AccueilA la UneUn vendredi très Saint avec Bach à La Chapelle Royale

Un vendredi très Saint avec Bach à La Chapelle Royale

COMPTE-RENDU – La Chapelle royale de Versailles invite le Chœur et l’Orchestre Pygmalion de Raphaël Pichon à faire vivre la Cantate Christ lag in Todesbanden de J.S. Bach en ce Vendredi Saint, faisant ainsi découvrir cette monumentale œuvre de jeunesse particulièrement inspirée par sa rencontre avec Buxtehude.

Lübeck : première fugue organisée

En 1705, Jean-Sébastien Bach n’a encore que vingt ans et n’en fait déjà qu’à sa tête. Il obtient un congé exceptionnel de quatre semaines pour se former auprès du plus célèbre compositeur et organiste de ce début de siècle, Dietrich Buxtehude. Sans doute fasciné par toutes les idées musicales qu’il y découvre, le jeune Bach reste quatre mois à Lübeck, à plus que 400 kilomètres d’Arnstatdt où il est en poste. Son propre oncle Johann Christoph Bach, cantor d’Eisenach, lui fut sans doute également une première inspiration qui l’encouragea à approfondir sa formation en Allemagne du Nord. Une fois revenu, son style est enrichi d’un art du contrepoint et d’un sens du monumental qui ne manque pas de surprendre son auditoire et particulièrement ses employeurs. La Cantate Christ lag in Todesbanden BWV 4, composée pour le dimanche de Pâques, est un exemple évident de ce perfectionnement de style, déjà étonnamment abouti. En proposant des cantates de l’oncle Bach et de Buxtehude en préparation de la BWV 4, Raphaël Pichon invite à découvrir ce passionnant chemin d’apprentissage d’un jeune prodige dans la sublime Chapelle royale de Versailles.

Raphaël Pichon ©François Séchet

Sous la direction droite, précise, indéniablement rigoureuse de Raphaël Pichon, les artistes de l’ensemble Pygmalion se montrent excellent, offrant autant de passages aux phrasés caressants que les parties majestueuses, voire saisissantes. L’extrait du De profundis clamavi de Nikolaus Bruhns – compositeur proche de Buxtehude disparu avant la visite de Bach mais dont il connaissait et admirait l’œuvre – est défendu dans un souffle touchant et vivant par l’orchestre, aux couleurs particulièrement belles, et la mezzo-soprano Lucile Richardot, aux graves soyeux et aux aigus ronds.

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Buxtehude : un maître qui a fait école

On se laisse captiver par la musique particulièrement bien construite de Buxtehude, propre sans lourdeur, lumineuse sans éclat superflu et indéniablement audacieuse. Le cantus firmus du choral Herzlich lieb hab dich, o Herr est tendrement chanté par les sopranes, claires et affirmées, alors que l’orchestre accompagne avec élégance. On y découvre également un fascinant figuralisme qui porte le texte. On ne peut alors qu’être encore plus admiratif du jeune Bach qui va encore plus loin dans ces arts du contrepoint et du figuralisme dans sa cantate. Les interventions en petits effectifs de solistes sont toutes très équilibrées, offrant l’occasion d’entendre certaines belles voix du chœur. Le jeune ténor Antonin Rondepierre offre ainsi, avec autorité et diction, « Jesus Christus, Gottes Sohn » de sa voix chaude et bien émise. Il partage un tendre duo « So feiern das hohe Fest » avec la soprano Maïlys de Villoutreys, au timbre lumineux. Le baryton-basse Manuel Walser fait entendre un joli grain dans ses graves avec une certaine sensibilité et une souplesse de phrasés lors du « Hier ist das rechte Osterlamm ».

Chaleureusement applaudis, Raphaël Pichon et ses musiciens offrent avec ferveur en bis l’enthousiaste « Christ lag in Todesbanden », premier numéro de la BWV 4, rappelant que, pour les compositeurs baroques allemands protestants, le sacrifice du Christ annonce sa résurrection prochaine et est donc déjà source de reconnaissance et de réjouissance.

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