anges déchus, ayant renoncé à leur éternité pour endosser la condition humaine, peuvent sentir leur présence éthérée. Fasciné par les aspirations et la grâce d’une jeune trapéziste, l’ange Damiel décide de se couper les ailes afin de goûter à l’existence humaine et s’éveiller au plaisir des sens. Voici la trame dramaturgique qui sous-tend le film Les Ailes du désir (‘Der Himmel über Berlin’), du réalisateur allemand Wim Wenders.

Les Ailes du désir (©) Agathe Poupeney

En résonance scénique à ce film et à sa réflexion philosophique, le ballet éponyme du chorégraphe Bruno Bouché, dont c’est la première grande forme chorégraphique, vient questionner les rapports entre la pesanteur et l’apesanteur, la recherche d’élévation et les désirs charnels. Pour cela, il déploie dix tableaux élégants qui voient se succéder fluidité des anges et ancrage au sol des humains, quête de l’autre, trouvaille, perte, sérénité, frénésie… Si les humains ne sont que gestes saccadés et robotiques, les anges ne sont que fluidité et danse des voiles.

W comme Wim Wenders
Les Ailes du désir (©) Agathe Poupeney

Si les décors sont sobres, ils ne sont pas froids. On les sent même protecteurs des danseurs sur scène. A noter : le grand W en néon, certainement en hommage au réalisateur du film, et le plan de Berlin, projeté en toile de fond, façon tableau abstrait, avec le tracé du mur, lui aussi au néon, comme une cicatrice barrant un visage. De sa collaboration avec Pina Bausch, lorsqu’il était membre du Ballet de l’Opéra de Paris, Bruno Bouché a gardé une recherche esthétique qui fait merveille dans Les Ailes du désir : si un certain classicisme règne dans la chorégraphie, du pas de deux aux tableaux d’ensemble, on assiste à une grande variété de postures et d’attitudes, empruntant parfois au rock ou aux danses folkloriques, avec des mouvements de bras aussi importants que les déplacements. Les danseurs, selon leur physique, développent une identité chorégraphique propre, inscrivant de ce fait des individualités bien posées au sein d’un récit collectif.

Musique industrielle versus Choral de Bach
Les ailes du désir (©) Agathe Poupeney

Chacun des dix tableaux est une oeuvre en soit, soignée et se tenant par elle-même. « La cohorte des anges », « Potszdamer Platz », « Désirer vivre ». Si chaque tableau porte un titre, ils sont quasiment tous assortis d’une citation de Rainer Maria Rilke, immense auteur allemand pétri de musique. Si la bande-son reprend des musiques de Bach, Sibelius, Messiaen, John Adams et Steve Reich, elle vient aussi, fort pertinemment, faire entendre Silence is Sexy, du groupe allemand de musique industrielle Einstürzende Neubauten, formé en 1980 à Berlin-Ouest, ou encore le bouleversant Hope there’s someone, du groupe folk psychédélique new-yorkais Anthony and the Johnsons. Seul instrument de musique présent sur scène : un piano droit, sur lequel Bruno Anguera Garcia interprète 2 pièces de Bach (le choral Nun komm, der Heiden Heiland, transcrit par Busoni, et la Sicilienne de la 2ème sonate), avec une régularité rythmique plutôt flottante, chose curieuse quand il s’agit d’accompagner des danseurs.

A ce seul bémol près, la beauté esthétique et le message passé dans ce ballet sont tout à fait bons à recevoir. Certains moments, surtout ceux évoquant l’élévation, sont sublimes et provoquent le frisson pur, celui qu’on recherche inlassablement en allant au spectacle. L’apothéose étant sans doute un tableau d’ensemble des anges, tout en fluidité, qui continuent, une fois la musique terminée, leur pas de danse en frottant leurs chaussons sur le sol, tranquillement, sans stress. On croit alors entendre les battements, à l’unisson, des ailes d’une cohorte d’anges…

Des anges ont été aperçus au-dessus de Paris et se sont posés, le temps de quelques représentations, en son cœur…

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